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Loi de finances 2016 : La mise au point de Sellal

par Notre Envoyée Spéciale A Sétif: Ghania Oukazi

Le Premier ministre a tenu, hier, à clarifier les articles 66 et 71 de la loi de finances 2016, en soutenant à propos du premier, que les entreprises stratégiques ne sont pas concernées par la privatisation et pour le second que « c'est un mécanisme technique financier ».

Abdelmalek Sellal a emboîté, hier, le pas à la Centrale syndicale pour apporter, comme elle l'a fait, avant-hier, une réplique ferme à ceux qui pensent que l'article 66 consacre la privatisation de toutes les entreprises publiques, sans exception. Réplique qu'il a dirigée vers notamment, les parlementaires qui se sont opposés à l'adoption de la LF 2016. Il l'a fait, lors de sa visite d'un grand groupe privé, activant dans le cuivre et l'aluminium, à El Eulma. Sellal a précisé que « l'article 66 de la LF 2016 ne concerne ni Sonatrach, ni Sonelgaz ni Naftal, ni toutes les entreprises stratégiques, par contre il s'applique au reste des entreprises ». Il estime que l'article en question est pour encourager des partenariats publics-privés ou privés entre eux pour produire national et permettre l'exécution du programme quinquennal. Le Premier ministre évoquera, aussi, l'article 71 de la même loi pour noter qu'«il n'a pas été fait, sur mesure, pour le ministre des Finances, c'est un mécanisme technique financier qui permet des transferts budgétaires d'un secteur vers un autre, au cas où on se retrouve dans des situations de blocage ». Il tient à expliquer, surtout, que « le ministre des Finances ne peut, à lui seul, décider d'un quelconque transfert, au cas où le gouvernement doit y recourir, il ne peut se faire que par une décision, dûment signée, par le Premier ministre ».

Tout au début de sa visite, à Sétif, le Premier ministre a affirmé, à propos de la situation financière du pays, suite à la chute du prix du baril de pétrole que «nous maîtrisons la situation mais on ne doit pas oublier que nous avons de l'argent mais qu'il ne faudrait pas gaspiller, on ne peut pas s'amuser avec l'avenir de notre peuple, sinon nous irons mendier auprès du FMI». Ceci étant dit, il est convaincu que «nous n'allons pas recourir à l'endettement extérieur, nous avons initié une politique économique qui met, en avant, les potentialités du pays qui sont importantes». Il tient, cependant, à avertir que «si nous n'allons pas réussir le défi de la création d'une économie diversifiée et que nous allons dépenser les sous que nous avons, dans trois ans, nous serons obligés d'aller vers l'endettement». Sellal ne restera pas sur cette note négative et assure «nous n'irons pas vers l'endettement, nous n'irons pas au FMI.»

«NOUS SOMMES CONDAMNES A ENGAGER RAPIDEMENT DES REFORMES»

Le Premier ministre a ramassé son idée en déclarant, en substance, à Sétif que « la réorientation de l'Economie nationale est une nécessité et une exigence imposée par la conjoncture économique internationale ». Il estime, ainsi, que « nous sommes condamnés à engager, rapidement, des réformes profondes pour mettre les jalons pour une économie compétitive et diversifiée, capable de faire sortir le pays de la dépendance des hydrocarbures ». Il ajoute, encore, que « les mesures prises, depuis la chute des prix du pétrole, visent à protéger l'Economie nationale et à lui donner un nouveau souffle, tout en préservant les acquis sociaux des citoyens». Il lance un appel pressant aux entreprises nationales, publiques et privées, pour renforcer la production nationale, répondre aux besoins du marché local et même aller vers l'exportation. Il note, à cet effet, sur un ton rassuré et rassurant, que «sur les 9 premiers mois de 2015, les importations ont chuté de 12,9% par rapport à 2014». Il a exigé de son gouvernement de faire participer les entreprises nationales, qu'elles soient publiques ou privées, dans tous les projets. A cet instant, il inspectait la cimenterie de Ain El Kebira qui a déjà mis en branle une importante extension de sa superficie de production. Ce qui lui fait dire qu' «en septembre 2016, l'Algérie va produire 7 millions de tonnes et à l'horizon 2017, nous allons, probablement, en exporter». Il a la même conviction pour ce qui est du rond à béton dont il dit que «la production va doubler avec Betoui, Bellara et El Hadjar, ce qui nous permettra d'en exporter, en 2018». Il est déjà avancé que «la production nationale permet, d'ores et déjà, une substitution partielle à l'importation de ces produits». Il exhortera les entreprises nationales, tous statuts confondus, «à créer des richesses et de l'emploi, si elles lancent des projets où elles ont besoin de hautes technologies, elles peuvent faire appel aux étrangers.» Le Premier ministre a, aussi, procédé au lancement des travaux de raccordement aval à partir du barrage Mahouane. Les initiateurs de cet important projet indiquent que sa mise en service permettra de «combler les déficits chroniques de la région, en matière de ressources hydriques, à l'horizon 2040.»

LES SETIFIENS REGRETTENT LEUR WALI BEDOUI

Autre halte du Premier ministre, au pôle urbain de Sétif où ont été érigés 3.392 logements. Les Sétifiens regrettent qu'ils l'aient été sur des terres agricoles d'une qualité supérieure. D'ailleurs, tout autour de cette cité urbaine, s'étendent de grandes superficies agricoles qui peinent à verdir sous le soleil, presque accablant, d'un mois de décembre. Sellal a en outre, déclaré que Sétif, à elle seule, a enregistré en 2015, 73% de création d'emplois, uniquement, par les soins d'entreprises privées nationales. Le marché de gros, en phase de lancement, à Ain Sfiha, permettra, selon ses promoteurs de faciliter «l'accroissement des transactions commerciales et l'intensification du volume et des prix et l'approvisionnement du marché et des consommateurs.» Lors de sa visite au Centre anti-cancer (CAC' de Sétif, le Premier ministre a fait l'éloge des Sétifiens, auprès des malades. Le CAC traite 180 malades par jour. Il prévoit une prise en charge de malades «sans rendez-vous» à partir de février 2016. Les Sétifiens n'ont pas manqué de nous dire qu'ils regrettent le départ de Nouredine Bedoui qui a été leur wali de 2004 à 2010. « Il est resté 6 ans à Sétif, mais il n'a pas perdu un instant, tous les projets qui ont été exécutés, lancés ou programmés relèvent de son initiative, il a été à la hauteur de sa fonction,» nous disaient, hier, des Sétifiens, à propos de celui qui est, aujourd'hui, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et qui a la charge de réanimer le développement local, à travers l'ensemble du territoire national.