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La secrétaire
générale du Parti des Travailleurs (PT) a de «sérieux doutes» que le président
de la République «ait toutes les données sur la situation du pays». Lors d'un
point de presse organisé hier au siège du parti, Louisa Hanoune a largement
commenté la lettre de Bouteflika à l'occasion de l'anniversaire du
déclenchement de la révolution.
Louisa Hanoune estime que cette lettre «ne correspond pas à une lecture précise de la réalité du pays». Elle constate que le «rédacteur de la lettre» a évité plusieurs sujets, notamment celui concernant les changements opérés à la tête des services de sécurité. «La lettre évite de répondre aux craintes légitimes quant aux cascades de changements au sein des services de sécurité» et à «leurs implications». Concernant le volet économique de la lettre, Louisa Hanoune estime que l'affirmation du président de sa volonté de «consacrer la souveraineté nationale» n'est pas compatible avec les mesures prévues dans la loi de finance complémentaire (LFC 2015) et l'avant-projet de loi de finance (LF 2016). Parmi ces mesures elle cite : «l'abandon du droit de préemption» instauré dans la LFC 2009 et le «retour à l'endettement extérieur» ce que la SG du PT considère comme «dangereux» et un «coup mortel pour le pays». A cela elle ajoute les «avantages et cadeaux accordés aux étrangers» dont la «suppression de l'obligation de réinvestir une partie des bénéfices en Algérie». Louisa Hanoune estime que la description que fait la lettre de Bouteflika de l'engagement de l'Etat à «continuer l'investissement public» est aussi «fausse». Car, dit-elle, dans l'avant-projet de la LF 2016, «l'Etat se désengage des investissements publics» et prévoit de «réduire de 20% le budget d'équipement» soit «dans la même proportion qu'en 1986 lorsque l'Algérie était très endettée». PAS DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ? «Est-ce que le présidant est au courant de cette tendance à l'austérité ?», s'interroge Mme Hanoune pour qui l'évocation de la «notion de mondialisation» dans la lettre est un véritable blasphème. «Celui qui a rédigé cette lettre doit être le seul au monde à évoquer la mondialisation dont même les promoteurs occidentaux ne parlent plus». Pour Louisa Hanoune avec l'adoption de la LFC 2015 et les mesures contenues dans l'avant-projet de la LF 2016 donnent à penser que le gouvernement «applique une politique pire que celle du FMI et de la Banque mondiale». «Ils font de l'excès de zèle», dit-elle. La SG du PT s'interroge aussi sur l'absence à toute référence à la «lutte contre la corruption» dans la lettre du président de la république. «Le président sait-il que le gré à gré est devenu la norme dans les marchés publics? Que le secteur public et le privé traditionnel sont en danger ? Que la privatisation revient à l'ordre du jour ? Que les caisses de l'Etat sont vidées avec la réduction de la TAP et l'IBS ? Sait-il que Sonelgaz est en danger à travers la volonté d'ouverture de son capital ?» PREROGATIVE DU PRESIDENT AU MINISTRE DES FINANCES Louisa Hanoune a également abordé l'article 71 de l'avant-projet de LF 2016 dans lequel il est prévu, selon elle, d'accorder au ministre des Finances la possibilité de modification les attributions de budgets après la signature de cette loi. «Le ministre des Finances s'est arrogé une prérogative du président de la République. A quoi bon que le président de la République signe la LF 2016, si son ministre des Finances puisse modifier à sa guise les attributions de budgets en enlevant à certains secteurs pour en donner à d'autres ?», ajoute la SG du PT. Une mesure qu'elle qualifie «d'anticonstitutionnelle». Mme Hanoune reproche également au ministre des Finances de parler des hausses des prix prévues dans le texte «qui est encore en discussion au niveau des commissions de l'APN» comme «d'un fait accompli». «Des experts du FMI sont plus indulgents que le ministre des Finances», a-t-elle ajouté. La SG du PT estime que si ces mesures seront adoptées, «le pouvoir d'achat des Algériens va dégringoler de 50 à 60%é. Et prévient : «Ça va être l'effondrement». «Car l'ordre des priorités des Algériens a changé. Si avant ils acceptaient de supporter la crise pourvu que la sécurité soit garantie, les choses ont changé maintenant», dit-elle. |
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