Paris a été la
cible d'une série d'attaques terroristes, dans la soirée de vendredi, faisant,
dans un bilan qui est loin d'être définitif, 128 morts et 99 blessés graves
dont le pronostic vital est engagé. Plusieurs fusillades et des explosions ont
éclaté simultanément dans six lieux différents, très fréquentés pour la
circonstance, de la capitale française. Elles ont été menées notamment par un
kamikaze à proximité du Stade de France où se déroulait un match international,
dans la salle de spectacle du Bataclan (XIe arrondissement), ainsi que sur cinq
axes de quartiers du centre de Paris: boulevard Voltaire, au coin de la rue
Bichat et de la rue Alibert, aux abords du canal
Saint-Martin, boulevard Beaumarchais et rue de Charonne.
Selon les
premières constatations, certains des auteurs ont pu participer à plusieurs de
ces attaques. Huit auteurs seraient morts, dont sept en se faisant exploser.
Selon des informations rapportées par la presse française, l'un des terroristes
présumés, mort au Bataclan, serait originaire de l'Essonne et âgé de 26 ans.
Connu des services de renseignements pour sa radicalisation, il aurait été
formellement identifié grâce à ses empreintes digitales. Un passeport syrien a
été également retrouvé près d'un des auteurs des attaques, pour lequel des
vérifications sont en cours. Les restes des corps des kamikazes qui se sont
fait exploser boulevard Voltaire, au Bataclan et au Stade de France, doivent
être ramenés à l'Institut médico-légal (IML). Les enquêteurs espèrent que des
traces ADN ou des empreintes exploitables coïncideront avec un fichier
d'auteurs d'infractions. La «piste syrienne» est l'un des axes de l'enquête
judiciaire d'autant plus que ces attaques ont été revendiquées, hier, par Daech, quelques heures seulement après leur exécution. Dans
un communiqué diffusé sur Internet, l'organisation de Abou Bakr
el Baghdadi a confirmé que l'opération avait été
planifiée à l'avance. «Huit frères portant des ceintures d'explosifs et des
fusils d'assaut ont pris pour cibles des endroits choisis minutieusement à
l'avance au cœur de la capitale française», écrit l'organisation islamiste.
Dans le communiqué, l'EI explique ses motivations et
menace clairement de récidiver: «La
France et ceux qui suivent sa voie doivent savoir qu'ils
restent les principales cibles de l'Etat islamique et qu'ils continueront à
sentir l'odeur de la mort pour avoir (...) insulté notre prophète (...) et
frappé les musulmans en terre du califat avec leurs avions (...)», en référence
à l'attentat contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et les frappes
françaises contre les positions de Daech en Irak et
en Syrie. D'ailleurs, et selon des témoins présents au Bataclan, l'un des
kamikazes a évoqué la participation des Français à la coalition aérienne
internationale qui frappe Daech. «Je les ai
clairement entendus dire aux otages, c'est la faute de Hollande, ?c'est la
faute de votre président, il n'a pas à intervenir en Syrie'. Ils ont aussi
parlé de l'Irak», a raconté un animateur radio et TV qui se trouvait dans la
salle. Des témoins évoquent également des assaillants venus dans une voiture
immatriculée en Belgique, ce qui laisse ouverte l'hypothèse d'une équipe venue
de l'étranger, sans exclure la présence de locaux. En août dernier, un Français
avait été arrêté à son retour de Syrie, où il avait séjourné quelques jours à
Raqqa, fief de l'Etat islamique. Il avait évoqué des instructions pour viser
une salle de concert. Après les attaques, le président français a décrété
l'état d'urgence, donnant ainsi de larges pouvoirs à la police. Des mesures de
sécurité supplémentaires ont également été mises en œuvre à la frontière pour
contrôler les voyageurs arrivant de France par la route, le train ou l'avion, a
annoncé le gouvernement. Le plan multi-attentat, dit
«rouge alpha», a été aussitôt déclenché et près de 1.500 militaires ont été
déployés dans la capitale où les événements se sont précipités dès 21h20
lorsque plusieurs fusillades et explosions éclatent simultanément à Paris.
Ainsi, trois explosions retentissent autour du Stade de France, au nord de
Paris, pendant le match amical France-Allemagne,
disputé devant 80.000 spectateurs. Cinq personnes, au moins, sont mortes dont
le kamikaze qui a actionné sa ceinture explosive. Deux explosions ont aussi eu
lieu rue Jules-Rimet, à Saint-Denis et la troisième à
la Plaine-Saint-Denis, près d'un restaurant McDonald's,
également à proximité du stade. François Hollande, sur place, a été
immédiatement évacué, alors que les entrées et sorties du stade ont été
aussitôt bouclées. Au Bataclan, où jouaient les Eagles
of Death Metal, plusieurs
dizaines de personnes ont été tuées. Certaines sources évoquent au moins cent
victimes. Selon les témoins, il y avait quatre assaillants, qui ont commencé
par tirer plusieurs rafales, avant de mener une prise d'otages. Un assaut, à
l'issue duquel les tireurs sont morts, s'est terminé aux alentours de 00h55. Au
bar Le Carillon, dans le Xe arrondissement de Paris, vers 21h20, une explosion
a d'abord été prise pour un pétard, avant qu'un homme, le visage à découvert,
entre et tire à l'arme automatique. Deux salves ont été tirées; la première
était dirigée contre le bar, puis, après une pause, la seconde a visé le
restaurant Le petit Cambodge, qui lui fait face. «Ça a duré terriblement
longtemps», rapporte l'un des témoins. Entre douze et quatorze personnes sont
mortes. Au même moment, d'autres témoignages rapportaient que deux hommes
avaient ouvert le feu rue de Charonne (XIe arrondissement) sur une terrasse de
café, précisant: «On a entendu plus de 100 balles». L'attaque visait, selon des
témoins, le bar La Belle
Equipe, qui se trouve au coin de la rue Charonne et de la rue
Faidherbe. 19 personnes sont mortes.