Des dizaines de milliers de personnes ont défilé hier dimanche dans le
monde, formant une chaîne humaine à Paris, pour obtenir des engagements contre
le réchauffement planétaire, à la veille d'un sommet historique de 150 chefs
d'Etat. A Paris, ville meurtrie par les attentats du 13 novembre (130 morts),
des milliers de manifestants ont formé une chaîne humaine, sous l'œil des
policiers, le long d'un boulevard de l'Est parisien en dépit de l'interdiction
de manifester imposée dans le cadre de l'état d'urgence. "Ils exploitent,
ils polluent, ils profitent! l'urgence est sociale et
climatique", pouvait-on lire sur leurs pancartes. "J'espère que cette
fois, la conférence va donner quelque chose de ferme. Je ne veux pas qu'à la
fin ils disent "on va organiser une autre conférence'", a déclaré
Jean-Pierre Raffin, universitaire à la retraite,
arborant un béret et la Légion
d'honneur. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, s'est recueilli avec son
homologue français Manuel Valls devant le Bataclan,
la salle de concert parisienne où a été commis l'attentat le plus meurtrier (90
morts). Plusieurs milliers de chaussures ont été étalées place de la République, d'où devait
partir une marche pour le climat annulée. Depuis vendredi, des dizaines de
manifestations sont organisées partout dans le monde pour faire pression sur
les représentants des 195 pays qui vont se retrouver au Bourget, au nord de
Paris, jusqu'au 11 décembre. Les 150 chefs d'Etat et de gouvernement seront
présents à l'ouverture officielle de la
COP21 aujourd'hui lundi qui se tiendra sous très haute
surveillance. Ce sommet était précédé dimanche après-midi d'une réunion de
travail des négociateurs. Dimanche, 45.000 personnes ont défilé à Sydney
(sud-est de l'Australie), 5.000 à Adélaïde (sud) tandis qu'un millier de
manifestants ont bravé la pluie dans les rues de Séoul et qu'un rassemblement
s'est tenu à Delhi. Londres, Rio de Janeiro, New York
ou Mexico devaient reprendre le flambeau de cette mobilisation mondiale.
"Il n'y a pas de planète B", "Solidarité mondiale",
rappelaient les pancartes des manifestants à Sydney.
"Ceux qui sont les moins responsables du problème sont pourtant ceux
qui les premiers en subissent les effets, et de la façon la plus dure, comme
nos sœurs et frères du Pacifique", dénonçait Judee
Adams, une militante de l'ONG Oxfam. De nombreuses
îles du Pacifique risquent d'être rayées de la carte par le réchauffement de la
planète, qui s'accompagne déjà d'une élévation du niveau des océans. Plus
grande conférence climatique jamais organisée, la COP 21 est "un moment
historique, 150 chefs d'Etat réunis le même jour sur le même sujet", a
commenté dimanche la ministre française de l'Ecologie Ségolène Royal. Mme Royal
s'est dite convaincue qu'un accord serait signé à la COP mais "il y a encore
un risque", qu'il ne soit "pas à la hauteur des enjeux".
François Hollande accueillera lundi l'ensemble des chefs d'Etat au Bourget,
notamment l'Américain Barack Obama,
le Chinois Xi Jinping, l'Indien Narendra
Modi, le Russe Vladimir Poutine, le Turc Recep Erdogan qui se succéderont
à la tribune toute la journée pour quelques minutes de discours. Sur fond de
guerre déclarée à l'Etat Islamique et de tensions entre Ankara et Moscou, des
bilatérales auront lieu pendant ce sommet. Environ 40.000 personnes, dont
10.000 délégués, sont attendues chaque jour - un défi sécuritaire pour les
organisateurs. Protégés par 2.800 policiers et gendarmes, les participants à la
conférence tenteront de sceller un accord mondial pour limiter à 2 degrés la
hausse du thermomètre par rapport à l'ère préindustrielle. Faute de quoi, les
climatologues prédisent l'aggravation de phénomènes déjà visibles, comme la
fonte des glaciers, la disparition d'espèces, l'intensification des épisodes
météorologiques extrêmes... Paris est également placée sous haute surveillance,
avec la mobilisation de 6.300 policiers et militaires. La circulation sera
interdite ou restreinte sur plusieurs axes et les habitants ont été appelés à
rester chez eux, par crainte d'une trop grande affluence dans les transports
publics.