Qu'elle soit démesurée, ou irréaliste, par les temps qui courent,
l'ambition de promouvoir un salaire pour les nécessiteux à partir de Soundouk
Zakat fait son chemin. Le directeur des Affaires religieuses de la wilaya de
Constantine, M. Lakhdar Fanit, a lancé dans la foulée de la 14e journée de
sensibilisation autour du thème de la Zakat que «le Fonds de la Zakat se doit
d'assurer un salaire pour les familles nécessiteuses». Le représentant du
ministre des Affaires religieuses, M. Redouane Maache, a de son côté quelque
peu tempéré les ardeurs en soulignant que «le salaire en question sera
périodique, pas forcément chaque mois, cela peut aller jusqu'à assurer un
salaire chaque deux ou trois mois, c'est selon la disponibilité financière».
Véritable «levier» économique, la Zakat n'a pas atteint chez nous sa vitesse de
croisière, pour ne pas dire que les choses avancent sur le terrain à pas de
tortue. Bien sûr, les chiffres des collectes organisées depuis 2003, date de la
création du Fonds de la Zakat, mettent en exergue une adhésion qui va crescendo
mais cela ne reflète aucunement les réelles richesses entre les mains des
Algériens. «Une seule personne peut donner plus que ce qui a été capté en une
année par le Fonds de la Zakat», confient deux intervenants après avoir pris
connaissance du montant «dérisoire» de la Zakat récolté en 2015 par la wilaya
de Constantine, 3 milliards de centimes et quelques poussières ! Certes, si
l'on met en évidence le nombre important des gens aisés (le nissab de la Zakat
fixé pour l'année 2015/2016 à 395.250 dinars) qui doivent contribuer au
renflouement des caisses du Fonds de la Zakat, le compte se chiffrerait en
centaines de milliards, selon des spécialistes, mais plusieurs facteurs
contribuent à l'échec d'une pareille finalité. En premier, il y a cette masse
impressionnante d'argent «noir» en circulation, dont les détenteurs font de la
Zakat presque au «noir», si jamais ils y croient. Faut-il le rappeler, l'Etat
déploie toute son énergie pour intégrer cette énorme masse d'argent «noir» dans
l'économie régulière, et peut-être bien que le Fonds de la Zakat en ressentira
un impact positif dans ce sillage. En tout cas, le ministère des Affaires
religieuses s'engage dans «un nouveau défi» pour promouvoir Soundouk Zakat, et
«augmenter le nombre de bénéficiaires ainsi que les montants attribués aux
nécessiteux». La communication constituera dans ce cadre un élément clé de la
réussite, avec d'autres initiatives de rencontres ciblant les couches aisées.
Tout le monde est conscient, aujourd'hui, de la nécessité d'élargir l'adhésion
des fidèles au troisième pilier de l'islam, placé par certains exégètes à la
même hauteur que la prière, elle-même. «Le Fonds de la Zakat pourrait,
effectivement, combler la baisse de l'aide sociale consentie sur fonds propres
de l'Etat, imposée sur certains plans par l'austérité», laisse-t-on entendre.