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Dix-neuf personnalités politiques dont Louisa Hanoune, des anciens
moudjahidine, des anciens ministres (dont Khalida Toumi) et des artistes ont
demandé, solennellement, « une audience auprès du président de la République».
L'enjeu est d'attirer l'attention du chef de l'Etat «sur la dégradation du climat général dans notre pays». Les signataires veulent « informer le président sur les graves dérives qui sont en train de se produire ». Ils veulent connaître qui est derrière les dernières décisions, notamment celle relative à l'abandon du droit de préemption de l'Etat. L'ancienne ministre de la Culture et militante pour les droits des femmes, Khalida Toumi, a affirmé lors d'une conférence de presse animée hier à l'hôtel Safir que les dernières décisions ne ressemblent pas à la personne du président de la République. Elle est l'une des signataires qui « ne veut pas croire que certaines décisions sont l'œuvre du président Bouteflika ». « On s'interroge par rapport à certaines décisions prises », a-t-elle affirmé. Elle va plus loin en affirmant «on veut lui parler pour voir s'il est au courant ou pas », a-t-elle expliqué. Les initiateurs de cette lettre veulent connaître la position ou avoir des éclaircissements du président de la République en personne sur certaines situations et décisions jugées graves. Ils citent la déliquescence des institutions de l'Etat, la mise en péril des acquis de la nation et l'affaiblissement du front politique et social, au moment où les niveaux des menaces extérieures sont si élevés. Les signataires veulent alerter le président de la République sur la grave dégradation de la situation économique et sociale « qui frappe la majorité du peuple algérien, à laquelle sont apportées des réponses inquiétantes de la part des autorités du pays, augurant de l'extrême précarisation des plus vulnérables tout en livrant le pays, ses richesses, ses capacités aux prédateurs et aux intérêts étrangers contre lesquels vous avez lutté», selon le contenu de la lettre. Il est question également d'attirer l'attention du président de la République sur l'abandon des cadres algériens « livrés à l'arbitraire, aux sanctions partiales, en violation des lois et règlements de la République et des procédures légales dans un climat d'oppression que vous haïssez tant», ont-ils souligné. Mais, selon Khalida Toumi, le plus grave, c'est l'abandon du droit de préemption, car cette décision, explique-t-elle, a de graves implications politiques. Pourtant, affirme l'ancienne ministre de la Culture, « le président de la République a toujours défendu le droit de préemption en disant que c'est une chose sacrée». Elle poursuit : « remettre en cause ce principe nous pousse à nous poser des questions sur qui est derrière ces décisions, car le président, tel que nous le connaissons et tel que je le connais personnellement, et que j'ai eu l'honneur de connaître en tant que ministre travaillant sous son autorité, sa direction, et appliquant son programme, ne pourra pas prendre une telle décision ; l'abandon du droit de préemption de l'Etat ne faisait pas partie de son programme». « C'est le programme de qui ? ». Khalida Toumi répond : « justement, on veut savoir qui est derrière ces décisions et qui est derrière ce programme». Khalida Toumi a affirmé que la grande partie des signataires avait déjà sollicité le président pour une audience, mais en vain. «Nous sommes des Algériens, et on sait très bien que les portes ont été fermées», regrette Khalida Toumi. Elle affirme qu'elle avait adressé, elle-même, une lettre au président de la République, au mois de février dernier, mais, affirme-t-elle, elle n'a pas eu de réponse. Pourtant, dit-elle «le président de la République, tel que je le connais, a toujours répondu à nos lettres, à nos demandes». Elle poursuit : «nous connaissons les convictions du président, son programme, ses pratiques, ses combats y compris en tant que président, et il nous connaît, il connaît notre loyauté vis-à-vis de notre pays, nos institutions et vis-à-vis de notre peuple». Louisa Hanoune a signé cette lettre en tant qu'ex-candidate à l'élection présidentielle. Elle a précisé que cette initiative n'est pas un projet politique et qu'il ne s'agit pas de faire un gouvernement parallèle. Elle insiste : « notre démarche est légaliste». Les signataires prévoient des actions à entreprendre au cas où le président Bouteflika refuse de les recevoir. «Nous avons tracé un calendrier mais nous ne pouvons rien dire pour le moment. Nous n'attendrons pas des mois, mais seulement quelques jours», a conclu Louisa Hanoune. |
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