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Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a levé le voile hier
dimanche dans un entretien à la radio nationale sur la nature des prochaines
licences d'importation qui seront mises en place dans le cadre des importations
de produits contingentés de l'UE. Car cette mesure qui intervient moins de deux
semaines après l'annonce de la fin du système FIFO (premier arrivé, premier
sorti) veut baliser la voie à une « meilleure régulation » du commerce extérieur,
selon le ministre. « Ce dispositif de licences d'importation a été mis en place
pour réguler le commerce extérieur dans une conjoncture marquée par un recul de
nos exportations », a souligné le ministre qui ajoute: « Il faut rationaliser
nos importations à un moment où on a constaté qu'il y a un phénomène de
surfacturation ». Les produits qui seront concernés par ces licences
d'importation seront dans un premier temps au nombre de 15 et ce seront, selon
le ministre, « les produits qui pèsent lourdement sur notre commerce extérieur
». « Il y a 15 produits dans un premier temps, dont ceux pour lesquels nous
n'avons pas obtenu une contrepartie de nos partenaires » européens, a expliqué
M. Belaïb selon lequel cette mesure « va mieux organiser la transparence dans
les opérations commerciales». En fait, le ministre du Commerce explique qu'à
travers l'introduction de licences d'importation, « on va tenter d'avoir au
niveau des prix la relation réelle entre les marchés extérieurs et le notre, là
où les importateurs n'ont pas répercuté les prix réels sur les marchés
extérieurs ». Pour le transfert illicite de devises à l'étranger, il a expliqué
que « ce sont surtout les nationaux qui sont impliqués dans les transferts de
devises, notamment à travers des sociétés écrans.
Ce sont des transferts illicites qui ont pris une ampleur inquiétante. Quand on compare le coût à la valeur réelle, il est de plus de 30% de plus, soit le montant exact des transferts organisés chaque année », souligne-t-il, même s'il tempère son affirmation en relevant que « les importateurs sont des opérateurs utiles ». D'autre part, il a indiqué que « dans la sphère marchande, le taux de délinquance est très élevé: il y a 24.000 infractions, 40 milliards de dinars de chiffre d'affaires dissimulés, il y a eu le blocage de plus de 24.000 tonnes de marchandises, plus de 100 importateurs poursuivis en justice », avant de relever que « ce phénomène de la fraude, de l'évasion fiscale est assez important ». Pour autant, il reviendra sur les licences d'importation en précisant que « ce système des licences ne va pas concerner tous les produits ». Dans un premier temps, il y aura les voitures, le rond à béton, le ciment, les matériaux de construction, et, « le jour où on va constater que l'importation de ces produits se fera normalement, on les retirera du système des licences », explique le ministre du Commerce, selon lequel ce dispositif sera opérationnel « à partir du début de l'année, mais on va faire en sorte qu'il commence bien avant ». En outre, « le fonctionnement va se faire dans la plus grande transparence, et c'est par voie de presse que les importateurs concernés seront informés », ajoute-t-il avant d'expliquer que « la loi nous impose un délai de traitement d'un mois pour répondre aux soumissionnaires, et pour les licences automatiques on a un délai de dix jours pour répondre aux demandes. On va répondre dans un délai raisonnable, on va consulter tous les concernés, car nous sommes tenus d'organiser des consultations avec les organisations patronales notamment, car cela concerne les produits contingentés », détaille le ministre du Commerce. Ce dispositif ne donnera pas lieu à des passe-droits », ni au copinage, selon Belaïb, qui a répondu à la question en indiquant que le ministère va se réunir régulièrement avec les secteurs de l'agriculture et de l'industrie pour fixer les listes et les contingents, et les banques, les douanes et les impôts seront également concernés par ce dispositif. « En fait, la loi nous impose cette transparence et les voies de recours sont ouvertes pour l'ensemble des dispositifs de ce système », ajoute M. Belaïb. LE CREDOC, A ELIMINER AU PLUS VITE! «Le recours à ce dispositif vise à améliorer notre contrôle du commerce extérieur », car souvent « les produits importés ne sont pas conformes aux normes, il y a un problème de contrôle de conformité, de contrôle aux frontières, et c'est pour contrôler la qualité des produits, et rationaliser nos importations ». Sur le Crédit documentaire, M. Belaib est catégorique: « Le mode de paiement de la marchandise avant même de l'avoir reçue sanctionne l'économie nationale, et je suis contre ce système. Je suis un militant pour le démantèlement le plus rapidement de ce mode de paiement », affirme-t-il. Par ailleurs, le ministre du Commerce annonce que le marché du sucre ne sera pas monopolisé par un seul opérateur, car il y aura prochainement l'arrivée sur ce marché de quatre opérateurs, principalement publics. « 80% du marché sont entre les mains d'un seul opérateur », indique-t-il, relevant que les quatre opérateurs qui vont entrer en production prochainement « peuvent exporter même leurs produits », alors que « l'opérateur actuel a de quoi approvisionner pour deux ans le marché national, car il a organisé son approvisionnement par rapport à la baisse des prix » sur le marché international. « Ce qui est déplorable », assure le ministre qui explique que « la baisse des prix sur le marché international n'est pas respectée sur le marché national ». « C'est une infraction, et on va la combattre dans le cadre de la loi » promet, par ailleurs, le ministre du Commerce, selon lequel le système des subventions des produits de large consommation (pain, blé) ne va pas être supprimé par le gouvernement. « Le gouvernement maintiendra le système de subvention, car il faut bien cerner la population qui va bénéficier du soutien de l'Etat ». Pour les boulangers, qui revendiquent une hausse du prix du pain, il a indiqué que le gouvernement maintient là également le prix de la baguette de pain, car « ce sont des produits sensibles. Politiquement personne ne s'aventure à manipuler le prix de ces produits, les politiciens avertis mesurent la conséquence ». PAS D'ABANDON DES SUBVENTIONS Quant à la révision de l'accord d'association avec l'UE, il a commenté cette démarche en estimant que « les impacts recherchés n'ont pas été obtenus et l'Algérie a le droit de faire un bilan serein ». Et puis, « on ne veut pas que l'UE regarde l'Algérie comme un marché ouvert, sans contrepartie, et beaucoup d'Européens se rendent compte que l'accord n'est pas dans l'intérêt du pays et de l'Europe », explique-t-il avant de relever que « l'Algérie a la ferme volonté de renégocier cet accord, et je ne crois pas que les Européens soient contre cette révision ». Pour la zone arabe de libre-échange, il a surtout rappelé que l'Algérie se bat pour sa liste négative et pour l'introduction des règles d'origine alors que, sur l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), il a confirmé que « mon pays continue à confirmer la demande d'adhésion et le processus ne s'est pas arrêté même si, relève-t-il, « ce n'est pas une priorité pour nous ». |
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