Le passage en
force de la loi de finances 2016, une loi qui trace le chemin à une politique
d'austérité, a suscité de nombreuses réactions, notamment de syndicats
autonomes, dont le SNAPAP qui s'est lancé dans une campagne de sensibilisation
sur la grille des salaires après la modification de l'article 87 bis. Pourtant,
le ministre des Finances a tenu à rassurer que les salaires des travailleurs ne
seront pas touchés et il avait même évoqué l'octroi «dans le futur d'un
deuxième salaire aux familles nécessiteuses».
Ces deux sons de
cloche différents, en ce moment, témoignent de l'absence d'un débat général sur
la crise financière que traverse le pays, après la baisse drastique des prix du
pétrole, tant réclamé par les parlementaires. Et l'exclusion des syndicats
autonomes des tripartites. Alors que le ministre des Finances prépare l'opinion
publique pour une entrée dans l'ère de l'austérité, le Syndicat national
autonome de l'administration publique (SNAPAP) réclame aujourd'hui, à travers
cette campagne, de revoir la grille des salaires et le taux du point
indiciaire. En tant que membre de la Confédération nationale des travailleurs
algériens, le SNAPAP a, dans des brochures distribuées aux travailleurs de la
fonction publique, relevé que le salaire minimum qui doit être octroyé à une
famille de cinq membres, sans aucune exagération, doit tourner autour de
60.000,00 DA. Si le calcul semble exagéré, il faut savoir que rares sont en
Algérie ceux ou celles qui bénéficient de cette rentrée d'argent et c'est parce
que des besoins théoriquement incompressibles sont réduits au strict minimum
(nutrition, santé, habillement, scolarité, énergie). Alors que d'autres ne sont
même pas pris en compte vu la difficulté sinon l'impossibilité de les
satisfaire (logement), sans parler du fait que les loisirs deviennent carrément
inabordables sinon interdits. Cet état de fait, lit-on dans les brochures,
explique que le visage de l'Algérien, duquel disparaissent les traits du
bonheur de vivre, porte en lui les stigmates de la misère, comme il nous
renseigne sur l'état d'esprit de la majorité qui reste confrontée
quotidiennement aux contraintes créées par des besoins jugés nécessaires mais
non assouvis. Les syndicalistes du SNAPAP refusent que le pouvoir en place
impose un ordre économique en Algérie qui laisse la majorité de la population
dans le dénuement. Ils précisent : «Nous devons répéter que les problèmes que
l'on vit sont d'ordre politique car à côté de cette situation désastreuse pour
la majorité, une minorité s'accapare de toutes les richesses dans l'ombre de la
corruption financière que nous vivons». En ce qui concerne l'abrogation de
l'article 87 bis, le SNAPAP considère que cet article a été modifié et non
annulé. Il explique «que non seulement cette modification ne touche d'une
manière dérisoire que les basses catégories, mais elle a exclu les catégories
11 et plus, chose contraire aux principes de l'équité, du moment qu'une large
catégorie des travailleurs n'aura pas les mêmes avantages que les autres,
sachant que l'impact du pouvoir d'achat touche tous les travailleurs en
Algérie». En ce qui concerne l'IRG (impôt sur le
revenu global), le SNAPAP indique qu'il est imposé à partir de 15.000 DA et non
18.000 DA depuis 2012, et demeure un point noir dans le calcul des salaires en
Algérie où le principe de la justice fiscale est bafoué.