Les Coupes du monde 2018 et 2022 devaient initialement être
attribuées à la Russie et aux Etats-Unis, et non au Qatar, selon «un
arrangement diplomatique» en coulisses, a déclaré le président démissionnaire
de la FIFA Joseph Blatter dans le Financial Times d'hier. «C'était dans les
coulisses. Il y avait un arrangement diplomatique», «un gentleman's agreement»,
pour que les deux tournois se disputent en Russie et aux Etats-Unis, a dit le
Suisse, répétant ainsi, en des termes plus forts, des affirmations déjà
formulées mercredi à l'agence russe Tass. Si le plan a capoté pour le
Mondial-2022, c'est à cause de «l'interférence gouvernementale de Sarkozy»,
alors président de la République française, selon Blatter: «Une semaine
seulement avant l'élection j'ai eu un appel téléphonique de Platini qui a dit:
+Je ne suis plus ton plan parce que le chef de l'Etat m'a dit que nous devrions
prendre en compte... la situation de la France+. Et il m'a dit que cela concernerait
plus d'un vote parce qu'il avait un groupe de votants avec lui». Platini a
révélé avoir voté pour le Qatar en décembre 2010 lors de l'attribution du
Mondial-2022 mais a toujours nié l'avoir fait sur la demande de l'ancien
président de la République (2007-2012), qui l'avait peu avant invité à un repas
à l'Elysée en compagnie notamment du futur émir du Qatar. Jeudi sur BFMTV,
Sarkozy, en visite à Moscou pour y rencontrer notamment le président russe
Vladimir Poutine, avait démenti les allégations de Blatter: «Voilà encore un
autre qui me prête beaucoup de pouvoir, a ironisé le président du parti Les
Républicains. Je n'avais pas cette ambition, ni celle de diriger le PSG (dont
les propriétaires sont qatariens, ndlr), ni d'attribuer à qui que ce soit la
Coupe du monde. Mais vous le remercierez quand même pour moi. C'était sans
doute une allusion qui fait écho à sa très grande amitié pour Michel Platini».
Sarkozy répondait alors aux propos tenus par Blatter à l'agence Tass. «En 2010,
nous avions pris une double décision, avait affirmé le Suisse. Nous nous étions
mis d'accord pour aller en Russie (...) Et en 2022, nous reviendrions aux
Etats-Unis. Ainsi nous aurions les Coupes du monde dans les deux plus grandes
puissances». Mais, selon Blatter, tout a changé après «cette réunion entre (le
président Nicolas) Sarkozy et le prince du Qatar (Tamim ben Hamad al Thani) qui
dirige actuellement l'émirat», réunion suivie du fameux repas. Après cela,
«lors du vote à bulletins secrets (pour désigner le pays hôte du Mondial-2022),
quatre voix européennes ont lâché les Etats-Unis et le résultat a été de 14
(voix) à 8 (pour le Qatar)», avait poursuivi Blatter. Si ces quatre voix
n'avaient pas basculé, «cela aurait été 12 à 10 (pour les Etats-Unis). Et si
les Etats-Unis avaient reçu ce Mondial, nous ne parlerions aujourd'hui que de
cette merveilleuse Coupe du monde 2018 en Russie, et nous ne parlerions d'aucun
problème à la FIFA «. Le successeur de Blatter sera élu le 26 février et sept
candidats sont en lice. Parmi eux, Michel Platini, président de l'UEFA, dont la
candidature est gelée pendant sa suspension de 90 jours en raison d'un
versement controversé de 1,8 million d'euros reçu de Blatter en 2011.