Au bout de deux
longues années d'investigation et de péripéties procédurales, l'affaire de
l'assassinat du patron d'une usine de chewing-gum, nommé Lachachi
Badreddine, va, enfin, connaître son moment de
vérité, avec le procès prévu, lundi après-demain. Quatre auteurs présumés de ce
crime, comparaîtront sous les chefs d'homicide volontaire avec préméditation et
guet-apens, association de malfaiteurs et tentative d'assassinat (sur la
personne du gardien de l'usine). Il s'agit, pour s'en tenir à l'ordre adopté
par la Chambre
d'accusation de la Cour
d'Oran, dans son arrêt de renvoi du 23 juin 2015, des prévenus: K.Kh, 38 ans, B.A, 37 ans, M.B.M, 30 ans et H.M, 25 ans.
L'affaire avait défrayé la chronique judiciaire, en cette fin d'année 2013. La
scène du crime: un grand établissement industriel et commercial privé, sis au
centre-ville, pris d'assaut en plein jour (à midi) par une bande avec, comme
bilan, un triple acte criminel : meurtre, une tentative de meurtre et vol
(d'argent). C'était cette « conjoncture » qui avait apporté l'eau au moulin, au
débat corolaire à cette affaire criminelle, avec
comme point nodal des griefs : l'absence de caméras de surveillance en ville, y
compris le système de vidéosurveillance que les opérateurs publics et privés
doivent s'en équiper. Or, lundi, ces éléments extrajudiciaires ne feront
l'objet d'aucune considération, au prétoire du Palais de justice. Seuls les
éléments constitutifs du dossier (judiciaire) auront un sens pour le tribunal
criminel, qui sera présidé par la juge Mme Dani. Et
parmi ces éléments, l'arrêt de la
Chambre d'accusation qui renvoie ce dossier devant le
Tribunal criminel, au terme d'une étude, au peigne fin, des procès-verbaux de
la police judiciaire, l'ordonnance de mise en accusation du juge d'instruction,
entre autres pièces du dossier.
La genèse de
l'affaire remonte au 29 décembre 2013. Ce jour-là, à 13h, la police reçoit un
coup de fil l'informant sur un crime ayant lieu dans un local commercial, sis
rue Soufi Zoubida, ex-Boulanger. Dans son bureau au
1er étage de l'usine qui tient lieu, aussi, de point de vente, le patron Lachachi Badreddine, 65 ans, est
allongé par terre, gisant dans une mare de sang. Le petit coffre-fort est
ouvert, l'argent qui s'y trouvait (dont le montant s'est avéré de l'ordre de 30
millions de centimes) a disparu. Pas le grand coffre-fort, situé dans une autre
pièce, qui est, lui, bien fermé, renfermant plusieurs milliards de centimes. A
priori, les assaillants n'ont pas eu le temps d'y accéder, selon les
enquêteurs. A l'entrée, au rez-de-chaussée du local, le gardien, que les
agresseurs auraient laissé pour mort après lui avoir asséné plusieurs coups de
couteau, puis ligoté à l'aide d'un cache-nez et muselé au ruban adhésif, est
évacué aux UMC. Il survivra miraculeusement. Conclusion de l'examen d'autopsie
sur le corps de la victime (plein de traces de coups d'armes tranchantes et
autres violences) établi par les médecins légistes : mort sur le coup provoquée
par une profonde plaie à l'artère fémorale. Selon le dossier d'accusation,
c'est le gardien, auquel trois des quatre mis en cause, vêtus de combinaisons
bleues, s'étaient présentés, ce jour-là, comme étant des agents de Sonelgaz, qui, à partir d'un portrait-robot puis d'un album-photos a pu reconnaitre «
avec exactitude » un des auteurs, K. Kh., un
multirécidiviste. Arrêté, il avoue tout, donnant des détails qui concordent,
parfaitement, avec la scène du crime et le récit du gardien. Ses trois acolytes
seront vite arrêtés. Mais devant le juge d'instruction, tout le monde se
rétracte et nie, tout en bloc, les faits retenus. En plus de l'identification
formelle du gardien, il y a le détail lié à la chaîne retrouvée sur la scène du
crime. La PJ du
Commissariat central, section chargée des atteintes aux personnes, n'a pourtant
écarté aucune piste, fouillant dans la vie privée et professionnelle de la
victime en n'excluant aucune sous-variante. Toutes
les voies ont dû être abandonnées, jusqu'à l'avènement de la piste K.Kh..