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Pour ceux qui avaient un doute sur la couleur politique
actuelle de la France, les régionales de ce dimanche les ont refroidis, une
bonne fois pour toutes. Un bleu marine qui a déferlé sur notre reflet de
l'autre côté de la
Méditerranée et qui va exploser notre tronche de « rebeu » et refouler le tapis de prière des frontières de
l'Europe. Evoquer les élections régionales françaises pour un Algérien du bled,
c'est comme écouter un Chinois parler de nos communales mais la différence
c'est qu'on se sent toujours français, quelque part. A travers un parent émigré
là-bas, à la Seine-Saint-Denis,
derrière la paraphe bradant un pan du pays, à la gloire de la France, en déposant une
demande de visa et en priant l'Abbé Pierre de nous entendre. Par l'histoire
commune et les projets de Renault et Peugeot. Qu'on le veuille ou non, un peu
de sang français coule dans nos veines quand on remplit le formulaire de
demande de visa Schengen ou quand on vibre pour Zidane
ou Benzema. Et c'est pour ça qu'on se sent un chouia
concerné par les urnes bleu-blanc-rouge. Pourquoi les
Le Pen sont devenus le premier parti politique en
France ? La question mérite d'être posée et la réponse est à chercher dans le
dévoiement des autres courants, socialiste en tête, de la droite qui a voulu
ressembler à sa droite, du reniement des principes de la République, de
l'aventurisme guerrier de Hollande et du mercenariat de Sarkozy. L'extrême
droite a été bonifiée par des attentats terroristes dont le premier responsable
est l'entêtement aveugle de Hollande à suivre ses alliés des pays du Golfe et
israéliens. Elle a été nourrie à la politique du tout-sécuritaire initiée par Sarkozy et renforcée par
l'actuel locataire de L'Elysée et à l'islamophobie gangrénante. Elle a été encouragée par la bonne conscience
hypocrite des penseurs autoproclamés des
plateaux-télé, des gardiens du Temple républicain et des plumes de service.
Depuis ce dimanche donc, la
France a une nouvelle couleur, le marine. Ce n'est pas
vraiment une couleur, mais plutôt une nuance, une teinte si vous voulez qui
rend le bleu du ciel français un peu plus sombre pour les bruns de peau et les
noirs basanés. En votant FN, vote sanction comme celui du FIS, contre le FLN,
en 1991, les Français ont décidé de légitimer un parti basé sur les différences
raciales et la haine des émigrés. Pas tous, seulement ceux qui n'ont pas les
yeux bleus, la crinière blonde et le teint lait. Ceux qui ne prient pas le
crucifié et qui vivent, à dix, dans un HLM de la République. Ceux
qui ont pour lieu de naissance un douar ou une brousse même s'ils sont nés à
Paris. Ceux qui égorgent le mouton et dérangent la sénilité de Brigitte Bardot.
Depuis dimanche, il ne fait plus bon de s'appeler Mamadou, Mohamed ou Houaria d'avoir la peau de sa naissance et la langue de sa
mère analphabète. La France
ne sera plus plurielle, elle se déclinera au singulier et se conjuguera au
futur moins que parfait dans ces régions où le Ménard de pacotille joue au
shérif. La France
n'a pas voté pour le FN mais contre ses propres différences qui faisaient sa
grandeur.