Le groupe des
«19-4» revient à la charge en adressant une nouvelle lettre au président de la République. Ce
mardi, ses membres ont derechef interpellé, épistolairement, et «dans l'urgence»
Abdelaziz Bouteflika pour stopper la loi de finances
2016. Le groupe, devant l'incapacité de rencontrer physiquement le locataire
d'El Mouradia, l'a saisi pour «user de vos
prérogatives constitutionnelles par la mise en œuvre de l'article 127 de la loi
fondamentale qui vous permet de demander une seconde lecture de la loi de
finances (LF) pour 2016 par l'Assemblée populaire nationale» afin «d'arrêter
l'accélération dangereuse du processus de précarisation des couches les plus
vulnérables de notre société» et de «prémunir le pays, ses richesses et ses
capacités des dangers que constituent les prédateurs et les intérêts étrangers,
et empêcher l'affaiblissement du front politique et social national au moment
où le niveau des menaces extérieures est si élevé». Cet article de la Constitution stipule
que «le président de la
République peut demander une seconde lecture de la loi votée,
dans les trente (30) jours qui suivent son adoption. Dans ce cas, la majorité
des deux tiers (2/3) des députés à l'Assemblée populaire nationale est requise
pour l'adoption de la loi». D'où l'urgence soulevée par les signataires,
sachant que la LF
a été votée le 30 novembre dernier par la Chambre basse dans une ambiance électrique, qui
reprochent à cette loi «des dispositions contraires à loi fondamentale». Le
groupe, mis sous tension par les relais politiques du pouvoir, Saadani et Ouyahia en tête de
pont, souligne la dangerosité de certains articles susceptibles, selon sa
lecture, d'entraîner le pays vers le retour à l'endettement extérieur à travers
l'article 55. «La loi de finances pour 2016 entraîne le pays vers le plus
dangereux des retours vers l'endettement extérieur puisque son article 55
permet aux entreprises de droit algérien, donc y compris étrangères établies en
Algérie, de recourir à des prêts à l'étranger sous garantie du Trésor public»,
écrivent-ils encore. Les signataires dénoncent également «une menace pour la
stabilité nationale» et «la destruction brutale du pouvoir d'achat de la
majorité des citoyens», ainsi que «les exonérations et autres cadeaux fiscaux
au profit d'un secteur privé pas toujours productif et créateur de richesse».
Une oligarchie coupable, selon les rédacteurs de la lettre, d'avoir été les
vrais instigateurs de cette LF avec la complicité de certains ministres de la République. Ils
affirment aussi qu'elle «constitue un danger pour la souveraineté nationale
puisque les dispositions souverainistes (?), notamment celles garantissant le
droit de préemption de l'État dans le partenariat public/privé, ont été
purement et simplement abrogées». Rappelons que les représentants des «19-4»
ont animé, dimanche dernier au siège du Parti des travailleurs, une conférence
de presse pour faire une évaluation de leur initiative. Louisa
Hanoune, secrétaire générale du PT, a indiqué que «si
Bouteflika signera cette loi, je suis sûre qu'il n'a
pas lu notre demande d'audience et la lettre des députés» y compris certains
élus du FLN qui ont pris l'initiative de saisir, de leurs côtés, le chef de
l'Etat. Les intervenants avaient maintenu leur unique revendication de
rencontrer le président pour lui expliquer la démarche du gouvernement qui vise
à faire passer la LF
2016. Quant à l'ex-ministre de la
Culture, Khalida Toumi, elle a affirmé que le combat du groupe «continue»,
malgré toutes les attaques orchestrées contre ses membres.