La mauvaise qualité du lait est encore une fois dénoncée par les
consommateurs à Oran. Ces derniers jours, la couleur de certaines marques de
lait en sachet commercialisées vire vers le jaune et son odeur est très
mauvaise. Cette situation est due au non-respect des normes en matière de
dosage en poudre de lait. La majorité des fabricants du lait ne respectent pas
le dosage de la poudre. Il faut 110 g de poudre pour un litre de lait, alors
que le cahier des charges de l'Office national du lait (ONIL) exige un minimum
de 93 g. La qualité du lait en sachet est tellement médiocre que certains
ménages se tournent vers le lait en boîte qui coûte beaucoup plus cher, 100
dinars le litre, alors le sachet est cédée entre 25 et 30 dinars. D'autres
n'hésitent pas à acheter du lait de vache dont le prix varie entre 50 et 60
dinars, soit auprès des magasins spécialisés, soit directement auprès des éleveurs.
Cette pratique n'est pas sans risque puisqu'il s'agit du lait non pasteurisé.
Le lait non pasteurisé a depuis toujours été associé à de nombreuses maladies
graves, voire mortelles. Le lait cru (non pasteurisé), en raison de la présence
possible de bactéries, peut être à l'origine de plusieurs maladies, à leur tête
la brucellose et la fièvre maltaise. Les chiffres communiqués par l'inspection
vétérinaire de la wilaya d'Oran font état de 49 cas de brucellose décelés dans
256 exploitations à Es-Sénia, Gdyel, Boutlélis et Oued Tlélat. Ces cas ont été
décelés lors d'une opération de contrôle menée par l'inspection vétérinaire de
janvier à septembre derniers dans le cadre du programme de prévention du
cheptel contre la brucellose et la tuberculose. Pour parer à la propagation de
la maladie, il a été procédé à l'abattage de 44 têtes bovines. Quatre autres
sont en voie d'abattage, alors que la mort d'un seul bovin a été enregistrée.
La brucellose humaine, bien que devenue plus rare en Algérie depuis la mise en place
de mesures préventives et de programmes de lutte et de dépistage des maladies
du cheptel, a fait surface ces dernières années à Oran. Les magasins de vente
de lait de vache sont les premiers à être suspectés dans la prolifération de
cette maladie. La réglementation exige que le lait vendu soit pasteurisé,
toutefois, les magasins qui proposent du lait de vache cru poussent comme des
champignons à Oran et notamment dans les quartiers populaires. Encouragés par
les éleveurs qui, au lieu de remettre leur production aux unités de
transformation, proposent le lait directement aux vendeurs, ces derniers
écoulent leur marchandise sans aucun contrôle et sans se soucier de la santé du
consommateur. Divers types de bactéries que peut contenir le lait cru, comme la
salmonella et la listeria, sont associés à des maladies d'origine alimentaire.
Ces bactéries peuvent entraîner de graves problèmes de santé, comme de la
fièvre, des vomissements, de la diarrhée, une insuffisance rénale
potentiellement mortelle, des fausses couches, voire la mort. Les enfants, les
femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées sont
particulièrement à risque. La pasteurisation tue les organismes qui causent des
maladies tout en conservant les propriétés nutritives du lait. Cette pandémie
humaine se rencontre surtout dans les professions exposées mais peut également
frapper des citadins contaminés par voie digestive en consommant du lait ou des
produits laitiers infectés et non traités. La transmission à l'homme se fait
donc par contact direct avec les liquides organiques et les tissus d'animaux,
ou par les produits laitiers provenant d'animaux infectés.