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Le dossier des
chaînes de télévision privées continue toujours de secouer le paysage
audiovisuel algérien entre déclarations de la tutelle et mises en garde de son
bras armé, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV). La dernière sortie
du ministre de la
Communication, Hamid Grine, à
Biskra, renseigne à elle seule la complexité d'un sujet qui ne doit pas en être
puisque la loi est claire et souveraine à propos de ces chaînes qui activent
sans agrément. La déclaration du ministre sonne comme un affligeant aveu
d'impuissance puisqu'au lieu d'agir, il appelle ces chaînes à ne plus émettre
et lui éviter «le fait accompli». «Elles doivent s'abstenir d'émettre»,
dira-t-il alors qu'il serait plus simple de les fermer jusqu'à ce qu'elles se
conforment à la loi. C'est cette attitude, ce deux poids deux mesures que les
Algériens ne comprennent plus puisque la chaîne de droit étranger «El Watan El Djazairya» appelée
communément «El Watan TV» avait été fermée sur
décision du wali d'Alger et à la demande du ministère de la Communication. A
l'époque, le département de Grine avait indiqué, dans un communiqué, que «la
chaîne exerce d'une manière illégale et diffuse, de surcroît, des contenus
subversifs portant atteinte aux symboles de l'Etat». Pour la tutelle, cette
chaîne, au titre de la loi relative à l'activité audiovisuelle, est «en
infraction» avec les dispositions de son article 20 qui prévoit la soumission
de l'exercice de l'activité à une autorisation préalable délivrée par décret.
Si au vu de la loi, le ministère est dans son droit, des interrogations
persistent sur l'interprétation de ces textes et on se demande comment un pays
régi par de telles lois peut tolérer 38 chaînes de télévision qui ne sont pas
en règle, de l'aveu même du ministre Grine.
Ce dernier avait déclaré en septembre dernier que seules cinq chaînes de télévision privées sur les 43 que compte le paysage médiatique algérien sont en règle vis-à-vis de la législation algérienne puisqu'elles sont agréées officiellement, le reste étant «informel». Il avait alors annoncé, sans les préciser, que des textes réglementaires sont en cours de préparation. Il a expliqué que ces textes, encore en gestation, devront servir à instaurer des «garde-fous» à ces cinq chaînes de télévision. Un simple coup d'œil aux grilles de programmation reflète l'incompétence de certaines chaînes incapables de hisser leur niveau d'exigence et se complaisent à du bricolage audiovisuel au grand dam des téléspectateurs algériens. Des productions naïves, des émissions de jeux débiles, une information racoleuse quand elle ne verse pas dans la pure diffamation, ces chaînes ne doivent leur existence qu'au besoin de l'Etat de noyer les canaux de communication sous une montagne de médiocrité. Le fait de les tolérer alors qu'elles ne sont pas en conformité, jusqu'à maintenant, avec les exigences du paysage médiatique algérien témoigne encore de cette volonté officielle de noyer et de noyauter l'information au risque de compromettre tout un nouveau secteur. Par ailleurs, au sujet de la loi sur la publicité, Grine a assuré que ce texte «ne comportera rien d'extraordinaire et sera analogue à ceux en vigueur dans les autres pays du monde». Et, concernant l'octroi de la publicité par l'ANEP aux journaux, il ajoutera qu'il «ne s'agit pas d'un point de droit». L'appel de Grine à se conformer avec la loi survient quelques heures après que l'ARAV, présidée par Miloud Chorfi, ne mette, encore, en garde des chaînes privées, sans les citer, contre des «dépassements dangereux et des atteintes à la dignité humaine, à la sécurité nationale et à l'ordre public». Elle les appelle à la «retenue» et au «respect des normes de la profession, de l'éthique et de la déontologie» sous peine d'appliquer la loi dans toute sa rigueur quand il s'agit d'atteinte à la sécurité, la stabilité et l'intérêt public. En juin dernier, le département de Hamid Grine avait convoqué les responsables de certaines chaînes de télévision privées les sommant d'expurger «sans délai» les grilles de leurs programmes qui font la part belle à la violence et «aux scènes contraires aux traditions et valeurs». La sentence en cas de manquement à l'ultimatum du gouvernement est le «retrait de l'autorisation». Dans le collimateur de la tutelle, cinq chaînes de télévision privées de droit étranger, détentrices d'autorisations provisoires, coupables, aux yeux du département de la communication, de diffuser des programmes contraires aux mœurs algériennes. |
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