Accusé d'«infraction aux consignes militaires », l'ancien chef de la Garde présidentielle, le général-major Djamel Kehal Medjdoub a été condamné, lors d'une audience, tenue à huis
clos, par le tribunal militaire de Constantine, le mercredi 2 décembre, à une
peine de 3 ans de prison ferme. La même sentence a été infligée à deux de ses
subordonnés, un colonel et un commandant, qui comparaissaient sous les mêmes
charges, dont les faits sont liés à la présumée attaque de la résidence d'Etat
de Zéralda, au mois de juillet dernier. A l'issue de
plusieurs heures d'audition, les trois accusés (et non cinq comme annoncé par
certaines sources) qui comparaissaient libres (ils ont passé la nuit du mardi
au mercredi dans des hôtels à Constantine), ont tous les trois été reconnus
coupables de «négligence grave et d'infractions aux consignes de l'armée»,
avant d'être condamnés, tard dans la soirée, à 3 ans de prison ferme. Le
procureur a requis, pour sa part, une peine maximale de 5 ans de prison ferme
contre les 3 accusés, alors que la défense a plaidé l'innocence de ses mandants
et demandé leur relaxe pure et simple, a-t-on appris de sources crédibles.
A travers sa décision, le Tribunal militaire a rendu le général-major Medjdoub
responsable de négligence ayant entraîné l'attaque présumée contre la résidence
d'Etat de Zéralda, au mois de juillet dernier et qui
lui a valu son limogeage, le 25 du même mois « pour négligence grave et
incompétence ». Notons que cette affaire qui avait fait couler beaucoup d'encre
et alimenté la rumeur n'a provoqué aucune réaction officielle. Des informations
qui ont circulé à ce sujet, sans avoir été démenties, font état d'une attaque
contre la résidence d'Etat, dans la nuit du 16 juillet, attaque durant laquelle
un jeune lieutenant de la Garde
présidentielle a vidé sa kalachnikov contre un intrus qu'il dit ne pas avoir vu
et qui aurait tiré sur lui. Cependant, les conclusions de l'enquête ainsi que
l'expertise balistique ont montré que les douilles trouvées sur les lieux
proviennent toutes de l'arme du lieutenant, qui a d'ailleurs été poursuivi par
le Tribunal militaire de Blida, qui l'a placé sous mandat de dépôt et entendu
cinq de ses collègues dont son chef hiérarchique, colonel de son état, et le
premier responsable de la Garde
présidentielle. Quelques semaines plus tard, le lieutenant est jugé pour
«infraction aux consignes de l'armée et gaspillage de munitions», puis condamné
dans une audience, à huis clos, à 3 ans de prison ferme. Un pourvoi en
cassation contre la décision du Tribunal de Blida est introduit, alors qu'une
extension des poursuites est engagée pour convoquer, à nouveau, le chef de la Garde présidentielle, le général-major Medjdoub et deux
autres subordonnés, le chef de l'unité du lieutenant, colonel de son état (qui
a été entendu, lors de la première affaire), ainsi qu'un commandant pour être
entendus. Si ces deux derniers ont été laissés en liberté provisoire, le général-major a été placé sous contrôle judiciaire, avant
d'être déféré tous les trois devant le Tribunal militaire de Constantine qui a
prononcé, le 2 décembre, la condamnation des accusés en question, à trois ans
de prison ferme. « Le verdict étant suspensif de la peine, une fois le pourvoi
en cassation engagé, les deux officiers supérieurs ainsi que leur chef
resteront en liberté jusqu'à ce que la peine qui leur a été infligée soit
définitive, si jamais la peine est confirmée par un autre tribunal militaire »,
relèvent des juristes. Ainsi, après la condamnation, le 26 novembre dernier, de
l'ex .chef de la lutte antiterroriste, le général Hassan, par le tribunal
militaire d'Oran, à 5 ans de prison ferme, c'est un autre général dont le poids
n'est pas moins négligeable (chef de la Garde présidentielle) qui subit le même sort,
alors qu'un troisième général à la retraite, Hocine Benhadid,
accusé de divulgation du secret militaire, est toujours en prison en attendant
son procès.