Tirs groupés sur les «19-4», dont la chef du PT, Louisa Hanoune, Zohra Drif Bitat et Lakhdar Boureggaa, de deux des plus proches du président Bouteflika, son chef de cabinet et son Premier ministre, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal.

Vingt jours après une lettre (1er novembre) de 19 «personnalités» qui avaient demandé audience au Président, laissant planer le doute sur ses capacités à diriger le pays, Ahmed Ouyahia, secrétaire par intérim du RND et chef de cabinet du président, répond sans ambages aux interrogations de la société civile, mais surtout à l'opposition menée par la CNTLD et aux désormais «15» personnalités nationales, que le président Bouteflika va bien. Il a indiqué hier soir à la chaîne TV Dzair News, que Bouteflika «n'est pas dans un cachot. «Le Président dirige le pays sur les plans politique, militaire et diplomatique», affirme Ahmed Ouyahia. Il a particulièrement répondu à tous ceux qui s'interrogeaient sur l'état de santé du Président, opposition et société civile, mais également l'opinion publique internationale. «C'est le président Bouteflika qui dirige le pays. Il jouit de toutes ses facultés pour assumer ses fonctions», explique le patron du RND qui ajoute que «le président se porte bien et c'est lui qui dirige le pays, à la tête du gouvernement sur le plan politique, en tant que chef suprême des forces armées, au volet militaire, mais aussi en veillant à la souveraineté de l'Algérie à l'étranger sur le plan diplomatique», a-t-il ajouté. Il a également explicité les derniers changements opérés dans la hiérarchie militaire, indiquant, concernant les changements opérés par le président Bouteflika, au Département du renseignement et de la sécurité (DRS), qu'il s'agissait de changements «ordinaires», avant de relever qu'«il était temps d'apporter certains changements nécessaires, abstraction faite des personnes». «Le président a un gouvernement qui applique son programme, lui fait des exposés et suit ses orientations», ajoute par ailleurs Ahmed Ouyahia qui s'interroge sur les raisons qui animent les signataires de la lettre d'audience au Président. «Qu'attendent-ils de leur acte ? Faire peur au peuple algérien ? Porter atteinte à l'image du pays et à ses institutions à l'intérieur et à l'extérieur du pays ?», lance-t-il avant d'affirmer : «C'est le Président qui décide». Il a par ailleurs vertement critiqué l'opposition dont le seul objectif, selon lui, est d'arriver au pouvoir, même en demandant des élections anticipées.

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a également de son côté rassuré sur l'état de santé de M. Bouteflika. Il a affirmé dans un entretien diffusé vendredi par le quotidien français Le Monde que le président Abdelaziz Bouteflika donne ses instructions «au jour le jour». Il ajoute : «Le chef de l'Etat suit les affaires du pays et donne ses instructions au jour le jour», démentant des informations faisant état d'une évacuation du président en Europe pour des soins. Le président Bouteflika «n'a pas quitté l'Algérie ces derniers jours pour se faire soigner en Europe», a-t-il dit, précisant qu'«il est tous les jours» en contact avec lui. «Je suis en liaison tous les jours avec lui. Il n'a pas quitté le pays. Son état de santé est toujours le même», explique Sellal, pour qui «le pays est dirigé par le président de la République» et que les grandes décisions «ne sont prises que par lui-même ou avec son assentiment». «Je me déplace beaucoup dans le pays. Tout le monde sait que le Président a beaucoup fait pour le pays. Si aujourd'hui nous arrivons à faire face à une chute drastique de nos recettes, c'est grâce à deux mesures prises par le Président», a-t-il fait valoir, rappelant le remboursement de la dette par anticipation et la création d'un fonds de réserve qui «peut nous permettre de passer le cap sur trois à quatre années».

Sur un autre registre, Ahmed Ouyahia a annoncé, toujours lors de son passage samedi soir à Dzair News, que le projet de révision de la Constitution sera bientôt rendu public. Il a ajouté que «le président de la République annoncera, par la suite, la voie par laquelle devra passer ledit projet : par voie référendaire ou via le Parlement». Il précisera, quelque peu énigmatique : «Les éclaircissements apportés par le président de la République concernant le projet de révision de la Constitution laissent entendre qu'il sera bientôt rendu public».

Avant lui, Amar Saadani avait également annoncé que le projet de révision de la Constitution serait «prêt» et annoncé avant la fin de l'année 2015. Par ailleurs, Ahmed Ouyahia, a voulu montrer que le RND n'est pas sur la même longueur d'ondes que le SG du FLN sur plusieurs questions d'actualité. Il a estimé, vis-à-vis de l'assertion de Saadani selon laquelle Chakib Khelil, l'ex-ministre de l'Energie, est «le meilleur ministre» de l'Algérie, que «mon éthique politique ne me permet pas de commenter un dossier qui est entre les mains de la justice».