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Les
soutiens internationaux qui ont permis au Maroc de se soustraire à l'engagement royal pris il y a une vingtaine
d'année de respecter le principe de l'organisation d'un référendum
d'autodétermination pour la population du Sahara occidental en contrepartie de
l'arrêt de la lutte armée que le Polisario menait contre ses forces
d'occupation, se lassent : à l'évidence de l'entêtement de ses autorités à
prétendre que le dossier du Sahara occidental est clos par la décision de leur
souverain octroyant « l'autonomie » interne à ce territoire dans le cadre de la
souveraineté marocaine. Ils le font savoir à Rabat par des prises de position
battant en brèche l'attitude de parti pris flagrant en sa faveur qui a été la
leur jusque-là.
Le coup de semonce annonciateur que les thèses marocaines sur le conflit du Sahara occidental sont de moins en moins défendables est venue des Nations unies qui, s'estimant provoquées par le comportement des autorités royales à l'égard de l'envoyé personnel pour le Sahara occidental du secrétaire général de l'ONU, ont fermement réaffirmé qu'elles s'en tiennent à leur engagement d'organiser le référendum dont Rabat a décrété ne plus vouloir en entendre parler. Leur réaffirmation de cet engagement s'est accompagnée de la sommation à l'endroit des autorités marocaines à cesser de faire obstruction à sa concrétisation. Sommation dont Ban Ki-moon a été chargé d'en faire connaître le caractère contraignant lors de la prochaine visite qu'il effectuera au royaume et dans la région en tant que signe que pour les Nations unies, les rodomontades marocaines ne sont d'aucun effet sur la position onusienne concernant le Sahara occidental. Il a été suivi de deux prises de position européennes qui ont ébranlé la certitude marocaine que le royaume a cause définitivement acquise auprès de l'Union européenne pour sa politique annexionniste. La première est venue de la cour de justice européenne qui a déclaré illégal et donc inapplicable le traité commercial négocié avec le Maroc portant sur l'exploitation des richesses du territoire sahraoui occupé, la seconde a émané du Parlement européen demandant à l'ONU de doter la Minurso (mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) d'un mandat de surveillance des droits de l'homme. Il est clair que les autorités marocaines sont en train de perdre les appuis « inconditionnels » dont elles ont bénéficié et qui leur faisaient ignorer les appels à respecter les préconisations des Nations unies quant à un règlement du conflit sahraoui. Cela va probablement se vérifier dans quatre mois lorsque la question de l'élargissement des prérogatives de la Minurso sera de nouveau examinée au Conseil de sécurité. Paris, qui faisait obstruction à cet élargissement, ne peut persister dans sa position contraire à la demande que vient de formuler le Parlement européen qui rejoint celle des organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme. Les Etats-Unis, quant à eux, y sont déjà favorables et ont même eu l'intention de parrainer une résolution dans ce sens qu'ils ont abondonnée sous la pression française. Depuis peu, Paris a émis des signaux sur le conflit sahraoui indiquant que la France ne peut, par respect de ce qu'elle prétend incarner, être dans le déni des principes sur lesquels se fonde la cause des Sahraouis sauf à s'en tenir cyniquement à celui que les intérêts de la monarchie marocaine priment pour elle sur ces principes. |
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