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Maghnia peine à sauver ses frontières de la féroce contrebande et à mettre ses
potentialités naturelles au service de son développement.
Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a pris, jeudi dernier, le pouls d'une région qui se bat, quotidiennement, contre le commerce illicite, notamment contre les narcotrafiquants et le crime organisé. Jeudi dernier, Mohamed Bedoui a rendu visite au siège du Service régional de la police des frontières. On se trouvait, à peine à 7 km des frontières avec le Maroc. Les équipes de ce service contrôlent une bande frontalière terrestre de plus de 170 km et une autre maritime de près de 200 km. Les responsables de la police des frontières ouest ont présenté au ministre des exposés chiffrés sur l'ampleur de la contrebande dans ces régions. Plus de 600 quintaux de drogue, notamment le cannabis, ramenés en Algérie durant les 3 dernières années. Les données statistiques donnent froid au dos. Les services ont observé qu'à partir de 2014, les quantités de cocaïne ont commencé à peser, plus lourdement, dans ce commerce. «L'Etat algérien est en guerre contre les narcotrafiquants et le crime organisé,» n'a eu de cesse de répéter le ministre de l'Intérieur, durant sa visite dans la wilaya de Tlemcen. La bande frontalière ouest continue, depuis toujours, de faire passer illicitement les produits alimentaires de première nécessité que l'Etat algérien subventionne à grands sous, les matériaux de construction et les médicaments. Les carburants subventionnés font, eux aussi, partie des lots des marchandises qui alimentent les Marocains. Reconnu comme le plus grand producteur de cannabis dans le monde, le Maroc se plaît à ce que ces «échanges» continuent pour pouvoir nourrir ses populations des villages frontaliers est, à moindres dépenses. Lui, par contre, lui envoie par les mêmes canaux, en plus de ces grands tonnages de drogues multiples, «des motocycles usagés» disent les services de police, «des épices de mauvaise qualité», des races d'oiseaux protégées, des alcools frelatés, et autres, des cigarettes et des armes. Un data show montrant des bandes de personnes marchant tout au long des frontières pour «sécuriser» la traversée des marchandises à dos de mulets, à bord de véhicules utilitaires et camions citernes pour les carburants. C'est hallucinant? Il y a même le commerce des individus de et vers le Maroc. «L'ETAT EST EN GUERRE CONTRE LA CONTREBANDE» En 2015, la police des frontières a renvoyé au Maroc 1905 personnes entrées, illégalement, en Algérie. La police affirme que ce sont particulièrement, des personnes qui ont des démêlées avec la justice. Les services régionaux de la police frontalière réclament d'autres moyens de lutte, de répression, de technologie de pointe pour mieux cibler un phénomène dont l'apparition ne date pas d'aujourd'hui et dont l'ampleur a dépassé l'entendement, notamment, depuis que le Maroc a décidé de fermer ses frontières, en 1995, au lendemain d'un attentat terroriste commis à Marrakech. Les réseaux qui s'emploient à entretenir et préserver ces commerces illicites et dangereux pour l'Economie nationale et la société se sont, depuis, fortement structurés et renforcés. Du milliard de dollars que le Royaume chérifien disait avoir perdu, annuellement, par l'arrêt des échanges commerciaux entre les deux rives, après la fermeture des frontières, on passe aux trois milliards de dollars (chiffre avancé par le ministre de l'Intérieur ) que les narcotrafiquants et contrebandiers engrangent, chaque année, par l'effet des commerces illicites frontaliers. «C'est une fraude complexe et compliquée,» a avoué un des responsables de la police des frontières. Bedoui s'est réuni, jeudi dernier, pendant près d'une heure avec les membres de la cellule de lutte aux frontières. A l'issue de ce huis clos, le ministre a déclaré à la presse que «les Algériens sont en guerre permanente et continuelle, contre le phénomène de la contrebande notamment, celle de la drogue et les produits subventionnés qui le sont au profit des couches sociales défavorisées.» Il affirme que «ces réalités nous obligent à utiliser tous les moyens humains et matériels pour lutter contre.» Il rappelle à ceux qui oublient qu'«il est établi aujourd'hui, des liens étroits entre la contrebande, le terrorisme et le financement de ses groupes.» NOUVELLES MESURES DE LUTTE CONTRE LA CONTREBANDE Bedoui promet que «l'Etat mettra tous les moyens pour y mettre un terme, c'est une guerre de la société algérienne contre ces phénomènes.» Il avoue que le fléau de la drogue touche de larges couches de la société. «Il y a une nécessité accrue pour la sensibilisation et la prise de conscience de l'ensemble de la société pour participer dans cette lutte,» a-t-il dit. Le ministre de l'Intérieur a fait part à la presse qu'à partir des propositions de la cellule de lutte aux frontières, «on va revoir l'ensemble des dispositifs de lutte et on décide de ce qu'il advient de faire.» Mais, d'ores et déjà, il annonce à partir de Maghnia que «le Conseil du gouvernement adoptera très prochainement des mesures réglementaires et d'ordre juridique fermes et strictes et mettra des moyens supplémentaires pour renforcer la lutte aux frontières ; l'Etat est en guerre contre la contrebande et le crime organisé.» Il promet, en parallèle, que «l'Etat déploiera tous ses efforts» pour éradiquer les causes socioéconomiques qui poussent les populations frontalières du Maroc, à s'adonner à la contrebande. C'est à cet effet qu'il a réuni les représentants de la société civile en début de soirée du jeudi, au siège de l'APW de Tlemcen, pendant près de deux heures. Bedoui leur rappelle que la dernière réunion gouvernement-walis a retenu des recommandations qui orientent toutes, vers la dynamisation et la prise en charge du développement local. En attendant, leur a-t-il dit que «des évaluations soient faites, par la tenue de réunions régionales, dès le début de la nouvelle année, je suis venu vous écouter, au titre d'une première évaluation de ce qui se fait dans la wilaya de Tlemcen.» «DES QU'ILS SONT DEPUTES, ILS NE FONT RIEN» La commune de Beni-Snous lui a revendiqué des concessions de terres agricoles ou de forêts à la femme rurale. «Les femmes sont prêtes à travailler l'agriculture,» dit au ministre une représentante d'une association féminine. «Nous avons du foncier inscrit pour les plans de développement urbains et des programmes de logements finalisés mais il a été réorienté pour les besoins de l'agriculture, dites-nous comment et où on peut construire des logements ou alors on laisse pousser les bidonvilles ?» lui demande un responsable des collectivités locales. La daira d'El Aricha veut, elle, accéder au statut de wilaya déléguée. Un autre intervenant fait part au ministre que «le Maroc gagne 25 milliards de dollars par le commerce de la drogue vers l'Algérie, faites quelque chose.» La présidente des victimes du terrorisme appelle à aider cette catégorie sociale. «Je milite pour cela depuis 21 ans, allez, qu'est-ce que vous attendez, aidez-les parce que les élus dès qu'ils deviennent députés, ils ne font rien du tout !» Ouled Mimoune veut un hôpital et la dynamisation du Tourisme, dans ces régions. Bedoui a tout de suite déclaré qu'il n'était pas possible de construire l'hôpital, en ces temps difficiles, pour le Trésor public mais «qu'il le sera dès que les conditions le permettront.» Il a tenu, cependant, à faire savoir qu'il a débloqué les financements nécessaires pour la finalisation de la construction du Centre national de formation des personnels des Collectivités locales, dans la commune de Chetouane. «Le meilleur mode de formation, c'est l'apprentissage,» a-t-il déclaré. |
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