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La
révolte de la jeunesse palestinienne contre l'occupant sioniste qui sème le
désarroi et la peur panique en son sein a certes eu pour déclencheur les
provocations et profanations auxquelles s'adonnent sur l'esplanade de la
mosquée d'Al Aqsa des extrémistes religieux juifs et les forces de sécurité
israéliennes. Ce n'en est pas pour autant une révolte aux motivations
exclusivement religieuses.
La présenter comme telle revient à estimer fondée l'explication de la motivation religieuse qu'en donne la propagande sioniste dont le but est de tenter de créditer qu'elle est le fait d'agitateurs et d'activistes acquis au plan de déstabilisation de l'Etat d'Israël que rêvent de réaliser les islamistes palestiniens. Mais si l'opinion internationale n'est pas dupe de ce qu'en dit la propagande sioniste, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, en paraît lui avoir été convaincu puisqu'il a préconisé au Conseil de sécurité que pour faire cesser la flambée de violence qui a lieu en Palestine occupée et en Israël, l'essentiel est de traiter la question des Lieux saints. Il n'est pas pourtant sans savoir que dans le conflit israélo-palestinien le problème de fond qui conditionne tous ses autres aspects est celui de l'occupation et de la colonisation par l'Etat sioniste des territoires palestiniens. C'est ce fait qui nourrit et entretient la révolte des Palestiniens et il est vain d'en attendre qu'ils y mettront fin s'il leur est accordé un quelconque arrangement sur le statut juridique des Lieux saints. Même l'Autorité palestinienne que l'on sait perméable à des accommodements du genre estime que cette façon d'aborder le traitement du conflit palestino-israélien n'est plus envisageable et que la seule qui peut ramener le calme entre ses deux parties est qu'Israël mette fin à son occupation des territoires palestiniens et cesse l'extension de la colonisation juive en ces lieux. En focalisant sur le supposé caractère religieux de la motivation des jeunes révoltés palestiniens, Ban Ki-moon a sciemment ou inconsciemment fait sienne la présentation de leur révolte par l'Etat sioniste. Ce qui rend peu plausible qu'il puisse proposer une initiative onusienne qui ne se réduirait pas au seul objectif d'un retour au calme en Palestine mais laissant en suspens la question centrale du conflit qui est l'occupation. Il n'y a pas plus inacceptable violence que celle qui lui est consubstantielle. L'on a beau dénoncer comme « terroriste » celle dont les auteurs sont palestiniens, cela ne peut lui enlever sa légitimité car elle est fondée sur le droit de résistance qu'a tout peuple victime d'occupation et d'oppression. Qu'ils soient chrétiens ou musulmans, laïques ou religieux, les Palestiniens n'en peuvent plus du sort humiliant qui est le leur. Leur demander de ne pas verser dans la violence contre l'occupant qui le leur infliger en se fiant uniquement à l'espoir qu'il finira par changer à leur égard, c'est en fait exiger d'eux la soumission et l'acceptation du fait accompli. Ils ont paru s'être faits à cette raison tout au long qu'a duré le semblant de processus de paix auquel leurs dirigeants ont accepté de participer. Sauf qu'ils ont désormais conscience que ce processus n'a eu d'autre but que d'éroder sournoisement leurs capacités de révolte et de résistance, de semer les graines de la discorde dans leurs rangs. La révolte qu'ils ont déclenchée est un sursaut devenu prévisible face à l'arrogance et au mépris qu'ils endurent de la part d'un occupant ayant fini par se convaincre qu'il est parvenu à leur extirper le courage et la détermination de le combattre. Ils ont déjà gagné que l'ennemi sait qu'il vit sur un volcan et que la flambée de violence dont il est la cible n'est encore que la manifestation la moins brutale de son réveil. |
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