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Le Parlement de Catalogne a
adopté hier lundi une résolution sans précédent déclarant le début de la
rupture avec l'Espagne et le lancement d'un processus qui doit aboutir à la
création d'une république indépendante au plus tard en 2017. Soixante-douze
députés indépendantistes (sur 135) ont adopté le texte qui lance ce processus
visant à créer "un Etat catalan indépendant prenant la forme d'une
République". Les partisans d'un maintien en Espagne ont accueilli le
résultat du vote debout, déployant des drapeaux de l'Espagne et la Catalogne.
"J'ai l'honneur et la responsabilité de défendre la proposition de
résolution par laquelle nous lançons solennellement la construction d'un nouvel
Etat, un Etat catalan, une République catalane", avait plaidé auparavant
Raul Romeva, tête de liste de la coalition indépendantiste Junts pel Si
(Ensemble pour le oui). "Après des années pendant lesquelles nous avons
demandé le droit de décider, nous avons décidé de l'exercer", a lancé
l'élu lors de cette session très spéciale retransmise in extenso sur la chaîne
publique d'informations TVE 24 horas. Le Parlement régional de cette région au
cœur de l'Europe méditerranéenne de 7,5 millions d'habitants, représentant 20%
du PIB de l'Espagne, est issu d'un scrutin organisé le 27 septembre centré sur
la question de la sécession. Ces élections ont été emportées par les
indépendantistes, qui ont gagné une majorité des sièges (72 sur 135) sans pour
autant obtenir la majorité absolue des voix (47,8%). Les séparatistes estiment
disposer d'un soutien suffisant pour lancer le processus d'indépendance, et ont
défendu cette résolution en ce sens lundi, soit le "défi le plus important
à la démocratie de ces 30 dernières années", a résumé l'élue du parti
Ciudadanos, opposée à la sécession, Inès Arrimadas.
Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a d'ailleurs promis de le contester au plus vite devant la Cour constitutionnelle. Le texte, une "rupture", selon Anna Gabriel du parti indépendantiste CUP (Candidature d'unité populaire, extrême gauche) lance une "feuille de route" vers la séparation. Le Parlement régional, "détenteur de la souveraineté", ne s'estime désormais plus "tributaire des décisions des institutions espagnoles, et en particulier de celles de la Cour constitutionnelle". La résolution prévoit aussi le lancement de travaux parlementaires pour mettre en place une administration fiscale indépendante et une sécurité sociale. TENSIONS CROISSANTES Le vote intervient après des années de tensions croissantes entre l'exécutif du président catalan sortant Artur Mas et le gouvernement central. Le premier réclamait sans succès un référendum d'autodétermination, poussé par une fièvre indépendantiste alimentée par la crise économique et un premier arrêt de la Cour constitutionnelle ayant raboté les compétences propres de la région. Le 9 novembre 2014, Artur Mas, nationaliste devenu séparatiste, avait déjà passé outre un interdit de la cour, organisant une consultation symbolique mais interdite où 1,9 million de personnes s'étaient prononcées pour l'indépendance. Le vote de lundi a également lieu à moins de deux mois des législatives du 20 décembre en Espagne, où la "question catalane" domine le débat. Mariano Rajoy, dont le Parti populaire (PP, droite) est en perte de vitesse, talonné par Ciudadanos (centre droit) et le Parti socialiste, a obtenu leur soutien sur le terrain de la défense de l'unité de l'Espagne. A six semaines des élections, chacun de ces partis avance cependant sa solution: Ciudadanos une réforme des institutions, le Parti socialiste un dialogue et davantage de fédéralisme et Podemos, antilibéral, l'organisation d'un référendum. Lundi matin, leurs élus ont plaidé avec fougue pour le maintien de la Catalogne en Espagne, évoquant pour certains un anniversaire européen: celui de la chute du mur de Berlin, un 9 novembre 1989, il y a 26 ans. "Nous n'allons pas vous permettre de construire un nouveau mur", autour de la Catalogne, a prévenu le député du PP Xabier Garcia Albiol. Les indépendantistes ont un point faible qui pourrait bloquer leurs desseins: l'absence d'accord sur le futur président de la région, l'extrême gauche refusant le candidat de Junts pel Si, Artur Mas, un conservateur. Ils ont jusqu'au 9 janvier pour s'accorder, faute de quoi ils seraient contraints d'organiser de nouvelles élections. |
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