L'Histoire
retiendra que ce sont les socialistes qui auront «constitutionalisé» la
déchéance de nationalité qui existe dans le droit français. En ciblant
particulièrement les binationaux, le président français et son gouvernement
portent un sérieux coup à la cohésion du peuple français.
L'annonce de
déchéance de la nationalité française aux binationaux condamnés pour acte
terroriste promet des débats passionnants et tranchés dans les prochains jours.
Il sera question, évidemment, de droit, d'égalité des citoyens français au sein
de la République, de philosophie du droit, du droit du sol, de celui du sang,
etc. Un débat qui va escamoter l'irrésistible mutation du régime politique
français, ou plutôt le retour à sa nature passée, celle d'un régime
impérialiste. La France est en guerre en Syrie, Irak, Libye, Mali, c'est-à-dire
là où elle doit protéger ses intérêts économiques et énergétiques ( pétrole, gaz et uranium essentiellement) et elle doit
lever sa garde chez elle en institutionnalisant l'état de siège et des mesures
d'exception, telle celle de la déchéance de la nationalité française aux
binationaux en cas de condamnation pour acte terroriste. Le gouvernement
français est dans son droit légitime de prendre de telles décisions et il en
assumera les risques de fracture au sein du peuple français en distinguant une
sorte de deuxième collège de français, la fragilisation de la cohésion sociale
et probablement la redistribution des tendances électorales. Rappelons que la
déchéance de nationalité existe dans le droit français et a été appliquée à
plusieurs binationaux, y compris par le présent gouvernement socialiste de
François Hollande. Du coup, l'annonce solennelle de sa constitutionalité aux
lendemains des actes terroristes du 13 novembre et des résultats des élections
régionales qui a vu le retour de la droite aux commandes dans les principales
régions, dont celle de l'île de France, apparaît plus comme une manœuvre
politique du président français qu'une conviction que cette mesure dissuade les
éventuels terroristes. Distancé dans les projections des sondages par la droite
et l'extrême droite pour l'élection présidentielle de mai 2017, François
Hollande court derrière leurs thèses, durcit son discours politique à coups
d'annonces « spectaculaires » dans l'espoir de passer au moins le 1er tour de
la prochaine présidentielle et espérer garder le pouvoir. Par ailleurs, en
noyant le débat dans les questions sécuritaires, de l'immigration, voire même
de l'identité nationale (rapport à la déchéance de la nationalité), le
président français évacue en arrière-plan le débat sur les questions
économiques et sociales : chômage, pouvoir d'achat, poids de la fiscalité, etc.
Avec cette logique de gouvernance, le président français et son gouvernement
socialiste ne sont point différents de celui de son prédécesseur de droite
Nicolas Sarkozy. Ce dernier à décidé du retour de la France dans le
commandement de l'Otan (de Gaulle l'avait quitté en 1966) et mené « sa » guerre
en Libye ; François Hollande mène la « sienne » en Syrie. En revenant à cette
politique néo-impérialiste, le gouvernement français engage la France dans un
avenir incertain, trahit les idéaux de cette « République » égalitaire qu'il
aime tant vanter et porte atteinte à l'image de la France dans le monde. Car au
fond, « constitutionaliser » la déchéance de la nationalité française à une
partie des Français alors que cette déchéance existe dans le droit français,
comme d'ailleurs dans tous les pays du monde (pour haute trahison par exemple),
ne limite en rien le risque terroriste. Peut-être même qu'elle servira
d'argument aux gourous du djihadisme et de
l'islamisme radical politique pour convaincre les « beurs » des banlieues
délaissées et qui croient encore à « l'affection » de la République pour tous
ses enfants sans exception. L'incroyable élan de générosité et de solidarité avec
le « peuple » français suite aux attentats meurtriers qui ont frappé le pays
n'avait pas de nationalité ou origine précise : ils étaient Français de souche,
binationaux, arabes, musulmans, Américains, Néozélandais, Indiens, Syriens,
Libyens? comme parmi les victimes des atroces tueries de Paris : ils étaient
Français de souche, binationaux, étrangers, chrétiens, musulmans, juifs, etc.
C'est à cette solidarité avec la France de l'égalité, de la liberté et de la
fraternité que vient, par la voix du régime politique de François Hollande et
son gouvernement, de répondre par une ingratitude pathétique : distinguer entre
les Français de souche et les autres.