Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Combats de rue

par Moncef Wafi

Après la montée au créneau de Ouyahia, c'est au tour de son pendant fléniste Saadani d'aller au charbon pour en découdre avec une opposition un peu trop bavarde à leur sens. Alors que cette dernière plaide pour l'ouverture d'un dialogue national, les deux porte-paroles, par défaut, d'El Mouradia appellent eux au combat de rue. Si Ouyahia s'en est pris directement à cette opposition et à la presse, coupables à ses yeux de tous les maux de l'Algérie, préférant l'immobilisme réducteur à une démocratie qui peut être remise en question devant les dangers qui guettent le pays, Saadani, lui, a choisi d'aller au clash en s'attaquant violemment et frontalement à la patronne du PT. Lui rappelant son inconsistance politique, il lui reproche notamment ses critiques contre Bouteflika.

Elle n'est pas la seule dans la ligne de mire du SG du FLN, Saadani se permettant même de donner des leçons à l'opposition sur la démocratie. Pourtant Louisa Hanoune n'est pas connue pour être foncièrement une adversaire de Bouteflika, le cautionnant à plusieurs reprises, elle est plutôt l'ennemie déclarée des «oligarques». A chaque occasion, elle critique ces affairistes qui ont lancé, selon elle, une OPA sur le gouvernement.

En la ciblant, Saadani défend indirectement ces nouveaux hommes d'affaires. Si les deux hommes sont coutumiers du fait, Saadani a franchi un pas de plus dans cette surenchère puisqu'il n'hésitera pas à menacer publiquement de représailles ceux qui ne cautionnent pas le régime actuel et ses décisions. «Nous répondrons aux dépassements par des dépassements», dira-t-il à l'occasion d'une rencontre avec ses cadres du Centre et de l'extrême Sud.

De ces dépassements dénoncés, on ne saura rien de leur qualité mais on devine aisément la nature des dépassements promis par le SG du FLN. Des menaces claires et une mise en garde qui rappellent la sortie médiatique de Ouyahia et qui s'inscrivent visiblement dans un cahier de charges auquel tous les commis d'Etat doivent souscrire. Le régime fragilisé sur le plan économique et qui doit faire face à une crise qu'il ne veut pas reconnaître officiellement, veut faire taire toutes les voix discordantes. L'Etat s'attaque, à travers ses gardiens du temple, à toutes les critiques sur la gestion des affaires et faire oublier l'absence physique du président de la République. Ses sorties conjuguées aux déclarations de Bouchouareb et aux décrets sur la généralisation de la surveillance sur Internet renseignent sur le mode défensif du régime qui veut se prémunir contre tout danger démocratique.