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L'association des deux rives et leurs amis (ADRA) apporte depuis des
années aide et assistance aux Algériens établis en France. Le président de
cette association revient dans cet entretien sur le rôle d'une association
constituée principalement de bénévoles qui consacrent leur temps libre à aider
son prochain dans un pays où le «chacun pour soi» n'est pas une vue de
l'esprit.
Le Quotidien d'Oran : L'association ADRA est peut-être l'une des rares associations ici en France à organiser des activités régulières et à porter secours dans la mesure de ses moyens aux Algériens. Qu'est-ce qui vous motive pour faire cela ? Yougourthen Ayad : Merci d'avoir posé cette question d'emblée. Je suis arrivé en France il y de cela 8 ans. J'ai découvert que notre communauté a un déficit d'engagement et comme tout être humain sensible, j'ai été révolté de voir nos concitoyens souffrir d'une extrême fragilité sociale qui dure malheureusement depuis des décennies. A savoir que l'Etat algérien ne les considère pas comme étant des citoyens algériens à part entière et de ce fait n'a rien fait pour cette communauté. Pis, nous héritons d'un vide politique et organisationnel qui a laissé libre cours à quelques minables... L'association ADRA est née pour favoriser l'action culturelle, sociale et humanitaire. Depuis sa création en avril 2012, l'association a tenté de garder la dignité humaine (algérienne) au cœur de toutes ses interventions, de protéger les plus vulnérables, de soutenir d'autres associations et surtout de lutter activement contre la pauvreté et contre toutes sortes d'injustices sociales en Algérie et en France. Par la publication de communiqués réguliers, ADRA tente d'alerter et d'interpeller l'opinion publique sur plusieurs sujets de société, tels que les conditions de transports vers l'Algérie, le problème des chibanis abandonnés, les étudiants algériens dans le besoin. Régulièrement, nous organisons des campagnes de collectes alimentaires afin de confectionner des colis pour les familles les plus précaires (nous sommes à la 15e campagne et 1.802 colis alimentaires distribués). De nombreuses actions ont été pareillement organisées ces derniers temps au profit des étudiants algériens, des malades qui viennent en France pour se soigner ou encore au profit des réfugiés syriens et de toute autre nationalité. Une fois par an, nous menons des opérations de distribution de couvertures et de sacs de semoules en faveur des familles pauvres dans des régions les plus isolées d'Algérie (Kasr Boukhari et Chemini). Nous agissons également en faveur des enfants hospitalisés en Algérie, en organisant des campagnes de collecte de fonds pour l'achat et le transport de médicaments non disponibles en Algérie (la dernière en date concerne un enfant de 3 ans qui attend un don de moelle osseuse et qui avait besoin d'un médicament très onéreux et introuvable en Algérie). Q. O.: Qui finance vos actions ? Y. A. : Hélas ! Nous n'avons aucun financement ni de la part de l'Etat algérien ni de l'Etat français. Q.O.: Est-ce que les autorités consulaires algériennes vous apportent de l'aide dans vos actions humanitaires ? Y. A.: Nous sommes une association humanitaire à but non lucratif dont les actions sont connues de l'Etat algérien et surtout de l'ambassade d'Algérie qui n'a jamais hésité à orienter vers nous des personnes se trouvant dans la précarité. Toutefois, l'association ADRA se retrouve marginalisée par ces institutions. A savoir que nous sommes l'une des rares associations algériennes se trouvant sur le terrain qui se soucie du sort des étudiants et de celui des chibanis. Nous avons d'ailleurs établi à plusieurs reprises des rapports alarmants sur leurs situations. En ce qui concerne les chibanis, un rapport, qui est encore en cours de réalisation, sera remis aux journalistes début janvier. De plus, nous tenons à dénoncer les conditions déplorables d'accueil des citoyens au sein des consulats. Nous avons d'ailleurs signalé au ministère des Affaires étrangères des cas de séquestrations et des violations des droits humains. Q. O.: Les attentats à Paris ont marqué tous les Français. Est-ce que la communauté musulmane est davantage stigmatisée après ces événements tragiques ? Y. A.: Oui, après Charlie Hebdo, la communauté musulmane est davantage stigmatisée. Quand on dit musulmane, on dit nord-africaine (Algériens surtout, Marocains et Tunisiens). Maintenant, nous venons de vivre les attentats de Paris, nous avons rendu public un communiqué dans lequel nous avons constaté que les amalgames et les préjugés à l'encontre des musulmans sont plus forts que jamais et entraînent malheureusement un passage à l'acte violent et discriminant de plus en plus fréquent. |
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