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Entretenue,
sournoisement, depuis de longues années, les profondes dissensions entre
Téhéran et Ryad éclatent, au grand jour, et
provoquent avec fracas la rupture de leurs relations diplomatiques.L'Algérie
appelle à la retenue.
L'exécution de Nimr Baqer Al -Nimr, le leader de la contestation chiite en Arabie Saoudite et qui évoluait, précisément, dans la région de Qatif, à l'est du royaume, a provoqué la colère de la République islamique d'Iran. Et pas seulement. Les musulmans chiites, à travers le monde entier, ont sévèrement blâmé Ryad, pour son acte de mise à mort d'un dignitaire religieux qui défendait leur cause, à partir des territoires mêmes du royaume wahhabite. Il a, d'ailleurs, appelé à la sécession de Qatif et d'Al-Hassan, des régions à forte obédience chiite dans un pays qui en compte 2 millions d'adeptes sur ses 18 millions d'habitants sunnites. Nimr n'a jamais caché son adversité à la famille royale. Tout en l'attaquant dans ses prêches et ses interventions «politiques», il ne s'est pas empêché de se réjouir, publiquement, de la mort du roi Naef Ibn Abdelaziz, intervenue en 2012. Le cheikh a été arrêté, en juillet de la même année, et a comparu plus d'une dizaine de fois devant la Cour saoudienne spécialisée dans « les affaires du terrorisme ». En 2013, il est condamné pour «sédition, port d'armes et désobéissance au souverain.» Et le 15 octobre 2015, il est condamné à mort et exécuté au début du mois en cours. Dans un communiqué rendu public, hier, le ministère algérien des Affaires étrangères a souligné que «l'Algérie suit avec une vive préoccupation l'escalade de la tension entre le Royaume d'Arabie Saoudite et la République Islamique d'Iran, et regrette, profondément, la dégradation des relations difficiles, entre les deux pays frères, en une crise ouverte. » «LA RUPTURE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES EST UNE ERREUR STRATEGIQUE» Après l'attaque de son ambassade à Téhéran et de son consulat général à Mashad et ce, dès l'annonce de l'exécution de cheikh Nimr, Ryadh a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran et a donné 48h à ses représentants diplomatiques pour quitter le royaume. Cette décision a laissé dire à des analystes que « la rupture des relations diplomatiques avec Téhéran est une erreur stratégique de Ryad.» Il faut croire que les deux pays n'ont jamais été en odeur de sainteté, entre eux. Ils divergent, pratiquement, sur l'ensemble des conflits qui minent la région du Golfe et du Moyen-Orient. Le règlement du dossier nucléaire iranien, durant l'été 2015, met depuis, Ryad très mal à l'aise. La bousculade durant le «Hadj» 2015 qui a provoqué des centaines de morts dont une grande partie est iranienne, a poussé Téhéran à crier « au complot» et a réclamé, encore une fois, le retrait de la gestion des Lieux Saints des mains de la famille royale. L'Algérie, lit-on encore « appelle instamment les directions politiques des deux pays, à la retenue, afin d'éviter une détérioration accrue de la situation qui aurait des conséquences dommageables graves au double plan bilatéral et régional, dans un contexte géopolitique et sécuritaire particulièrement sensible. » Les conséquences « dommageables » qu'évoque Alger, sont déjà perceptibles à travers le monde musulman où les communautés de confession chiite se sont embrasées, depuis samedi dernier et accusent ouvertement l'Arabie Saoudite « d'ennemie de l'Islam.» Téhéran a reçu, dimanche dernier, une requête d'un ton dur des autorités saoudiennes. Le pays de l'Ayatollah Ali Khamenei avait dès l'exécution de Nimr, accusé « Ryad de provoquer les tensions et les conflits dans la région. » Bahreïn a, de suite, suivi le royaume wahhabite et a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran l'accusant « d'ingérence et de provocation de la ?fitna' entre les Bahreïni. » L'onde de chocs est arrivée, même, en Afrique où le Soudan a, aussi, fait de même. Les Emirats Arabes Unis ont eux, décidé d'alléger les représentations diplomatiques, d'un côté comme de l'autre. ALGER APPELLE AU RESPECT DE «LA SACRALITE DE LA VIE HUMAINE» L'Algérie appelle l'Iran et l'Arabie Saoudite, «en leur qualité de membre de l'Organisation de la Coopération islamique, à mettre leur engagement en faveur des valeurs pérennes et des enseignements fédérateurs de notre Sainte religion musulmane, en particulier la sacralité de la vie humaine et l'inadmissibilité de toute confrontation fratricide, au-dessus des dissensions et des contingences, quelle qu'en soit la nature. » Il est ainsi clair qu'Alger reproche, vivement, à l'Arabie Saoudite, l'exécution du cheikh Nimr Baqer Al Nimr qui est contraire à « la sacralité de la vie humaine », un des principes fédérateurs « de notre sainte religion ». Le reproche de l'Algérie va, aussi, à l'Iran quand elle prescrit, dans le communiqué du MAE «l'exigence du respect scrupuleux des principes devant régir les relations entre les Etats, notamment, celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, ainsi que la protection de l'inviolabilité des représentations diplomatiques et consulaires, en tous lieux et en toutes circonstances.» Elle conclut son communiqué en formulant « le vœu sincère que la crise actuelle soit rapidement contenue et que, par le dialogue et la négociation, les deux pays frères puissent parvenir à l'élimination de tous les facteurs de tension, dans leurs relations bilatérales, dans l'intérêt de leurs peuples ainsi que de la paix et de la sécurité internationales. » Pour l'heure, la Russie est le premier pays à proposer sa médiation, entre les deux pays, en guerre larvée. LA CARTE MAITRESSE DE L'OCCIDENT Le fait « de guerre » n'est pas nouveau entre les deux pays. L'Iran et l'Arabie Saoudite se sont toujours tourné le dos depuis que l'histoire du monde musulman oppose chiites et sunnites, forts convaincus les uns et les autres que chacun détient la vérité vraie (religieuse) plus que l'autre. Les tueries entre les deux courants ont alimenté les événements de la Communauté musulmane, depuis la nuit des temps? de l'avènement de l'Islam. Ce qui a permis à l'Occident de détenir une carte maîtresse entre les mains et de l'abattre à chaque fois qu'il veut éloigner, le plus possible, les adeptes des deux courants et distiller, entre eux, des haines viscérales qui, non seulement divisent à ce jour, le monde musulman, mais les poussent à s'entretuer jusqu'à ignorer les préceptes, les plus élémentaires de l'Islam. La déflagration entre autres, de l'Irak, des rangs palestiniens, des forces libanaises au pouvoir, et l'esprit même de la redéfinition du monde arabe en particulier, et musulman en général, répondent, sans conteste, aux manœuvres géostratégiques et géopolitiques que les Etats-Unis et Israël mettent en exécution pour décourager toute velléité d'unification des musulmans « de Tanger à Kaboul » comme voulue par les initiateurs du GMO (Grand Moyen-Orient). «RYAD PAIERA UN PRIX TRES LOURD» Les appels, depuis quelques années, de la plus haute autorité religieuse iranienne à unifier sunnites et chiites dont la séparation date de plus de 14 siècles, perturbent les calculs des conspirateurs occidentaux. « La politique extérieure du royaume wahhabite répond incontestablement, à des fins israélo-américaines de semer la ?fitna' entre les musulmans, c'est, sans discussion aucune, qu'on peut en conclure que cette politique est orientée pour préserver des intérêts israéliens, », nous disait, hier, un grand observateur des évolutions du monde. Notre interlocuteur affirme que « les Etats-Unis et Israël veulent imploser les Etats nationaux, à travers les solidarités segmentaires. Ils travaillent sur les charges symptomatiques des peuples, c'est une forme de guerre.» Depuis la mort du roi Abdallah et la venue du roi Selmane, l'on remarque, nous dit-il, que « la diplomatie ?soft' du royaume wahhabite a été remplacée par une diplomatie ?hard' et la grande question est de savoir si ceci répond à une stratégie mûrement réfléchie ou à l'exécution d'ordres donnés de l'extérieur. » Ce qui est sûr, c'est qu' «on n'exécute pas un opposant politique, on ne tue pas les gens pour leurs opinions, » disent les observateurs. La République islamique d'Iran dénonce cet acte et exprime une forte colère vis-à-vis des autorités saoudiennes. Les décideurs iraniens n'en restent pas là. Ils menacent : « Ryad paiera un prix très lourd. » Connue pour être proche de l'Arabie Saoudite, depuis l'arrivée de Bouteflika aux commandes de l'Etat, l'Algérie ne peut se permettre par contre, de tourner le dos à l'Iran qui lui a proposé une alliance pour changer les équilibres, au sein de l'OPEP et travailler, ensemble, pour augmenter les cours du baril de pétrole. Cours qui connaissent une forte dégringolade, depuis plusieurs mois, parce que, soutiennent les politiques, les analystes et les observateurs, « l'Arabie Saoudite a comploté pour provoquer leur chute. » |
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