Non,
le chroniqueur ne devrait pas être « solidaire » de la France. Parce que le
chroniqueur a ses raisons. Passé maître dans l'encerclement du mot solidaire
par des guillemets, afin de lui donner plusieurs sens, il saura certainement
trouver les sens qui conviennent dans le cas de la barbarie qui a frappé
aveuglement en France d'innocentes victimes et brisé leurs vies et celles de
leurs proches, pour être en accord avec ses raisons. Qui seraient probablement,
d'abord, non à la « solidarité » sélective, celle qui s'émeut du drame français
parce que c'est la France,
même si la barbarie qui s'est abattue sur elle est un peu de la faute de son
exécutif. Car la France,
comme les Etats Unis d'Amérique lors des attentats du 11 septembre, dispose de
suffisamment de moyens de coercition pour imposer à son tour la devise du « si
vous n'êtes pas avec nous, vous êtes contre nous ». Pas de place à la nuance.
Une solidarité inconditionnelle ou rien ! Celle qui ne demande aucun compte à
rendre. Solidaires avec les yeux fermés et la bouche cousue sur toutes ses
dérives, allant du financement des rebelles, aussi immoraux soient-ils -
terroristes en puissance et semeurs de chaos en plein lumière- à leur armement
et à leur soutien dans les négociations diplomatiques. Encore moins de pointer
du doigt la destruction de pays entiers. Pour ne laisser leurs habitants face à
eux-mêmes dans des conflits tribaux et des guerres civiles particulièrement
meurtrières et destructrices, en les abandonnant à leurs sorts face à
l'insécurité et à la famine. Alors qu'ils vivaient autrefois dans une sérénité
et une sécurité relatives, si ce n'était leur résignation face à la dictature.
Aujourd'hui pour eux c'est pire. Dépossédés de leurs États et en prime des
lendemains incertains et sans perspectives que la
probable partition de leurs territoires et la reconduction de la violence sous
d'autre formes. Abandonnés par tous ceux qui ont participé à leur ruine.
Non,
le chroniqueur ne devrait pas être solidaire de la France, car la solidarité
sélective renforce la barbarie et réconforte les barbares. La solidarité
sélective est irresponsable et encourage plus de dérives. Telle la dérive
actuellement en cours ; celle qui consiste à stigmatiser tous les musulmans
vivant sur les terres de France, d'Europe et de toutes les terres de l'Occident
chrétien, exacerbant la haine intercommunautaire et jouant le jeu des barbares
eux-mêmes, dont l'objectif est de raviver la guerre des religions, entraînant
les différentes communautés dans la haine réciproque, aux conséquences
tragiques. Cette solidarité sélective est d'autant plus aveugle qu'elle tend à
minimiser jusqu'à faire oublier la barbarie qui s'abat au quotidien sur la Palestine, l'Irak, la Syrie, le Yémen, le Liban, la Libye, le Nigeria, le Kenya,
la Centrafrique
et sur beaucoup d'autres peuples « indus », meurtris à cause de semblables
dérives. Non donc à la « solidarité sélective », qui nuit à la victime
elle-même, parce qu'elle piège la
France comme responsable dans la menace qui pèse sur la paix
dans le monde. La « solidarité » qui se juche sur les abus de pouvoir est une
complicité avec une nouvelle forme de totalitarisme. Cette « solidarité »
concomitante que le chroniqueur côtoie au quotidien sur les médias, les nobélisations et les consécrations littéraires sournoises.
Cette solidarité facile qui ne nécessite aucun effort, ni engagement
responsable et qui, au lieu de penser à peser sur les exécutifs pour aider ces
pays à se débarrasser de ces hordes de barbares djihadistes,
des dictateurs liberticides et corrompus et de construire un vivre ensemble
solidaire entre tous les peuples, se contente de se regarder le nombril et de
le prendre pour le centre du monde. Non donc, le chroniquer ne devrait pas être
solidaire de cette « solidarité » qui détruit le monde au lieu de jeter les
fondations d'un nouveau monde, qui préfère voir le chaos autour de lui et pas
la quiétude dans laquelle il vit, qui vous parle de démocratie pour lui et pas
chez autrui. Si le chroniqueur devrait être solidaire, c'est par une autre
solidarité, celle qui ne distingue pas la douleur chez les victimes de la
barbarie. Celle qui s'abat sur la
France, l'Amérique, la Russie, la Palestine, l'Algérie et sur tous les êtres
vulnérables, victimes de toutes sortes de dérives et de folies meurtrières.
Tous les chroniqueurs devraient se défaire de l'enchaînement à leurs cartes de
crédits bancaires, responsables de leur aveuglement complice dans ces dérives meurtrières
et renouer avec leur dignité pour construire ensemble de nouvelles solidarités
pour le salut de l'humanité.