Le consulat général de Malte, à Alger, est au cœur d'une affaire de
corruption impliquant personnellement, Robert Falzon, le consul général, en
poste depuis mars 2014 jusqu'à août dernier.
Le 22 octobre dernier, Beppe Fenech Adami, le leader adjoint du
Parti nationaliste (PN) de centre-droit, une formation politique de
l'opposition, dévoilait, lors d'un débat parlementaire sur le budget alloué
pour le ministère des Affaires intérieures, pour 2016, l'existence d'un vaste
trafic de visas Schengen, délivrés par le consulat général, à Alger, en
direction de son pays. Pour preuve de ses accusations, le nombre de visas
accordé aux citoyens algériens estimé à 6.748, depuis mars 2014. «Je suis
informé que beaucoup de ces Algériens qui obtiennent des visas ne passent que
quelques heures à Malte, avant de partir pour d'autres pays de l'UE», a-t-il
affirmé. Il précisera qu'Air Malta qui «a récemment étendu ses vols vers l'Algérie»,
affiche complet, au départ d'Alger «mais les voyages retour sont toujours
vides». En février 2015, Robert Falzon, propre cousin du Premier ministre
maltais, déclarait que le consulat délivrait entre 150 à 200 visas par semaine
et le chiffre était en progression constante. Le souci premier de M. Adami
étant de protéger les pays d'Europe d'une immigration détournée. Rappelons que
le PN est membre du Parti populaire européen et membre associé de l'Union
démocratique internationale et qu'il est résolument pro-européen, contrairement
au Parti travailliste, opposé à l'adhésion à l'Union européenne. Interrogé sur
ces allégations, le Premier ministre maltais, le travailliste Joseph Muscat, a
répondu que l'opposition devrait présenter, à la police, les preuves de ce
qu'elle avance dans cette affaire. Le chef adjoint du PN, et dans une
conférence de presse, s'est interrogé sur le rôle de la police et si et quand
avait-elle été informée de ces allégations. «Le fait que près de 7.000 visas
ont été accordés par Malte, en 18 mois, devrait être suffisant pour soulever
des questions», a déclaré Beppe Fenech Adami. Ce dernier s'est, également,
demandé quand le Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères,
George Vella, ont été informés de ce dossier. «Plutôt que de nous donner des
réponses, le Premier ministre est resté, muet face à un scandale qui est
dommageable pour notre réputation nationale et de saper notre sécurité
nationale et celle des autres pays européens», a-t-il ajouté. M. Muscat a
souligné qu'il n'avait pas à demander à la police où en était l'affaire, en
tant que Premier ministre. «Le devoir de la police était d'agir, indépendamment
et enquêter sur les allégations qui leur sont présentées», expliquant qu'il a
déjà entendu de telles accusations concernant, pratiquement, tous les consulats
de Malte. Des déclarations faites au gouvernement qui ont été transmises à la
police, demandant à l'opposition de faire de même. Il a affirmé que son
gouvernement n'était au courant d'aucun acte répréhensible, au sein de sa
représentation consulaire à Alger. George Vella, a réitéré les mêmes
déclarations, vendredi dernier, au Parlement affirmant qu'il ne possédait
aucune information sur une quelconque faute commise, et que, seulement, la
moitié des demandeurs de visa algériens a été satisfaite. En janvier 2015, le
journal «Times of Malta» rapportait que 46% des demandes de visas ont été
refusées par le consulat de la République de Malte, à Alger, selon le ministère
maltais des Affaires étrangères. A ces refus s'ajoute le contrôle rigoureux des
détenteurs des visas Schengen, auxquels l'autorité sécuritaire portuaire ou
aéroportuaire refuse, parfois, l'entrée dans le territoire maltais. Ces
contrôles se font, d'après le même ministère, conformément aux règles définies
dans le traité de l'espace Schengen. Ces refus, de plus en plus importants,
renseignent, ainsi, sur la volonté des autorités maltaises de réduire,
considérablement, le nombre d'Algériens qui entrent dans cet Etat insulaire,
situé dans la mer Méditerranée, et le visa devient, depuis quelques années, de
plus en plus difficile à obtenir. Pourtant, des informations rapportées par la
presse maltaise indiquent que le gouvernement Muscat avait eu connaissance de
cette affaire depuis, au moins août ,de cette année.