Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Reprise des travaux sur le site des 28 lots de Canastel : Les associations dénoncent le silence des pouvoirs publics

par Houari Barti

L'affaire dite des « 28 lots » de la forêt de Canastel, intrigue. D'un côté, un terrain qui a fait, et qui continue de faire l'objet d'une vive polémique, de déchaîner les passions, de susciter l'indignation. De l'autre, un silence, assourdissant, des pouvoirs publics, une passivité inexplicable que certains n'hésitent pas à, carrément, assimiler à de la complicité.

Après l'Association des Résidents de Canastel (ARC), c'est autour de la Coordination des Associations pour la Protection de l'Environnement (CAPE), de réagir, face à ce qui est qualifié de « nouvelle offensive sur la forêt de Canastel ». On y pointe du doigt « le silence des services de l'APC », ceux-là mêmes qui ont délivré en 2012, des permis de construire controversés, dans un terrain considéré comme faisant partie du patrimoine forestier de la ville, et qui, aujourd'hui, prêtent le flanc à tous les soupçons, en se gardant d'appliquer la loi, à savoir, mettre en demeure un chantier dont le permis de construire n'est plus valable, depuis, au moins une année. Mais cette passivité du secteur urbain ?El Manzah' (Canastel) n'est pas la seule, estime Hacene Bouridane, président de l'Association ARC, car il y a, également, le silence du maire de la ville, du chef daïra et des différents services de la wilaya. Seule réaction administrative à signaler, c'est celle de la Conservation des forêts, qui a signifié par écrit, son opposition catégorique, à toute délivrance de la part du secteur urbain El Manzah, de toute documentation au profit des occupants du site dit ?des 28 lots'. En d'autres termes, la conservation des Forêts est opposée à ce que les propriétaires de lots situés dans la forêt, disposent de nouveaux permis de construire.

Une position qui est, selon les défenseurs de la forêt de Canastel, certes, louable, mais qui reste, insuffisante, lorsqu'il s'agit d'une administration à laquelle le code forestier attribue un pouvoir de police judiciaire. Une position qui devient, carrément, « insignifiante », lorsqu'on sait que les travaux dans chantier incriminé, continuent de se dérouler, sans permis de construire et en toute impunité, dans un site qui, il n'y a pas longtemps, a bénéficié de financement public important pour le doter de clôture de protection. Après Sekrane Tahar, puis Abdelmalk Boudiaf, c'est autour aujourd'hui, de l'actuel wali d'Oran, M. Abdelghani Zaâlane, d'être saisi sur cette question. « Le wali d'Oran est, certes, au courant de l'affaire, mais je pense qu'il a été mal informé », a affirmé, à ce propos, M. Bouridane. Pour remédier à cette « désinformation », ajoute-t-il, « on compte rencontrer le chef de l'exécutif, pour lui expliquer, en détails, les tenants et aboutissants de cette affaire, notamment, la décision émanant du Conseil d'Etat, et la lecture biaisée qui en a été faite, par les promoteurs du projet.»

Pour les observateurs les plus avertis, « cette nouvelle offensive sur la forêt de Canastel, pour l'instant individuelle, vu qu'elle est l'œuvre d'un seul détenteur de permis de construire, vise, en réalité, à imposer la logique du fait accompli et constituer une sorte de jurisprudence, pour une pléiade de notables, agissant dans l'ombre, tous détenteurs d'actes de propriété, dans la forêt, pour bénéficier, plus tard, de ces fameux permis de construire et signer, définitivement, l'acte d'urbanisation de la forêt. Seul espoir qui reste, aujourd'hui, à l'échelle locale, c'est une intervention ferme et rigoureuse du wali d'Oran. A moins qu'il y ait une intervention des plus hautes instances du pays pour appliquer la loi et préserver cette seule forêt urbaine dont dispose la ville d'Oran.