Quel
crédit et surtout quelle résonance donner à l'appel insistant du secrétaire
général de l'ONU, Ban Ki-moon qui a appelé, ce mercredi soir depuis New York, à
de «véritables» négociations entre le Front Polisario et le Maroc qui doivent
être lancées dans les prochains mois avec pour but aboutir à
l'autodétermination du peuple sahraoui. Evoquant le travail de titan abattu par
son envoyé spécial, Christopher Ross, le Sud-Coréen regrette l'échec des négociations
de 2007 à New York entre les deux parties qui devaient en principe déboucher
sur l'ouverture de négociations auxquelles la communauté internationale avait
appelées. Une première cartouche tirée à blanc et il aura fallu presque neuf
ans pour s'offrir une seconde ou deuxième chance, selon les résultats des
prochaines négociations entre le Polisario et le Maroc, pour clore le dossier
sahraoui. Pour Ban Ki-moon et le reste du monde, la solution la plus naturelle
à ce conflit est l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental mais pour
Mohamed VI, pour qui le Maroc ne lâchera jamais «son» Sahara, «l'initiative
d'autonomie est le maximum que le Maroc puisse offrir», devait-il déclarer dans
un discours prononcé à l'occasion du 39e anniversaire de la «Marche verte» sur
le Sahara Occidental annexé par le Maroc depuis 1975. Une solution rejetée par
le Polisario qui réclame un référendum d'autodétermination. Devant
l'imperméabilité du royaume alaouite, il n'est pas difficile de deviner l'issue
de ces négociations que d'aucuns estiment qu'elles connaîtront le même sort que
celles de Manhasset et du coup, une perte de temps dans le règlement du conflit
qui profite pleinement à Rabat. Ce dossier, source permanente d'une tension
dans la région et qui empoisonne le climat entre le Maroc et l'Algérie, devra
être solutionné, et définitivement, par les instances onusiennes. Le Conseil de
sécurité de l'ONU doit prendre une décision forte et responsable pour mettre le
Maroc devant ses responsabilités mais malheureusement, l'argent de la
diplomatie de Sa Majesté est passé par là.
Le Snowden marocain révélait que l'entourage proche de
l'ex-Haut-commissaire pour les Droits de l'homme (HCDC), Navi Pillay, était
infiltré par le Maroc pour manipuler la gestion du dossier des violations des
droits de l'homme au Sahara Occidental. Le Makhzen avait mis en place une
véritable stratégie d'infiltration et de pression sur la première responsable
du HCDC à travers son entourage l'influençant directement dans le dossier
sahraoui. Dépassant le simple travail de lobbying, les documents de la Mission
marocaine à Genève, piratés par le hacker cyber-activiste, mettent en lumière
un maillage pour cadenasser le dossier des droits de l'homme au Sahara
Occidental. Appui financier, fuites d'informations sensibles, pressions et
manipulations ont été les armes favorites du Maroc pour éviter de se faire
épingler sur cette question, jusqu'à aujourd'hui. Une stratégie payante
puisqu'elle a permis de faire avorter une tentative d'élargissement du mandat de
la mission de l'ONU au Sahara Occidental (Minurso) à la question des droits de
l'homme. Washington ayant élaboré un projet de résolution en ce sens au Conseil
de sécurité avant de renoncer face au lobbying de Rabat. Les prochaines
négociations seront-elles les bonnes ? Malheureusement non au vu des intérêts
économiques des puissances occidentales, la France, en premier, qui continue de
peser de tout son poids.