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L'homme est connu pour être très discret. Au sein même de sa famille, on dit
de lui que « Mohamed reste, tout le temps absent, et ne discute que rarement. Il est tout le temps occupé, rentre tard et
sort tôt » de la maison, me racontait, il y a quelques années, un «frère» et un
de ses proches, natif de la
Casbah, que Dieu ait son âme. Au sein de l'institution
militaire, Mohamed Mediène, connu pour sa passion du
football et à l'USMAlger, est réputé pour son silence
« légendaire ». Installé chef de l'ex-Sécurité militaire, devenu le Département
du Renseignement et de la
Sécurité (DRS), en 1990, il n'en partira qu'au mois de
septembre dernier. Il aura, au passage, signé un record de longévité d'un
«Patron» des services de renseignements. Et, au cours de ces 25 années de
gestion du corps militaire le plus sollicité, il n'aura jamais fait une «
intrusion » médiatique, préférant l'ombre protectrice de son métier, de sa
passion, même au plus fort de la lutte antiterroriste, à un moment où d'autres
généraux s'installaient confortablement, dans la vie médiatique, donnant pour
autant un peu plus de « mordant » à l'ouverture politique et la démocratie,
dans le pays, au sortir des terribles années 1990. Mis à la retraite, en
septembre dernier, il était parti dans l'anonymat. Mais, l'affaire du général
Hassan, dans laquelle il devait être cité comme témoin, selon la défense, aura
réveillé ?Toufik'. « Consterné » par la tournure
judiciaire de l'affaire du général Hassan, et sa condamnation à cinq ans de
prison ferme, il est sorti, calmement, de son mutisme légendaire, que certains
de son proche entourage qualifiaient de silence « d'un gentelman
». C'est au travers d'une lettre envoyée aux médias, qu'il livre, pour la
première fois, son avis, publiquement, sur un dossier en rapport avec une
affaire qui concerne strictement la justice militaire. Comme tout militaire qui
se respecte, il terminera sa lettre, comme pour s'excuser, en espérant que
cette ?intrusion médiatique, même si elle constitue un précédent, ne suscite
pas de commentaires qui risquent de la dévoyer et de la détourner du but
recherché. » Voilà, l'ex-général de corps d'Armée Mohamed Mediène
livre à l'opinion publique, pour la première fois, ce qu'il pense de cette
condamnation du général Hassan, et se dit « consterné » par l'annonce du
verdict prononcé par le tribunal militaire d'Oran. « Après avoir usé toutes les
voies réglementaires et officielles, j'ai estimé qu'il est de mon devoir de faire
connaître mes appréciations, à l'intention de tous ceux qui sont concernés par
ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent, de près ou de loin »'.
L'ex-patron du DRS relève ainsi que « le général Hassan était le chef d'un
service érigé par le décret agissant sous l'autorité de mon département. A ce
titre, il était chargé d'une mission prioritaire avec des prérogatives lui
permettant de mener des opérations en relation avec les objectifs fixés. Les
activités de son service étaient suivies, régulièrement, dans le cadre réglementaire
».
REPARATION D'UNE «INJUSTICE» Il poursuit: sur « l'opération, qui lui a valu l'accusation d'«infraction aux consignes générales», j'affirme qu'il a traité ce dossier dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns. Après les résultats probants qui ont sanctionné la première phase de l'opération, je l'ai félicité ? lui et ses collaborateurs ? et encouragé à exploiter toutes les opportunités offertes par ce succès. Il a géré ce dossier dans les règles, en respectant le code de travail et les spécificités qui exigent un enchaînement opérationnel, vivement recommandé, dans le cas d'espèce », dit Mediène, qui précise que « le général Hassan s'est, entièrement, consacré à sa mission.» L'ex-chef du DRS apporte, ainsi, un témoignage important sur ce dossier, puisqu'il était le chef hiérarchique direct du général Hassan, au moment des faits, et le mieux placé (?) pour apprécier cette mission et son exécution. Mediène affirme, ainsi, que le général Hassan a « géré ce dossier, dans les règles, en respectant le code de travail et les spécificités qui exigent un enchaînement opérationnel, vivement recommandé, dans le cas d'espèce. » Dès lors, le témoignage de cet ancien responsable des Services de renseignements de l'ANP est important, tout autant que son intime conviction que le général Hassan n'a fait que son devoir. Il rappelle, par ailleurs, que le général Hassan « a dirigé de nombreuses opérations qui ont contribué à la sécurité des citoyens et des institutions de la République. Sa loyauté et son honnêteté professionnelle ne peuvent être mises en cause. Il fait partie de cette catégorie de cadres capables d'apporter le plus transcendant aux institutions qu'ils servent », dit, de lui, son ex-chef, pour qui, « au-delà des questionnements légitimes que cette affaire peut susciter, le plus urgent, aujourd'hui, est de réparer une injustice qui touche un officier qui a servi le pays avec passion ». Mais également, estime, encore, Mohamed Mediène, « de laver l'honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l'Algérie. » Il est clair que cette soudaine « intrusion », inopinée, et sans aucun doute l'unique, de Mediène Mohamed, ne peut être décryptée que comme un témoignage, allant dans le sens d'une plus grande reconnaissance de la Nation, ceux qui sont appelés, un jour, à juger les sacrifices de ces hommes de l'ombre. Sans se tromper. L'AFFAIRE DU GENERAL HASSAN Le général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Ait Ouarabi, avait été condamné, la semaine dernière, par le Tribunal militaire d'Oran à cinq ans de prison ferme. L'ancien patron de la lutte antiterroriste a été jugé pour les délits de « destruction de documents et infraction aux consignes militaires », selon son défenseur Me Mokrane Ait-Larbi. Arrêté, fin août, et incarcéré à la prison militaire de Blida, il a incarné, pendant près de 20 ans, la lutte implacable de l'Armée algérienne contre les groupes islamistes armés. Mais, également, sur le front du contre-espionnage. Le général-major Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, ex-chef de la direction de la lutte contre le terrorisme, au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), avait été arrêté le 27 août dernier à son domicile, à Chevalley sur les hauteurs d'Alger. Avant cela, le Tribunal militaire de Blida l'avait, déjà, le 8 février 2014, placé sous contrôle judiciaire, et poursuivit l'enquête. Celle-ci a abouti, directement, à son arrestation sur la base d'un mandat d'arrêt délivré par le même tribunal. Selon des sources proches de l'enquête, il serait, également, poursuivi pour constitution de bande armée, fausses déclarations concernant le stock d'armes en sa possession, détention et rétention d'armes de guerre, rétention d'informations et mensonge, à la suite d'interrogatoires de trois terroristes capturés à Tiguentourine, selon les mêmes sources. Le procès du général Hassan s'est déroulé à huis clos au TM d'Oran, territorialement compétent, selon la procédure judiciaire du code militaire, car un officier supérieur ne peut-être jugé dans la même juridiction où il exerce. A l'issue d'une séance non-stop, il a été condamné à cinq ans de prison ferme. Sa défense, dirigée par Me Mokrane Aït Larbi, a fait appel. |
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