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Talaie El Houriat dresse un tableau sombre de l'état de la Nation

par Yazid Alilat

C'est un sombre tableau de la situation politique, dans le pays qu'a dressée, hier samedi, le bureau politique du parti d'Ali Benflis, Talaie El Houriat, et réclame des élections anticipées. Le communiqué, rendu public, à l'issue d'une réunion ordinaire, tenue au siège du parti relève, notamment, que « la Nation vit une véritable crise de régime », qu'il impute, selon lui, à « la vacance du pouvoir, de l'illégitimité des institutions et de la situation de quasi-cessation d'activités dans laquelle elles se trouvent ».

Pour remédier à cette situation, Talaie El Houriat n'hésite pas à souligner que « le dépassement d'une crise de cette nature et de cette ampleur » ne peut être réalisé qu'à travers « le retour au choix du peuple souverain, à travers des élections, définitivement et effectivement, mises à l'abri de la fraude ».

Dans la foulée, le parti de Benflis, « a renouvelé la demande insistante de création d'une instance nationale indépendante de préparation, d'organisation et de contrôle de l'intégralité des processus électoraux à venir », stigmatisant, en même temps, « une volonté de perpétuer sous d'autres formes et par d'autres moyens, le système de la fraude devenu endémique dans le paysage politique national ».

Par ailleurs, dans son analyse de la situation politique dans le pays, le Bureau politique du parti de Benflis relève avec « regret et préoccupation, l'escalade dans le langage de menace, de chantage et d'intimidation qui a pris pour cible toutes les positions critiques à l'égard du régime politique en place ». Il ajoute que sont concernées par ces menaces « les idées contraires ou les opinions divergentes des siennes, exprimées par la société civile, les médias ou l'opposition nationale ». « Un tel langage, qui est le signe d'un pouvoir dans un état de perte de confiance et de désarroi, est contraire à l'esprit du pluralisme politique et aux règles d'une saine pratique politique qui exclut les tentations hégémoniques et les prétentions dominatrices du régime politique en place et des clientèles dont il s'est entouré ». Stigmatisant, « avec vigueur, le recours irresponsable aux menaces, aux accusations et aux tentatives d'intimidation », le BP de Talaie El Houriat réaffirme sa détermination de ne pas céder aux menaces, et dénonce le « projet politique de refondation d'un système politique (...) devenu, de toute évidence, l'obstacle majeur devant l'entrée du pays dans la modernité politique et la rénovation économique et sociale ».

PLF 2016 TROP FISCALISE

Sur le projet de loi de finances 2016, le parti de Benflis est tout autant critique, et relève qu' « à l'instar de la loi de Finance complémentaire pour l'année 2015, le projet de loi de Finances, pour l'année 2016 s'inscrit dans une logique, purement et limitativement, comptable, inapte à mettre le pays en position de relever, effectivement, la gravité des défis que lui pose la crise économique dont il continue et continuera à subir les effets sévères, à défaut d'une stratégie plus appropriée ». En outre, Talaie El Houriat estime que 15 mois après l'apparition de la crise économique, née de la baisse des cours pétroliers, l'Algérie, « à la différence des pays exportateurs d'hydrocarbures, fait figure d'exception en étant le seul pays, encore dépourvu de stratégie globale, cohérente et performante face à cette crise ». En outre, il estime que « l'insuffisance des recettes » auxquelles a recouru le gouvernement « destine le pays à aller au devant d'une aggravation de la situation économique actuelle et d'un autre échec assuré, tant la gouvernance actuelle pêche par manque de courage, d'innovation et de rigueur, dans la prise en charge des retombées de la crise énergétique mondiale sur l'économie nationale ». Le quatrième grief de Talaie El Houriat, porté contre le PLF2016 est que « l'approche, étroitement fiscaliste, adoptée par le gouvernement, n'est qu'un adjuvant de courte vue tant elle se confine au seul traitement des manifestations comptables de la crise plutôt qu'aux dysfonctionnements fondamentaux de l'économie nationale, qui constituent les véritables causes de son extrême vulnérabilité, face à cette crise ». Plus grave, accuse encore le parti der Benflis, « la démarche du gouvernement fait porter le poids de la lourde pression fiscale décidée à certaines catégories de la population et en exonère les niches clientélistes et rentières de même que celles de l'argent douteux qui domine de vastes pans de l'économie nationale ». Le recours à la rigueur budgétaire et le report de plusieurs projets de développement local, décidés par le gouvernement, pour répondre à la baisse des recettes pétrolières est qualifiée, par le bureau politique du parti de Benflis de « démarche approximative, improvisée et insuffisamment mûrie », et de « discriminée et irréfléchie ».

Enfin, le parti de Benflis, qui a appelé à l'élargissement des rangs de l'opposition autour de « la promotion de l'alternative démocratique », a annoncé sa participation à la seconde conférence nationale de l'opposition, actuellement en préparation. L'ordre du jour de la réunion ordinaire de Talaie El Houriat a porté, notamment, sur les activités du président du parti, le projet de révision constitutionnelle, le projet de loi de Finance, pour l'année 2016, la réunion de l'Instance de Concertation et de Suivi de l'Opposition (ICSO).