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Nous importons de l'essence: bof, une panne peut toujours
arriver dans nos raffineries. Ce n'est pas très méchant, le carburant n'est pas
payé en devise, c'est du troc ! On leur fourgue du pétrole brut que nous
puisons sous terre et qui nous tombe du ciel (en attendant que le ciel nous
tombe sur la tête), en contrepartie d'un «plein». Il n'y a pas à se plaindre.
On importe des bureaux d'étude pour la dirassa d'un projet. On paye les yeux de la tête pour quelques reliures qui nous permettront de mener à bien le chantier. Le responsable qui en a fait la commande a été appelé à d'autres fonctions. Le projet restera projet, il ne verra jamais le jour, la nuit on dort tranquille ! Le jour où on le sortira des tiroirs, il faudra le refaire, car le bureau d'étude et de suivi a été dissous... On importe du blé et des minoteries clés en main, des fours rotatifs, de la levure... Faut bien manger et nourrir les autres peuples ! On importe des fringues, des flingues, on importe du lait, du beau, des steaks saignants et bientôt des enseignants. On importe des voitures, on roule à tombeau ouvert. On n'est même pas capable de fabriquer l'opium du peuple, alors on importe des drogues en livres, on importe de la faïence, de la faillite, on n'importe quoi... Ça nous rappelle le temps où feu Houari Boumediène a été visiter une usine d'insecticide. «C'est un emballage fabriqué fel bled !», dit-il, sûr de lui. Oh que non ! Il est fourni par un pays frère. Et la sérigraphie, il y a bien une imprimerie capable de s'en occuper sur place ? Oh que non, rerépond le cadre. Et le bouchon vaporisateur ? Lui aussi, sidi le raïs, khoutna de là-bas nous le fournissent ! Hors de lui, le président: «Amala, qu'est-ce qui est fabriqué fi bladna ? Les mouches et les moustiques, ya akhi el-prisidène», répond le responsable zélé. Depuis, on n'a plus eu de ses nouvelles ni de celles du directeur de la télévision qui a laissé passer en direct les moments forts de cette inauguration. Par la suite, on s'est mis à importer des cadres, après avoir poussé la majorité à l'exil et d'autres en prison. On importe des programmes de relance économique; mais comme ils sont en train de patiner, on pense à importer un gouvernement. Même là, les candidats ne se bousculent pas au portillon. Alors, l'idée d'importer un peuple, pour leur Algérie, fait sérieusement son chemin. Mais leur Algérie n'existe que sur leurs passeports, et le peuple, ils ne le connaissent même pas. Alors ils viennent d'interdire toutes importations de produit étranger afin d'encourager la production nationale de «oualou» bien emballé dans un packaging dernier cri... «Partez!» |
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