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Il ne fait aucun doute, pas même parmi ceux qui n'éprouvent
aucune sympathie pour le régime iranien, que l'exécution du chef religieux
chiite saoudien Nimr Baker El Nimr
a été une séquence d'un plan ourdi par les autorités de Ryadh
visant à faire commettre à Téhéran la « faute » d'entrer en conflit direct avec
le royaume. Un conflit dont elles espèrent qu'il obligerait leurs puissants
alliés occidentaux dont la solidarité à leur égard s'est faite vacillante
depuis qu'ils ont renoué avec le régime iranien, à interrompre le processus de
rapprochement avec ce dernier dans lequel ils se sont engagés.
De fait, l'exécution de Nimr Baker El Nimr qui soulève l'indignation en Iran chiite a ravivé à l'extrême les tensions entre Ryadh et Téhéran et nul ne peut certifier qu'elles ne conduiront pas à l'éclatement du conflit direct secrètement espéré par les autorités saoudiennes. A posteriori, l'on sait maintenant pour quel dessein l'Arabie saoudite a forgé la « coalition islamique sunnite » qu'elle a présentée comme vouée à combattre le terroriste. Elle l'a montée dans la perspective du conflit ouvert avec l'Iran dont elle a planifié les provocations pouvant conduire à son éclatement. A posteriori également, l'on peut interpréter la récente visite du ministre saoudien des Affaires étrangères comme ayant procédé de la tentative de Ryadh d'embrigader l'Algérie dans le soutien au royaume dans le cas escompté par lui que l'Iran se laisserait entraîner sur la pente du conflit direct. Bien que la provocation qu'a été l'exécution du chef religieux chiite saoudien suscite la colère en Iran, les autorités à Téhéran ne sont pas dupes de ce à quoi elle a visé. C'est pourquoi ils se garderont de lui répondre de la façon voulue et espérée à Ryadh. Mais il est clair qu'elles en feront payer le prix fort à la monarchie wahhabite par d'autres moyens et détour qu'un conflit direct entre les deux Etats. Nous écrivions hier que les alliés occidentaux de l'Arabie saoudite ont été mis dans la « gêne » par l'exécution du leader religieux chiite Baker El Nimr et ont parfaitement décrypté le but pour lequel elle a été ordonnée par le souverain wahhabite. Ils n'ont pas été plus loin dans leur réaction à cet acte odieux et à ce quoi il a été destiné qu'à le déplorer et à prôner le « calme et la modération » aux deux capitales. Ils ne peuvent pourtant ignorer qu'à Ryadh l'on a perdu tout sens de la modération depuis que l'Iran est redevenu fréquentable pour eux et que la seule politique à laquelle la monarchie saoudienne s'accroche est celle qui ramènerait son rival régional au statut d'Etat pestiféré. L'objectif saoudien étant clair, c'est la position américaine et globalement occidentale qui ne l'est pas et l'on sait pourquoi : pour aussi exécrable que les Occidentaux la perçoivent, la monarchie wahhabite a pour eux l'attrait de disposer d'un inépuisable coffre-fort dans lequel il leur est permis de puiser sans compter avec pour contrepartie de fermer cyniquement les yeux sur ses turpitudes et les incendies aux conséquences chaotiques qu'elle a allumés et entretient dans toute la région et au-delà. |
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