Quand verra-t-on débuter les travaux d'aménagement du centre-ville de
Tébessa ? Une sempiternelle interrogation qui revient sans cesse dans la bouche
de tout un chacun des habitants. Un endroit, autrefois, un véritable
sanctuaire, un point de chute de beaucoup de citadins, un passage obligé, ne
serait-ce que pour y venir s'attabler dans ses terrasses de café, dans un
environnement propre où s'y rendre pour faire ses achats dans la quiétude. Tout
cela est de nos jours un lointain passé. Aujourd'hui, le lieu est indigne d'un
chef-lieu de wilaya, rétorque-t-on. Un projet à moyen terme pour doter Tébessa
de moyens pour en faire la devanture de nos frontières Est. L'antique Theveste au passé glorieux, en témoigne la richesse
archéologique de premier plan, selon les avis de spécialistes en monuments
archéologiques. Ce qui attire le visiteur, côté carte postale, des vestiges
encore débout, la réalité, c'est la répugnance dès qu'on observe l'état de
dégradation dans lequel sont réduits, cet arc de triomphe dit porte de
Caracalla (221-217), édifice aux quatre façades érigé en l'honneur de la
famille de Septime sévère, la
Muraille byzantine (535-538), symbole du passage de Tébessa
sous le règne des Byzantins, ou encore la basilique Sainte Crespine,
située à l'extérieur de l'ancienne cité. Des bijoux jetés dans l'oubli, plus
que cela, ces monuments d'une valeur architecturale font l'objet d'agressions
systématiques dans un silence complice. Peut-on encore parler du projet d'un
ensemble intégré à caractère touristique, alors qu'il fallait commencer par
assurer un minimum de préservation de ce parc archéologique pour en constituer
le noyau d'une future ville touristique, destination qui fera autour de ces
sites, une prétention légitime, entrant dans un plan de promotion du secteur du
tourisme, sauf que la donne est faussée dès le départ, se faisant dans la
précipitation, sans aucune étude viable, en tâtonnant çà et là, en rejetant le
projet aux calendes grecques, raison de plus, les restrictions budgétaires annoncées
risquent, elles aussi, de ne pas lancer le travail escompté dans les normes
voulues. Pendant ce temps-là, le cœur de la ville s'étouffe sous le poids de la
bêtise humaine bien ancrée dans les actes des uns et des autres et comme
l'explique si bien une sagesse populaire : «attends poule qu'on te ramène du
blé de Béja». Résultat : l'attente pourra encore durer et la ville peut
s'enfoncer davantage dans sa lente décrépitude.