Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Assises nationales : Voir le territoire autrement

par Ghania Oukazi

«Dynamique territoriale alternative pour une croissance économique durable» est le thème générique des Assises nationales de l'aménagement du Territoire dont l'objectif premier est d'en «réviser le schéma, en fonction des réalités et exigences nationales et internationales,» affirme Amar Ghoul.

Le ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Aménagement du territoire les a voulu «grandes» ; les Assises nationales qu'il a organisées, hier, au Palais des Nations de ?Club des pins' l'ont été ne serait-ce que par le nombre effarant de personnes qui y ont assisté. Institutionnels, politiques, parlementaires, autorités militaires, experts, syndicat, patronat, étudiants et autres associations ont débordé de la salle de conférence du Palais de Nations. Ceci, sans compter la grande exposition, de plusieurs structures affiliées, notamment, aux secteurs du Tourisme et du Commerce. Pour situer l'importance de l'événement, Ghoul a évoqué «la complexité des prochaines décennies, dans un contexte, régional et international, dominé par les incertitudes liées à la rareté des ressources financières, l'instabilité des cours du pétrole, la dimension sécuritaire, les flux migratoires notamment Sud-Sud et enfin le défi climatique.» C'est, a-t-il affirmé, dans son allocution d'ouverture «dans ce contexte, plein d'incertitudes, que l'Economie nationale doit opérer sa mue et sa transition, tout en préservant les acquis sociaux, un des garants de la stabilité du pays.» A condition que cette mue s'opère, selon lui, «avec l'émergence d'acteurs économiques complémentaires, dynamiques et projetés vers des activités créatrices de richesses et génératrices de bien-être économiques et social» pour «la concrétisation des objectifs de développement durable (?).» Le ministre estime que le Schéma national de l'aménagement du Territoire (SNAT) constitue l'un des instruments juridiques le plus important «d'orientation stratégique du développement du territoire.» Il en recommande alors de «consolider la vision de cet instrument stratégique et d'en faire un instrument de dynamique économique et social, adapté et créateur de richesses.»

Pour ne pas heurter les esprits d'analystes qui pensent que la révision du SNAT n'a rien de nécessaire, aujourd'hui, Ghoul souligne que sa réactualisation se fait, conformément, à la loi 2010 qui en impose l'évaluation, tous les 5 ans. Adopté, donc, en 2010, et projeté jusqu'en 2030, le SNAT devra, dit le ministre «être évalué de la manière la plus globale, la plus large, la plus précise pour en déterminer, clairement, les objectifs, les préoccupations du pays et les perspectives.» Il demande aux experts qui planchent sur les divers aspects de l'aménagement du territoire d' «améliorer le schéma, le réorienter, le corriger pour accompagner les nouvelles évolutions et les défis, aux plans national, régional et international.» Pour rappel, le SNAT a été élaboré par les soins du ministère de l'Environnement alors géré par Cherif Rahmani et adopté comme loi, en juin 2010.

Pour Ghoul, le SNAT est un instrument de l'Etat algérien qui permet la planification, la programmation, l'évaluation des programmes et politiques publics.» Il affirme, ainsi, que «l'actualisation de la vision du SNAT est à même de recadrer les processus engagés par les pouvoirs publics, pour contenir les déséquilibres, au niveau des territoires, et de faire les réajustements qui s'imposent, compte tenu des évolutions de tous les contextes.» L'opérationnalisation du SNAT et son optimisation, à tous les niveaux du territoire, devraient, selon le ministre «permettre une revitalisation des différents segments économiques et constituer, par la même occasion, une alternative à la nouvelle situation financière du pays, engendrée par la baisse brutale du prix des hydrocarbures.» L'évaluation et la révision «à mi-parcours du SNAT 2030, s'avèrent fondamentales, pour apprécier la mise en œuvre de ses orientations et de mesurer les nouveaux enjeux (?), pour pouvoir apporter les réajustements en vue de mieux préparer l'avenir de la société et des territoires qui composent le pays.» Une fois révisé, le ministre veut que le SNAT devienne «un cadre de référence politique, pour l'action des pouvoirs publics (?) pour constituer un cadre fédérateur qui améliore la croissance économique du pays, hors hydrocarbures, et la compétitivité globale de l'économie.»

La révision du SNAT appelle à une nouvelle organisation des territoires, dans leurs dimensions géographique, économique et sociale. La régionalisation du pays devient de fait, une exigence politique.

Le ministre évoque des schémas de réaménagement parallèles déjà existants et en application. Il en cite plusieurs, à l'échelle wilayas, de zones en premier, celles frontalières qui exigent selon Ghoul, d'être réaménagés et développées.» Le SNAT actualisé, devient, dit-il «un instrument de sécurité du pays, de sa sécurité alimentaire, énergétique incluant les énergies renouvelables, la sécurité de l'eau et la sécurité économique, par le développement durable.

Le ministre a dénombré 7 ateliers qui examineront toutes ces questions et dont 5 évalueront les acquis de l'Agriculture, le Tourisme, les Services, l'Industrie, économie de la connaissance.

Interrogé sur le foncier dont la gestion est donnée aux walis, le ministre répondra lors d'un point de presse qu' «il faut sortir de la version administrative ou sectoriel étroite du foncier, pour l'orienter et le valoriser par des secteurs qui ont le plus de valeur ajoutée.» Ghoul fait savoir qu'après les schémas d'aménagement des wilayas, ce sont les communes qui vont devoir réaménager leurs espaces, selon les besoins économiques et sociaux de leurs populations. «Ce qui nous permettra de faire face aux défis, de pouvoir régler les problèmes qui se posent à notre société,» dit-il. Notons que la révision du SNAT se fait en l'absence d'un SNIS (Système national de l'Information statistique) dont l'importance se justifie par la non-fiabilité de l'ensemble des données fournies par l'ONS et sur la base desquelles le gouvernement est censé élaborer ses politiques publiques et ses différents programmes.