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Contrebande : L'Algérie perd 2 millions de tonnes de carburants par an

par Mohamed Mehdi

La baisse drastique des recettes pétrolières impose une politique plus appliquée en matière de développement de la consommation du GPLc (Sirghaz) et du GNC, des carburants peu polluants et disponibles en grandes quantités en Algérie, pour réduire celles du gasoil (dont une partie est importée) et de l'essence.

 Selon les prévisions présentées hier par le PDG de Naftal, Hocine Rizou, lors du Forum El-Moudjahid, l'Algérie voudrait, sur un parc national estimé à 5 millions d'automobiles, atteindre 2 millions de véhicules à convertir à la bicarburation Sirghaz (pour les véhicules essence) ou GNC, gaz naturel carburant (pour les véhicules diesel) d'ici 2030. Un ambitieux projet qui mérite un changement total de la précédente politique qui a donné, sur une durée de plus de 25 ans, un maigre résultat en matière de véhicules roulant au GPLc dont le nombre total varie entre 200.000 et 250.000 unités, selon la fourchette avancée par le PDG de Naftal.

La demande nationale en carburants croît annuellement de 5% en moyenne. Elle était de 14,1 millions de tonnes en 2014, elle passera à 15 millions de tonnes à fin 2015, et sera de près de 16 millions de tonnes en 2016, selon les prévisions de Naftal. Pour la période 2014-2015, la croissance annuelle moyenne de la demande de gasoil est de 6,5%. Celle de l'essence est de 8,7%.

Les chiffres présentés hier par le PDG de Naftal montrent qu'en dix ans, 2005-2014, « la consommation de carburants terre a doublé ». Pour la période indiqué, elle est passée de 1,95 à 4,123 millions de tonnes pour l'essence, et de 5,647 à 9,978 millions de tonnes pour le gasoil. Au total, pour les carburants terre, la consommation nationale est passée de 7,597 millions de tonnes en 2005 à 14,101 millions de tonnes en 2014. Sur ces quantités, 13,4 millions de tonnes ont été vendus sur le réseau de stations-service de Naftal (95%) et les 5% restants par les opérateurs privés.

LES PRIX DES CARBURANTS N'ONT PAS AUGMENTE EN 10 ANS

Selon Hocine Rizou, la demande nationale en GPL (Gaz propane liquide) était de 1,9 million de tonnes en 2014. Le butane conditionné en représente 77% (1,463 millions de tonnes) contre 317.000 tonnes (17%) pour le GPLc (Sirghaz) et 112.000 tonnes pour le propane et butane en vrac (6%). En dix ans, la consommation de butane conditionné (bonbonnes de gaz) est restée quasiment la même soit 1,456 million de tonnes en 2005 contre 1,463 million de tonnes en 2014. Même constat pour la consommation de GPLc qui est restée presque la même durant cette période, passant de 1,914 million de tonnes en 2005 à 1,892 millions de tonnes en 2014. La forte augmentation du parc automobile n'a donc pas influé sur la consommation de GPLc en raison de la faible reconversion due à différents facteurs. Invité à commenter la hausse des prix des carburants telle que prévue par la loi de finances 2016, le PDG de Naftal estime que cette hausse « est modeste ». Il rappellera que « les prix des carburants n'ont pas augmenté en dix ans » au moment où « tout à augmenté ». Selon lui, cette hausse contribuera à « réduire la contrebande de carburants » même si, dit-il, « nous sommes loin de la vérité des prix » et donc de ceux pratiqués chez nos voisins immédiats vers qui s'oriente la contrebande estimée par le PDG de Naftal à « environ 2 millions de tonnes par an ». Selon M. Rizou, le plafonnement de la consommation dans les régions frontalières « a eu des effets positifs ». Actuellement de 500 DA par voiture et 1000 DA par camion, ce plafonnement sera-t-il revu à la hausse ? Le PDG de Naftal affirme que cela « ne dépend pas de son entreprise ».

NAFTAL A L'INTERNATIONAL

Etalées en « deux étapes », les perspectives de développement de Naftal sont nombreuses. Selon la présentation faite hier par le PDG de la compagnie, le 1er plan de développement (2015-2020) est doté d'une enveloppe financière de 200 milliards de DA. Dans le programme de cette première étape, il est prévu : « l'augmentation des capacités de stockage de carburants et GPL », le « développement du réseau de transport par canalisations» (pour réduire les coûts du transport terrestre des carburants), la «réalisation de 42 stations-service sur l'axe autoroute Est-Ouest», la «réalisation de 80 méga stations-service dans les grandes agglomérations», le «développement du GPL carburant (Sirghaz) et du GNC» et le «développement des activités hors-fuel».«En plus des 600 existantes, Naftal va réaliser 1000 stations GPLc à l'horizon 2020», soit un taux de « 73% de stations équipées en GPLc, contre 27% actuellement», a déclaré hier le PDG de Naftal. Quelque «30 centres de conversion au GPLc, en plus des 30 existants», seront créés d'ici 2020 par Naftal, ce qui portera sa capacité de reconversion «à 20.000 véhicules/an». Avec l'apport du secteur privé, la part de conversion totale du parc automobile sera portée à 30% contre 13% actuellement, selon M. Hocine Rizou. Concernant le « développement des activités hors-fuel », Naftal prévoit de tirer de son «large réseau de stations-service» pour «offrir un maximum de prestations (restauration, motels, boutiques, cafétérias?». Ce projet «permettra également à l'entreprise de se positionner sur le marché régional (pays voisins), grâce à son capital expérience avéré dans le domaine de la commercialisation et de la distribution des produits pétroliers», affirme le PDG de Naftal. M. Hocine Rizou a également révélé l'intention de Naftal d'aller à l'international, au Maghreb, en Afrique et dans les pays du Sahel pour notamment « réduire la contrebande de carburants». «Nous avons les compétences et les capacités d'aller à l'international. Il suffit d'avoir de l'audace», a-t-il déclaré.