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Hocine Aït Ahmed inhumé vendredi prochaindans son village natal

par Yazid Alilat

Un hommage appuyé et fécond a été fait par le président Bouteflika à Hocine Aït Ahmed, décédé mercredi à l'âge de 89 ans à Lausanne (Suisse).

Dans un message de condoléances à la famille et les proches de cette icône de la guerre de libération, le président retrouve sa verve et n'hésite pas à considérer Aït Ahmed comme une «sommité dont les valeurs humaines (...) ont éclairé un pan de l'histoire du militantisme algérien». Il est très rare que le chef de l'Etat aille à de si lointaines et profondes considérations, mais, s'agissant de Hocine Aït Ahmed, l'homme qui a pratiquement incarné la décision historique de prendre les armes pour libérer l'Algérie de la colonisation française, Bouteflika a tenu à rendre au défunt et l'ex-militant de la cause nationale, puis de la démocratie et la liberté d'expression en Algérie, un hommage à la mesure de l'homme qui a marqué la lutte pour le pluralisme politique en Algérie.

«Il peine à l'Algérie de perdre une sommité de la trempe de Hocine Aït Ahmed dont les valeurs humaines, la finesse et l'intelligence politique ont éclairé un pan de l'histoire du militantisme algérien», écrit-il dans son message. Il précisera que ces valeurs qu'incarnait Aït Ahmed avaient également «marqué de leur empreinte l'histoire de tous les mouvements de libération de par le monde». Un des chefs de file de l'Internationale socialiste, Hocine Aït Ahmed a été de tous les combats pour la fin du colonialisme, puis de la démocratie et les droits de l'homme dans le monde, et en particulier en Algérie. A cet égard, Bouteflika a rendu un bel hommage à celui qui a créé le FFS, qui avait revendiqué plus de démocratie en Algérie. Le président ira jusqu'à dire: «Je ne saurais me consoler de la disparition de cet homme fidèle à sa patrie, soucieux de l'unité de sa Nation, courageux dans ses positions, attaché à ses principes, affable, constructif dans ses critiques, digne dans son opposition à l'égard de certains responsables dont il contestait le mode de gouvernance et la méthode de gestion.»

Là, le président lui rend hommage pour son combat pour la démocratie, pour la liberté d'expression, pour le multipartisme, tout en proposant des solutions pour épargner à l'Algérie une profonde crise politique. Il lui reconnaît ainsi cette qualité rare d'un gentleman de la politique, soucieux de l'avenir de son pays, mécontent de la manière dont il est gouverné, mais sans jamais entrer dans des débats stériles, animant une opposition farouche non pas aux responsables mais à la manière dont ceux-ci dirigent le pays. C'est cette qualité du parfait militant et patriote que souligne le président Bouteflika dans son message, une sorte de reconnaissance à posteriori du combat surhumain de cet homme.

Le président Bouteflika reconnaît en fait au militant d'avoir combattu pour un meilleur ordre politique et social en Algérie, en restant digne, préférant parfois le silence et l'exil que d'exposer son pays à des crises politiques destructrices en opposant un clan par rapport à un autre. Pour Bouteflika, Aït Ahmed est «un homme, qui se refusait à la surenchère et aux compromissions lorsqu'il s'agissait de questions cruciales intéressant sa patrie», avant de relever: « Je n'oublierai point son courage, ni sa bravoure et son charisme qui ont marqué les différents évènements liés à l'Histoire de l'Algérie, depuis l'Organisation spéciale (OS) qu'il a présidée à une période des plus sombres». Le président va plus loin et affirme que celui qui a dirigé l'Organisation spéciale (OS), ancêtre du FLN, était incontestablement «une icône incontestée de l'opposition».

«Ni moi, ni le peuple algérien, ni l'Histoire n'oublierons le regretté Hocine Aït Ahmed, qui s'était dévoué pour son pays, qui est resté fidèle à son peuple et a honoré le serment», souligne le président. L'hommage continue et Bouteflika explique que «l'Algérie a perdu en la personne de Hocine Aït Ahmed un de ses grands hommes, qui a accompli avec abnégation et dévouement son devoir de militant et de moudjahid». Il terminera son message par «le souvenir des hommes de la trempe de Aït Ahmed dont les actions et les réalisations profitent, telles des épis cultivés à travers le temps, aux générations successives, demeure gravé dans les mémoires et leur souvenir vivace dans les cœurs». Le chef de l'Etat a décrété un deuil national de huit jours sur l'ensemble du territoire national à compter d'hier vendredi 25 décembre, en hommage au militant et héros de la guerre d'indépendance, Hocine Aït Ahmed, sans doute l'homme qui a le plus pesé sur les 30 dernières années politiques de l'Algérie.

Hocine Nebbou, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), a annoncé hier vendredi que «la dépouille de Hocine Aït Ahmed sera rapatriée jeudi 31 décembre et une veillée de recueillement aura lieu le même jour au siège national du parti à Alger. Il sera inhumé le lendemain, vendredi 1er janvier, dans son village natal, dans la commune d'Aït Yahia à Aïn El Hammam.» Il a ajouté dans une déclaration à la presse que les funérailles seront «nationales et populaires.» Mais avant le rapatriement du corps du défunt, une cérémonie de recueillement aura lieu mardi prochain à Lausanne pour permettre à ses amis en Suisse de lui rendre un dernier hommage».