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La polémique a enflé autour des chiffres du ministre du Commerce
concernant le transfert illicite des devises et les surfacturations lors des
opérations d'importation à tel point qu'elle a poussé un sénateur à lui poser
une question lors d'une session plénière du Conseil de la nation. Bekhti Belaïb est revenu sur ses
fameux 30% en précisant que sa déclaration a été mal interprétée par les médias
et qu'il fallait comprendre que ce pourcentage représente le montant de
factures d'importations et ne faisait, «référence au montant global des
importations» expliquant cette nuance par le fait que «50% des importations
sont effectuées par des entreprises publiques». Le ministre avait déclaré, il y
a de cela quelques jours, que sur les quelque 60 milliards de dollars du volume
global des importations, environ 30% sont entachés de fraude fiscale et de
fuite des capitaux vers l'étranger. Mais ce que révèle le ministre sur
l'identité des fraudeurs va à l'encontre des idées reçues puisqu'il indique que
les entreprises étrangères sont moins impliquées dans les transferts illicites
de fonds que ne le sont les opérateurs nationaux. Le ministre évoquera encore
que le modus operandi de cette fraude qui passe à
travers des sociétés écrans au sein desquelles «les importateurs sont en même
temps acheteurs et vendeurs». Modérant toutefois ces attaques, M. Belaïb refusera, ce jeudi, de «criminaliser le commerce et
les importateurs», les considérant comme des sauveurs qui ont mis fin aux
ruptures d'approvisionnement qui touchaient, auparavant, même les produits de
base. Sans pour autant se désavouer complètement, il a quand même tenu à
affirmer que le phénomène de surfacturation existe bel et bien et qu'il prend
de l'ampleur. Ce n'est pourtant pas la première fois que le ministre du
Commerce fait marche arrière puisqu'en août dernier, il a dû apporter des
éclaircissements sur ses déclarations remettant en cause le processus de
négociations entre l'Algérie et l'OMC. A propos du
contrôle de la qualité des marchandises, objet également de la question du
parlementaire, M. Belaïb a reconnu le manque de
moyens techniques ne permettant pas un contrôle efficace malgré les saisies
enregistrées. «Durant le premier semestre de l'année en cours, nous avons
bloqué 30.000 tonnes de marchandises importées, non pas sur la base d'analyses
de laboratoires spécialisés, mais sur un simple contrôle visuel», a-t-il
souligné. Le ministre a également critiqué le crédit documentaire (Credoc)
comme moyen de paiement «imposé aux importateurs», rappelant sa volonté, déjà
exprimée, d'y mettre un terme. «J'ai dit et je redis: il faut sortir du Credoc
pour permettre aux importateurs de récupérer leur argent en cas où ils se font
arnaquer par leurs fournisseurs en achetant des produits contrefaits ou non
conformes», a-t-il insisté.
Dimanche dernier, il avait annoncé la suppression prochaine du Credoc qui avait remplacé le Remdoc (remise documentaire), dans la foulée de la loi de finances complémentaire de juillet 2009. Le Credoc, défendu par le gouvernement Sellal, impose de payer à l'avance la marchandise importée, ce qui est supposé éliminer de fait les paiements frauduleux. Les importateurs algériens ont contourné cette contrainte en faisant des virements au profit d'entreprises qu'eux-mêmes lançaient à l'étranger sous des prête-noms, le plus souvent des proches. «Si j'adopte cette position, c'est que je ne suis pas en position de rébellion contre mon Premier ministre», avait-il dit affirmant être «un militant pour le démantèlement le plus rapidement de ce mode de paiement». |
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