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2016 sera une «annus horribilis» pour les
consommateurs. Le pessimisme est de mise et l'angoisse a fini par gagner les
esprits les plus optimistes. La hausse des prix des carburants douloureusement
vécue par les automobilistes n'a été que le début d'une descente aux enfers
pour des pans entiers de la société. Les consommateurs ne sont malheureusement
pas au bout de leurs peines: les hausses ne font en réalité que commencer.
Après le séisme des hausses des prix des carburants, les secousses secondaires
suivent et partout où on tourne la tête les prix flambent. Le ton a été donné
par les prix des matériaux de construction et essentiellement le ciment et le
rond à béton soumis au dispositif de licences d'importation qui ont vu leurs
prix progresser d'une manière soutenue sur le marché. Le sac de ciment qui est
cédé à 500 dinars à l'usine est proposé désormais à 700 dinars sur le marché
soit une différence de prix de 200 dinars, alors que le prix du quintal du rond
à béton est passé de 5.000 à 6.000 dinars voire plus. Le président de la
fédération algérienne des consommateurs, Zaki Hariz, estime que cette nouvelle envolée des prix des
matériaux de construction est l'œuvre de la spéculation tout en pointant du
doigt les intermédiaires ou les grossistes qui font des gains faramineux sur le
dos des consommateurs.
«Le prix actuel du ciment n'est pas équitable. Les intermédiaires sont en grande partie à l'origine de cette flambée des prix. Ils vendent actuellement aux distributeurs le bon de 20 tonnes de ciment à 23 millions de centimes soit une majoration de 75 dinars pour chaque sac (575 dinars)», précise notre source. La marge bénéficiaire des distributeurs et des détaillants s'élève à 125 dinars et tous ces écarts de prix entre celui prix d'usine et celui du détaillant sont supportés par le consommateur final. Le plus préoccupant cependant est que ce tsunami des hausses des prix concerne désormais les produits de première nécessité et en particulier les légumes secs, les tomates en conserve et autres produits alimentaires. Les nouvelles hausses sont effectives depuis le début de cette semaine dans les marchés de gros. La folie des prix des légumes secs promet des jours bien difficiles pour les pauvres smicards qui avaient réussi à tenir jusqu'à présent grâce à des régimes à base de pates et de légumes secs. La spécificité de cette augmentation du coût de la vie est qu'elle affecte plus durement les ménages les plus démunis de la société. N'en déplaise à certains membres du gouvernement, le renchérissement frappe durement les pans les plus fragiles de la société à commencer par la hausse des tarifs de transport en commun jusqu'à cette flambée des produits de première nécessité. Les importateurs de la filière agroalimentaire que nous avons contactés justifient cette énième hausse par la flambée du taux de change du dollar qui est passé de 78 dinars il y a quelques mois à 107 dinars. «Les légumes secs, le riz et le concentré de tomate sont essentiellement importés des pays asiatiques et notamment de la Chine. C'est le dollar qui est utilisé dans cette partie du monde pour les transactions commerciales. Or le taux de change de la monnaie américaine qui était de 78 dinars durant la saison estivale est désormais à 107 dinars soit une majoration de 29 dinars pour un seul dollar ou une différence de près 30%. Première conséquence de cette situation c'est que le prix du riz blanc a augmenté sur le marché ainsi que celui de la tomate en conserve vu que le concentré de tomate est importé de la Chine», explique cet importateur spécialisé dans le riz. Le kilo de riz de bonne qualité est cédé aujourd'hui à 180 dinars au détail. Le prix moyen de cette céréale est en fait de 90 dinars, mais les quelques marques qui préservent encore ce prix proposent un riz de qualité médiocre ou de 3ème choix. Ces marques trichent en réalité en proposant du riz brisé à 100% considéré de mauvaise qualité sur les marchés internationaux comme du riz long grain et dont les grains doivent mesurer au minimum 7 mm. Un autre importateur soutient par ailleurs qu'en plus de la dépréciation du dinar, les prix des produits alimentaires subissent les effets de l'inflation annuelle qui avait atteint, selon ses propos, les 5% en 2015. «Les grossistes sont souvent contraints de revoir périodiquement les prix à la hausse à cause de l'inflation», précise cet opérateur du commerce extérieur tout en soutenant qu'il s'agit seulement de «hausses de rattrapage». Le président de la fédération algérienne des consommateurs dresse, à ce propos, un réquisitoire enflammé contre le gouvernement et les opérateurs économiques tout en regrettant que «tout le monde profite de la conjoncture actuelle pour revoir à la hausse les prix à la consommation au détriment du consommateur final». Il accuse le gouvernement d'être à l'origine du renchérissement par son manque de prévoyance ce qui a favorisé l'anarchie sur le marché. «Manager c'est prévoir mais chez nous le gouvernement n'a rien fait pour anticiper les hausses des prix. L'exemple typique est le secteur du transport. Au lieu de prévoir des compensations fiscales pour amortir la hausse des prix des carburants, le gouvernement n'a rien vu venir et c'est le consommateur qui se retrouve une fois de plus devant le fait accompli», déplore notre source tout en affirmant que les hausses des tarifications sur le transport en commun sont effectives depuis le début de semaine sur de nombreuses lignes de transport urbain et suburbain. |
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