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Congrès international sur la paix et la sécurité à Oran : Lamamra pour une plus grande implication de l'Afrique

par Houari Saaïdia

Les deux tiers de l'agenda du Conseil de sécurité des Nations unies sont consacrés à l'Afrique. A ses problèmes et ses conflits, s'entend. Un état de fait que les congressistes africains de haut rang n'ont fait que confirmer hier à Oran -s'il en était besoin- et qui rend impératif le (vrai) partenariat entre l'UA et l'ONU. Faute de quoi, le continent noir, berceau de l'humanité, sera toujours une terre fertile pour l'interventionnisme étranger.

Le thème choisi pour cette 3e édition du Congrès international sur la paix et la sécurité, qui s'est ouverte hier à Oran, en l'occurrence : «assister les membres africains entrant au Conseil de sécurité de l'ONU à se préparer à l'examen des questions de paix et de sécurité sur le continent», à lui seul résume la situation et l'objectif. D'une part, le continent africain, s'il se réjouit de son partenariat avec l'ONU au travers de son Union africaine dans la résolution de ses propres crises, n'en demeure pas préoccupé par le fait que «ces approches novatrices (du partenariat) ne sont pas sous-tendues par une vision stratégique partagée et restent ad hoc, avec comme conséquence que les avancées enregistrées dans un domaine ne sont pas étendues à d'autres aspects du partenariat». Une situation qui a entraîné «un déficit de consultation» sur des situations préoccupantes de conflit et de crise, ainsi qu'«un manque de cohérence et de prévisibilité» dans l'appui aux efforts conduits par l'UA. D'autre part, l'Afrique ne veut plus faire «le figurant» au Conseil de sécurité de l'ONU par le biais de ce qui est appelé dans le jargon des Nations unies, le A3, c'est-à-dire les trois pays du continent africain membres non permanents de cet organe délibérant chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. L'Afrique est plus que jamais consciente qu'une grande part de responsabilité lui incombe dans cette représentativité non toujours bien assumée, puisque -d'où d'ailleurs le thème du congrès d'Oran-, cette nouvelle approche des Etats africains à faire en sorte que le A3 soit «un et indivisible» et porte-voix de l'Afrique, à la faveur de sortes d'assises et de séances de briefing périodiques, où le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine donne aux membres du A3 des directives et des consignes en rapport avec les dossiers africains à l'ordre du jour devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

POUR UN PATENARIAT «UA-ONU» ET UN SEUL PORTE-VOIX D'AFRIQUE AU CONSEIL DE SECURITE

Pour le MAE algérien, Ramtane Lamamra, qui préside le congrès, ce rendez-vous continental qui commence à s'inscrire dans la durabilité est une opportunité et une utilité, à la fois. Opportunité, «au regard de la multitude des défis et des menaces auxquels nous faisons face en tant que pays africains individuellement ou au plan continental, à travers l'Union africaine, qu'il s'agisse de la recrudescence des conflits sur le continent, de la montée des groupes terroristes, du crime transnational organisé, en particulier le trafic de drogues, du sous-développement et de la précarité qui frappe des millions d'Africains». Utilité, «dans la mesure où il se veut également un outil offrant aux délégations africaines fraîchement élues au Conseil de sécurité (Ndlr : il s'agit en l'occurrence de l'Egypte et du Sénégal -présents au congrès d'Oran- et qui vont entamer leur mission le 1er janvier 2016, en remplacement de deux membres sortants, le Nigeria et le Tchad -également présents au conclave des MAE africains d'Oran-) l'occasion de s'imprégner des tenants et des aboutissants des questions africaines à l'ordre du jour du Conseil de sécurité et des processus de règlement ou de stabilisation en cours.

Ce qui leur permettra de contribuer efficacement à l'action du Conseil de sécurité et d'être partie prenante au processus de décision au sein de cet organe principal de l'ONU», a souligné le chef de la diplomatie algérienne, à l'ouverture de ce congrès organisé par l'Algérie, conjointement avec l'UNITAR (l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche) et le CPS (Conseil de paix et de sécurité de l'UA).

LE CONGRES D'ORAN SUR LA SECURITE : BRIEFING POUR LE «A3» DU CONSEIL DE SECURITE

«Les récents attentats perpétrés à Beyrouth, Paris, Tunis et Bamako ont montré, une fois de plus, que l'hydre terroriste continue de représenter une menace permanente pour nos sociétés et nos valeurs, de semer la mort et la désolation parmi les populations et à mettre en danger nos Etats et notre sécurité. Le défi que représentent aujourd'hui les groupes de Daech, Al Qaïda, Boko Haram et autre Shebab est inédit par l'importance des régions affectées, des moyens mis en œuvre, des troupes engagées et des imprévisibles méthodes auxquelles ces groupes criminels ont recours», a ajouté un peu plus loin Ramtane Lamamra, réitérant son appel à la communauté internationale pour l'universalisation de l'interdiction du paiement de rançons aux groupes terroristes en vue d'assécher leurs sources de financement. Pour M. Lamamra, annoncé par ailleurs par certaines sources comme candidat, et même candidat hyper favori puisque plébiscité à la quasi-unanimité, à l'élection pour briguer une mandature à la tête de la Commission de l'UA en remplacement du Sud-Africain Nkosazana Dlamini-Zuma -dont le mandat expire en 2016- «sous l'impulsion du Conseil de paix et de sécurité de l'UE, l'Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) est appelée à devenir le cadre d'action privilégié à l'échelle du continent (?). Ce constat nous oblige à œuvrer à la pleine opérationnalisation, avec l'appui nécessaire de nos partenaires, des divers instruments de cette structure, en particulier, ses deux leviers opérationnels : la Capacité africaine de réponse aux crises (CARIC) et la Force africaine en attente (FAA)», a affirmé M. Lamamra, en saluant au passage les efforts consentis par Haile Menkerios -qui se tenait à sa gauche autour de la table ronde- désigné par le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, comme chef du bureau des Nations unies auprès de l'Union africaine et représentant spécial auprès de l'UA, avec rang de secrétaire général adjoint de l'ONU.

L'INEVITABLE DOSSIER DU SAHARA OCCIDENTAL AU MENU

Passant en revue les grands dossiers qui marquent l'actualité politico-sécuritaire sur la scène du continent africain, allant de la dernière tentative terroriste de prise d'otages de l'hôtel Radisson Blue, au Mali, jusqu'à la situation qui frôle le chaos en Libye en dépit de l'accord de paix signé récemment en vue de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale qui organiserait des élections, en passant par d'autres conflits çà et là, le chef de la diplomatie algérienne s'est relativement attardé sur la question du Sahara occidental. Le ton de ses propos était à la désolation, voire l'indignation, quand il a eu à faire remarquer et à prendre la communauté africaine et internationale à témoin sur le fait que «le processus de règlement mené par les Nations unies depuis 1990 est dans l'impasse. Les propositions de règlement communiquées par les deux parties, Maroc et Front Polisario, en 2007, n'ont pas permis la relance des négociations et aucun progrès n'a pu être enregistré depuis lors. Bien plus, aussi bien l'envoyé personnel du SG de l'ONU, l'ambassadeur Christopher Ross, et la représentante spéciale, chef de la Minurso, Kim Bolduk, trouvent des difficultés pour accomplir leur mission». «Ainsi, poursuit M. Lamamra, au lieu de s'engager dans la recherche et la mise en œuvre d'un règlement de ce différend, comme l'y appellent les résolutions pertinentes de l'Union africaine et des Nations unies, le Maroc a malheureusement multiplié, tout au long de ces 40 ans d'occupation, les manœuvres dilatoires (?). Nous formons le vœu que la visite prochaine dans la région du SG de l'ONU, Ban Ki-moon, soit l'occasion pour ramener les deux parties à la table de négociations en vue de la relance du processus. L'Algérie, en ce qui la concerne, ne ménagera aucun effort pour appuyer les efforts du SG de l'ONU et de son envoyé personnel pour l'avènement d'un règlement définitif de ce conflit par la tenue d'un référendum».

LAKHDAR IBRAHIMI ATTENDU AUJOURD'HUI

En plus des MAE -ou leurs représentants- de plusieurs pays africains, différentes organisations onusiennes ainsi que des hauts représentants diplomatiques de la Suisse, l'Espagne, l'Argentine, le Venezuela, la Norvège et l'Union européenne prennent part à ce congrès, qui s'étalera jusqu'à mardi. Ramtane Lamamra a également annoncé l'arrivée, en fin de journée d'hier, du ministre des Affaires étrangères espagnol, José Manuel Garcia-Margallo, ainsi que celle de Lakhdar Ibrahim, attendu, lui, aujourd'hui en début de matinée.