Ce
n'est pas parce qu'elle est fragilisée à l'intérieur par une situation
politique et économique non maîtrisée et qu'elle est confrontée à des menaces
extérieures visant à sa déstabilisation que l'Algérie se doit de renoncer au
soutien constant qu'elle accorde aux causes palestinienne et sahraouie comme le
lui prêchent les quelques voix qui se font entendre de temps à autre ici ou là.
Ce soutien que l'Algérie prodigue aux peuples palestinien et sahraoui émane en
droite ligne de la fidélité à la
Déclaration du premier novembre 1954, acte fondateur de
l'Etat algérien indépendant qui fait obligation à l'Algérie d'être aux côtés
des peuples en lutte contre l'occupation et l'oppression coloniale.
Palestiniens et Sahraouis sont dans cette lutte et ce n'est pas parce que le
pays a ses préoccupations propres qu'il ne doit plus s'en tenir au principe
d'être à leurs côtés. Ce serait un revirement qui heurterait gravement le sens
de l'honneur national, car il procéderait de la trahison envers une position
dont les Algériens sont en majorité solidaires. Il a suffi qu'un dignitaire du
régime évoque l'affaire du Sahara occidental en paraissant exprimer des
réserves sur le soutien accordé par l'Algérie au peuple sahraoui pour que cela
suscite à son encontre colère et indignation. S'il est un consensus entre le
pouvoir en place, l'opposition dans son ensemble et l'opinion citoyenne, c'est
celui que l'Algérie doit tester solidaire avec la Palestine et le Sahara
occidental et avec les autres peuples en général confrontés à l'ingérence
étrangère.
L'on
ne peut se déclarer pour les droits de l'homme et les libertés et se détourner
de l'injustice criarde et intolérable que subissent Palestiniens et Sahraouis. Aucune
considération, qu'elle soit interne ou de l'extérieur, ne peut justifier que
l'on prône aux Algériens de se désintéresser de leur combat. Les quelques
plumitifs ou prétendus faiseurs d'opinion qui les poussent sur cette voie
reproduisent en fait un discours qui, sous les apparences de tenir compte de
l'évolution du monde et des défis qu'elle impose, a été celui de leurs
prédécesseurs à travers le temps qui n'ont jamais cru à la valeur de la
solidarité entre les peuples. Si les Algériens respectent feu Houari Boumediene
malgré ce que son pouvoir ait eu de condamnable, c'est principalement parce
qu'il a déployé une diplomatie qui a eu pour axe et constante la défense des
peuples opprimés auxquels elle n'a ménagé ni l'appui ni l'aide de l'Algérie. La Palestine et le Sahara
occidental sont les dernières survivances de l'ordre colonial. L'Algérie a le
devoir moral en tant qu'Etat ayant durement combattu cet ordre colonial en le
payant chèrement, de rester aux côtés des Palestiniens et des Sahraouis jusqu'à
ce qu'ils obtiennent justice. Et ce devoir, la majorité des Algériens s'en font
fierté et se détourneront de quiconque voudrait que leur pays s'en
affranchisse.