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Alger-Ryadh: les improbables convergences

par Kharroubi Habib

A en croire notre ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et son homologue saoudien Adel Ben Ahmed El Jabir qui vient d'effectuer une brève visite à Alger, les relations algéro-saoudiennes seraient sans « nuage » et qu'il existerait entre les deux pays un partenariat et une coopération dont l'année 2016 verrait le renforcement.

Leurs propos lénifiants ont laissé sceptiques les journalistes qui les ont recueillis parce que renseignés qu'entre Ryadh et Alger l'entente est loin d'être cordiale du fait que les opposent des points de vue divergents et antagonistes sur de nombreux dossiers. Pour être feutrée, l'expression de leurs divergences est significative que les deux capitales arabes sont loin d'être au même diapason tant sur la question de la baisse des cours pétroliers que sur la situation prévalant en Palestine, de même que pour celles en Syrie, en Irak et au Yémen. Autant dire que c'est surtout que divergent et s'opposent les deux pays. Sur ces points l'affirmation par le ministre saoudien qu'il existerait une « convergence » de vue entre Alger et Ryadh paraît hautement improbable, tant sur aucun Alger et Ryadh n'ont manifesté de positions que l'on puisse qualifier de convergentes.

Sur le dossier des prix du pétrole, l'Algérie plaide pour que l'OPEP dont les deux Etats sont membres intervienne pour enrayer leur baisse qui pénalise dangereusement ses équilibres financiers, tandis que l'Arabie saoudite forte de ses extravagantes réserves financières et poursuivant la concrétisation d'un agenda aux objectifs géostratégiques qui lui sont propres ne veut pas en entendre parler. A ce motif qui à lui seul est susceptible de provoquer de la tension dans les relations bilatérales des deux Etats, s'ajoute qu'ils ne s'entendent pas sur les solutions à défendre concernant les autres points cités plus haut. Ryadh n'a pu que mal prendre que l'Algérie n'épouse pas comme la plupart des autres pays du monde arabe ses points de vue ayant trait au nucléaire iranien, aux conflits syrien, irakien et yéménite et a de ce fait décliné de s'associer aux alliances et autres coalitions régionales dont l'Arabie saoudite a pris l'initiative et la tête.

Le ressentiment qu'éprouvent les Saoudiens à l'encontre de la position algérienne en toutes ces affaires se manifeste par le soutien multiforme ostensible que Ryadh prodigue au royaume marocain faisant une fixation aux conséquences imprévisibles pour la stabilité régionale.

En bon diplomate, Lamamra qui a reçu son homologue saoudien s'est contenté d'émettre le vœu « pieux » que la visite à Alger de ce dernier va donner un « nouvel » élan aux relations algéro-saoudiennes. Il n'en apparaîtra pas moins que le courant entre Alger et Ryadh ne passe pas, leurs Etats respectifs suivant des politiques qui ne peuvent qu'impacter leurs relations bilatérales. Ce que les deux ministres qui se sont entretenus ont dû à l'évidence constater. Reste à savoir ce à quoi a visé la brève visite qu'a effectuée à Alger le ministre saoudien des Affaires étrangères qu'on a officiellement présentée comme s'inscrivant dans le cadre de la « 3ème session du comité de consultation politique algéro-saoudien ».

Ne s'inscrirait-elle pas dans celui d'une tentative de soudoyer l'Algérie et à l'amener à réviser ses positions, opération que les Saoudiens ont peut-être imaginé possible en jouant sur les aides qu'ils pourraient lui accorder et auxquelles elle serait sensible du fait de ses problèmes financiers ? Elle a bien fonctionné avec l'Egypte d'Al Sissi qui ne refuse désormais rien à la pétromonarchie.