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Dans sa lettre à l'occasion du Premier Novembre, le
président de la République a mis en garde les Algériens leur demandant « de
bien considérer les enjeux de l'étape dans laquelle se trouve le pays et de
garder leur sang-froid devant les défis qui sont bien souvent exagérés dans le
but de les effrayer et de les faire douter de leurs capacités ».
Le message, en fait, est beaucoup plus destiné à la classe politique et aux partis de l'alliance présidentielle soumis depuis peu à une féroce guerre de leadership entre, notamment, le RND et le FLN, deux formations qui, pourtant, font le sérail politique national. Leurs chefs, alliés inconditionnels du pouvoir affichent un désaccord total sur les méthodes à employer pour parvenir à ce projet de « front intérieur » qui leur est cher, à l'un et à l'autre. La proposition pour un front uni « n'est pas le mode qui nous convient » a déclaré Ahmed Ouyahia au nom de son parti, ce qui a exacerbé Amar Saâdani qui s'emploie, d'ores et déjà, à décrocher la majorité au Sénat pour affaiblir son rival. Il faut dire que les escarmouches entre FLN et RND sur cette question de soutien au programme du président de la République sont devenues monnaie courante, même si le ton reste policé. Elles font, en tous les cas, les manchettes de la presse nationale. Pendant ce temps-là, dans le camp de l'opposition, on s'apprête à se rassembler de nouveau, afin de démontrer que chez Ali Benflis et consorts, on détiendrait « l'alternative » au pouvoir, et qu'on s'apprêterait à la présenter au citoyen et à la société civile. L'ancien chef du gouvernement, n'a pas manqué, d'ailleurs, de fustiger à partir de Sétif, ce qu'il a qualifié de « démocratie spécifique algérienne », affirmant que l'opposition nationale réclame une transition démocratique, c'est-à-dire, le départ du président de la République ! Et comme pour enfoncer le clou, ceux de l'ISCO mettent en avant la situation économique du pays pour rappeler : « le jour où nous avons averti et alerté de la gravité de la situation, ceux qui, parmi le système, manquaient d'intelligence et de compétences, nous contredisaient et nous accusaient d'amplifier les choses et le temps a fini par nous donner raison ». Cette réaction de l'opposition a fait réagir un éditorialiste qui a dit ceci : « au nom du changement, l'opposition a mis de côté les idéologies pour se réunir autour d'un seul objectif, le départ du pouvoir en place. Avec cette façon de faire, les organisations créées par l'opposition ne portent pas en elles la solution, mais plutôt le germe du chaos ». Comment ne pas le croire, quand on sait que dans les rangs de l'opposition, certains en avaient appelé à l'armée tandis que d'autres menacent encore aujourd'hui, de porter leurs revendications dans la rue ! Est-ce à dire que l'invitation lancée par Amar Saâdani y compris aux partis de l'opposition « conviés » à adhérer à son initiative de front intérieur n'a pas été bien reçue ? Oui, semble-t-il, car l'opposition a un avis tranché sur la question : c'est non, au moment même où Taj, le MPA, l'ANR et les partis qui gravitent autour, font campagne en faveur de la proposition du SG du FLN ; la démarche politique de ce dernier, s'inspirant des idées du « parti unique » Louisa Hanoune se pose la question sur le sens d'un tel projet, auquel, sans surprise, elle a opposé une fin de non recevoir. On assiste, désormais, à un nouveau bras de fer entre les partis de la majorité présidentielle et les opposants : une espèce de « remake » de l'époque de Sid Ahmed Ghozali et de son projet de « conférence nationale » qui a ratissé large (FLN- ex FIS et FFS ), pour le résultat que l'on sait ! Mais comment vont évoluer les rapports entre les deux camps du pouvoir et de l'opposition, d'ici 2017 et surtout 2019, s'interrogent les observateurs et ceux qui, parmi les citoyens, suivent peu ou prou, les activités politiques dans le pays ? Les citoyens ont peur, même s'ils sont beaucoup plus préoccupés par les vicissitudes du quotidien et de la vie chère ; ils ne comprennent pas aussi, pourquoi en haut lieu et chez les opposants, on continue à se chamailler et parler en même temps de la nécessité de conforter la stabilité du pays ! Le SG du FLN, semble détenir la réponse à ce paradoxe : « il est important d'activer la scène politique, dit-il, afin qu'elle puisse s'adapter aux mutations qui surviennent dans la société et relever les défis qui se posent à l'Algérie, notamment en ce contexte marqué par l'instabilité et les crises dont souffrent nombre de pays arabes et africains ». Peu importe pour Amar Saâdani qui s'accroche à son idée d'un front intérieur et qui est, en même temps, capable de rester sur son invitation à l'endroit de l'opposition, même si celle-ci se préoccupera, essentiellement, à lui marquer son refus. Il restera, ainsi, sur sa proposition, a écrit un éditorialiste, ne serait-ce que pour marquer sa différence avec le Secrétaire Général par intérim du RND. Assiste-t-on, aujourd'hui, à la résurgence d'une nouvelle pensée unique ? Oui, puisqu'on entend sur fond de « guéguerre », les mêmes éléments de langage prédigérés et les mêmes arguments si usés, tant des partis au pouvoir que ceux de l'opposition, à telle enseigne que l'on devine les ambitions au travers ! Il y a aussi toutes ces phrases assassines, ces accusations et aussi ces tentatives de « révision » de l'Histoire qui fusent de partout à travers un déballage qui ne dit pas son nom et qui, au final, donne une piètre image du monde politique incapable de porter un projet de société, encore moins défendre un programme de gouvernance. Voilà à quoi nous assistons aujourd'hui : au réveil de la pensée du vide ! Il est toujours déprimant de voir revenir, avec des couleurs d'avenir, ce qui a assombri le passé. A qui la faute ? Aux institutions qui nous condamnent à ce spectacle politique désolant et à ce multipartisme de façade, qui n'intéresse que ceux qui en font commerce ? Ou à tous ceux qui ramènent tout à une course à l'élection présidentielle de plus en plus semblable à ces tours de manège, où les enfants s'essaient à décrocher le pompon, avec l'assurance de n'avoir à l'arrivée ni projet, ni méthode, ni volonté politique ? Encore moins, le souci de tenir leurs promesses de campagne, ou leurs engagements d'opposants démocrates ? L'algérien, le citoyen lambda est à mille lieux de tout ce remue ménage ! Loin, par exemple, de l'ambition de Amar Saâdani de remporter la majorité au Sénat et supplanter, ainsi, son « ami » Ahmed Ouyahia ! Il ne se reconnaît pas aussi, dans ce qui agite tous les « politicards » qui s'emploient, par tous moyens, à consolider leurs « baronneries » et leur « carriérisme » politique ! Il faut que cela cesse, parce que c'est trop ! Et rien que pour ça, il faut, pour le moins écouter et donner le temps au président de la République, lui qui s'apprête à livrer son projet de nouvelle constitution, comme il vient de l'affirmer dans la lettre lue en son nom à l'occasion de l'anniversaire du 1er novembre 1954 et qui a été énormément commentée par les représentants des partis de l'opposition. Il pouvait sembler au vu de la vision qui est la leur sur le pouvoir incarné par Abdelaziz Bouteflika, qu'ils rejetteraient, en bloc et sans nuance, le projet présidentiel au motif que contestant la « légitimité » électorale de son promoteur, ils ne peuvent souscrire aux retouches qu'il a décidé de porter à la loi fondamentale du pays. Ils se sont abstenus, même si, certaines personnalités se réclamant de l'opposition s'entêtent à se livrer à une fronde systématique et au rejet de tout ce qui émane du pouvoir, ce qui ne veut pas dire, par ailleurs, qu'ils doivent perdre leur sens critique et leur capacité de proposition ? La réponse est toute simple : l'opposition manque, cruellement, d'une figure de proue à même de la fédérer et de parler en son nom ! Quant aux changements constitutionnels annoncés, ils ouvriront la voie, assure-t-on du côté de la présidence de la république à une transformation en profondeur de la vie politique avec la séparation des pouvoirs, plus de prérogatives aux parlementaires de l'opposition et surtout, l'instauration d'un mécanisme indépendant de suivi et de contrôle des élections. Autant d'objectifs chers aux opposants ! Une deuxième république, se sont précipités à affirmer les plus optimistes, auquel cas il sera enfin possible, ont-ils dit, d'engager les réformes structurelles dont a besoin notre société embrigadée dans des structures conçues dans le passé, avec un contexte différent de celui d'aujourd'hui ! Alors, disons-le, sans ambages, il est temps de « laisser les armes aux vestiaires ! ». Le pays a besoin d'une « trêve politique », maintenant ! Dans l'urgence d'aujourd'hui, on pourrait admettre qu'il existe des choses plus urgentes que celles consistant à exiger une période de transition ou des élections présidentielles anticipées. Toutes les bonnes volontés où qu'elles se trouvent, doivent se mettre en synergie pour débattre des problèmes du pays, même si personne n'imagine qu'on est convié à se tenir la main, tendrement, les uns et les autres pour le plus grand bonheur possible ! Ce serait ridicule et même malsain, car la démocratie, c'est aussi la bagarre et l'alternance. Il faut dire aussi que nous sommes le seul pays au monde à s'offrir le luxe d'une course en sac, quand il faudrait se préparer au marathon ! Peut-on alors, espérer des politiques de tout bord, une petite pause dans leurs chers pugilats afin de permettre au pays de souffler, de se mettre en ordre de marche et de s'en sortir. Et aux justes réformes constitutionnelles d'aboutir. Ou, pour le moins, d'être rendues publiques par leur initiateur, le président de la République ! Et passé le plus dur, le jeu de massacre pourra recommencer gaiment ! Bien entendu, ce n'est pas facile, car cela revient pour chaque Parti de l'opposition à brutaliser son aile la plus conservatrice et la plus radicale. |
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