Revendiqué, depuis quelque temps, avec grande insistance par le DG de Sonelgaz, le nouveau barème des tarifs de l'électricité et
du gaz, qui revoit à la hausse les tarifs de consommation, arrive pour ainsi
dire, comme une consolation, légère mais salutaire pour une réduction du
déficit de la trésorerie, en 2016, des sociétés de transport et de distribution
de l'électricité et du gaz. Un déficit évalué, au mois d'avril 2015, pour
rappel, à 8.000 milliards de centimes, en dehors des créances habituelles qui
s'élèvent, elles, à 4.500 milliards de centimes. La Commission de
régulation de l'électricité et du gaz (CREG) qui a publié, mardi, la nouvelle
tarification applicable, à partir du 1er janvier comme l'exigent les
dispositions de la loi de finances 2016, conforte dans ses «souhaits» le DG de Sonelgaz qui lançait en guise d'alerte, il y a une dizaine
de mois, que «soit l'Etat donne une subvention à la société, soit il augmente
les tarifs», non sans appeler, franchement, à la «libéralisation» pure et
simple des prix. L'Etat, ne pouvant accorder de subvention, surtout en ces
temps de maigres recettes pétrolières, s'est tourné vers la solution qu'il
s'est toujours refusé, à mettre en application malgré la pression des
Occidentaux qui revendiquaient, de leurs côtés, une ouverture du marché
énergétique national aux compagnies internationales, laquelle ouverture ne
pouvait se faire sans l'abandon de la politique de soutien aux prix. Certes, on
n'en est pas encore à cette étape absolue, mais le fait de décider cette augmentation,
dans un pays où l'on s'entêtait à refuser, d'une manière catégorique, toute
hausse sur ce registre, cela ne peut être qu'une grande satisfaction, aussi
bien, pour la Sonelgaz que pour les compagnies
étrangères qui restent à l'affût d'un marché très prometteur. Enfin, dans le
détail, et malgré la «douceur» des explications du CREG, ces augmentations qui
interviennent «tardivement» sont jugées assez importantes, pour ne pas dire
brutales. Pour les clients alimentés en électricité basse tension et en basse
pression de gaz, destinés aux faibles consommateurs dont les ménages, une
tarification «progressive» a été introduite sur les quatre tranches de
consommation, indique le CREG. Précisant que pour l'électricité basse tension,
aucune augmentation de prix ne sera appliquée pour les consommations comprises
entre 0 et 125 KWh/trimestre (tranche 1) et entre 125 et 250 KWh/trimestre
(tranche 2). Par contre, souligne le document du CREG, «des augmentations de
l'ordre de 15,15% et 31,13%, par rapport au prix actuel de la tranche 2, seront
appliqués respectivement à la tranche 3 (entre 250 et 1.000 KWh/trimestre) et
la tranche 4 (supérieur à 1.000 KWh/trimestre)». Et le même principe
d'augmentation progressive est appliqué à la consommation de gaz à basse
pression, les tarifs des deux premières tranches ne subissant aucun changement
et ceux des deux autres sont augmentées, par rapport au prix actuel de la
tranche 2, de 24,04% pour la tranche 3 (entre 2.500 et 7.500Th/trimestre) et de
41,74 % pour la tranche 4 (supérieur à 7.500 Th/trimestre). En conséquence,
«24% des consommateurs d'électricité basse tension et 43% des consommateurs de
gaz basse pression ne sont pas concernés par ces augmentations de tarifs»,
selon les calculs de la
CREG. Soit, près de 54% des petits consommateurs
d'électricité et 43% des petits consommateurs de gaz qui ne sont pas concernés
par les augmentations de la tranche 3, tandis que 22% des petits consommateurs
d'électricité et 14% des petits consommateurs de gaz sont touchés par les
relèvements de tarifs de la tranche 4. La CREG explique, par ailleurs, que «la première
tranche dite «sociale» a été préservée pour les deux énergies, elle a été
élargie à la 2ème tranche dont les tarifs actuels restent inchangés». Elle
explique, encore, que «ce réajustement vise d'une part, la préservation des
consommateurs à faible consommation (tranche 1 et 2) et d'autre part,
l'incitation des gros consommateurs (tranche4) à maîtriser leur consommation et
à éviter le gaspillage de l'énergie». Concernant «les consommateurs
d'électricité haute tension type B et de gaz haute pression (clients
industriels notamment)», ils devraient subir «des augmentations de 20% et de
35% respectivement». Pour les consommateurs d'électricité haute tension type A
et de gaz moyenne pression (PME, PMI, équipements publics et services), des
augmentations, respectivement, de 20% et 15% seront appliquées. La CREG note, par ailleurs, que
ce réajustement tarifaire «ne va pas permettre le rétablissement de l'équilibre
financier des sociétés de transport et de distribution de l'électricité et du
gaz, en 2016, il permettra, néanmoins, de réduire leur déficit sur cet
exercice». Comme on peut le constater, et au-delà du nouveau prix à payer
directement, les augmentations qui touchent les clients industriels vont,
inéluctablement, se répercuter sur le consommateur, qui payera plus cher tous
les produits fabriqués à base d'énergie électrique ou de gaz.