Jamais l'image de l'islam n'a été aussi écornée, travestie
et caricaturée que par ses propres ouailles. Religion de piété, de miséricorde
et de paix, l'islam est devenu, au fil de l'agonie de la civilisation musulmane
et l'émergence d'Etat-nation, un vecteur de violence
et une propagande pour la haine dont les chantres sont protégés et financés par
les monarchies pétrolières du Golfe sous l'œil bienveillant de la finance
mondiale. L'islam souffre d'une médiatisation dirigée, orchestrée par les
puissances occidentales avec pour l'unique objectif de donner une image
exécrable des musulmans dans le monde et partant de la religion elle-même. Daech n'étant que le must de ce complot judéo-chrétien pour
discréditer une religion universelle qui attirait de plus en plus d'adeptes
occidentaux.
Guerre des civilisations, guerre des religions, quelle que
soit son appellation, l'ennemi a avancé son cheval de Troie jusqu'au cœur de la
citadelle musulmane et l'attaque à l'image a fait plus de mal à l'islam que les
Croisades. Des prêcheurs cathodiques à la mine patibulaire vociférant des
fatwas d'un autre âge à la télévision, relayées par les réseaux sociaux à n'en
plus finir. Des spécialistes de l'islamisme invités sur des plateaux de télé
français à chaque attentat pour affermir le lien entre terrorisme et islam. Des
invités à la limite de l'ignorance qui déblatèrent, sans retenue, sur une
religion qui leur est inconnue. Pourtant des voix intelligentes, des
théologiens de renom s'élèvent çà et là pour remettre les choses à leur place,
pour se faire entendre dans ce vacarme assourdissant d'inepties vomies au nom
de l'islam. Parmi ces derniers, l'imam Fethullah Gülen, une figure importante de l'islam turc qui a
influencé des millions de personnes dans le monde grâce à son mouvement Hizmet qu'il a lancé dans les années 60. Plus proche d'un
Ahmed Deedat que d'un Tariq
Ramadane, Gülen a toujours
prôné le dialogue entre les religions, privilégiant l'écoute et l'action au
prosélytisme sauvage. L'imam turc, farouche adversaire d'un Erdogan
bicéphale, vient de publier une tribune intitulée « Musulmans, procédons à un
examen critique de notre compréhension de la foi » dans plusieurs journaux
majeurs. Gülen rappelle que les musulmans doivent non
seulement combattre la «barbarie» qui s'est abattue sur notre «humanité
commune» mais également «restaurer l'image ternie de notre foi ». Il condamne
les djihadistes de Daech
qui ont « drapé de religion leurs idéologies perverties ». Il appelle également
à « procéder à un examen critique de notre compréhension et de notre pratique
de l'islam, à la lumière des conditions et des exigences de notre époque et des
interprétations de notre temps », sans pour autant que cela soit une « rupture
avec la tradition islamique ». Un musulman ne saurait être une source de
problèmes mais devrait faire partie de la solution, conclut Fethullah
Gülen.