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Des milliers de
migrants affluaient dans les Balkans malgré des blocages à plusieurs frontières
lundi pour ralentir leur avancée, tandis que l'Allemagne mettait en garde
contre ceux "soufflant la haine" avant une manifestation du mouvement
islamophobe Pegida. Après la fermeture par la Hongrie de sa
frontière avec la Croatie, les migrants doivent désormais passer par la
Slovénie pour poursuivre leur périple. Or Ljubljana a fait savoir qu'elle
limiterait l'entrée de son territoire à 2.500 migrants par jour, moitié moins
que ce que demande Zagreb.
Lundi matin un millier de migrants étaient dès lors bloqués devant le territoire slovène. Même scénario à la frontière serbo-croate où des centaines de migrants attendaient d'entrer en Croatie dans le froid et la pluie. «Nous essayons de gérer les entrées de façon coordonnée pour éviter de déborder les capacités d'hébergement dont dispose la Slovénie (...) Nous donnons la priorité aux plus vulnérables», a expliqué Bojan Kitel, un porte-parole de la police slovène. Malgré ces goulots d'étranglement, quelque 10.000 migrants sont entrés entre samedi et dimanche soir en Macédoine depuis la Grèce pour rejoindre l'Europe occidentale. La grande majorité d'entre eux souhaitent aller en Autriche puis en Allemagne, pays qui fait figure de terre promise. La chancelière Angela Merkel a, malgré les critiques, à de nombreuses reprises défendu sa politique de la porte ouverte. Mais les autorités allemandes s'inquiètent de la montée de l'extrême droite, les violences se multipliant contre les foyers de réfugiés. Le pays est encore sous le choc de l'attaque samedi au couteau pour des motivations «racistes» contre Henriette Reker, élue dimanche maire de Cologne, ville où elle supervisait jusqu'alors l'accueil des réfugiés. Le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière a eu des mots très durs pour dénoncer Pegida, qui devait manifester à partir de 18H30 dans son fief de Dresde (Saxe, est) pour marquer son premier anniversaire. Depuis plusieurs semaines, ce mouvement islamophobe réunit, à la faveur de l'afflux de centaines de milliers de réfugiés en Allemagne, entre 7.000 et 9.000 personnes par semaine, et il espérait faire mieux lundi. «C'est maintenant clair : ceux qui organisent (le rassemblement) sont des extrémistes de droite durs», a martelé samedi M. de Maizière. «Restez à distance de ceux qui soufflent la haine sur le pays, ce poison!», a-t-il lancé. Lundi à Dresde, une contre-manifestation était aussi prévue dans la soirée avec pour mot d'ordre «du cœur plutôt que du harcèlement», alors que l'Allemagne a déjà accueilli plus d'un demi-million de personne depuis janvier, un chiffre qui pourrait doubler, selon certaines estimations, d'ici la fin 2015. Plusieurs pays européens, l'Autriche notamment, ont aussi vu divers mouvements populistes gagner en popularité. Dernière en date, et bien qu'épargnée jusqu'à présent par la crise migratoire, la Suisse qui a connu dimanche une poussée spectaculaire de la droite anti-immigration aux élections législatives, le parti UDC étant devenu la première formation du pays. L'Union européenne, confrontée à cette crise migratoire exceptionnelle avec notamment des centaines de milliers de Syriens, d'Afghans et d'Irakiens fuyant les conflits, ne parvient pas à coordonner sa réponse à ce défi. Elle reste divisée entre partisans d'une politique de la main tendue, l'Allemagne en tête, et ses détracteurs, au premier rang desquels la Hongrie. «NOUVELLE VAGUE» La chancelière allemande, toujours plus critiquée dans son pays pour avoir ouvert grand la porte aux réfugiés, a rencontré les dirigeants turcs dimanche pour négocier sur le «plan d'action» européen destiné à amener la Turquie à agir en amont sur le flux de migrants, notamment syriens, en les gardant sur son territoire. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a salué une «meilleure approche» de l'UE à l'égard de la Turquie, qui a accueilli deux millions de réfugiés fuyant la guerre en Syrie voisine, tout en jugeant que son pays avait été «laissé seul» jusqu'alors. «Le progrès constaté en matière de partage (de ce fardeau) est très important», a-t-il déclaré, l'UE proposant des soutiens financiers à la Turquie. Mais Mme Merkel et M. Davutoglu se sont aussi inquiétés d'une «nouvelle vague» de réfugiés syriens venant de la région d'Alep, à la frontière avec la Turquie, où les forces du régime syrien avancent. |
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