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Fouille au corps de Grine à l'aéroport d'Orly : L'ambassadeur français à Alger convoqué au MAE

par Moncef Wafi

L'ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, a été convoqué hier matin par le ministère des Affaires étrangères suite à la fouille au corps dont a fait l'objet, ce samedi à l'aéroport d'Orly, le ministre de la Communication, Hamid Grine. Début d'une brouille entre les deux pays ou simple rappel à l'ordre diplomatique, l'incident, qui n'est pas le premier du genre, aura certainement des lendemains.

Hamid Grine, en mission officielle en France, accompagné du chef du protocole de l'ambassade d'Algérie en France a été soumis, samedi soir, à l'aéroport d'Orly à une fouille au corps par la police française des frontières. Une pratique devenue courante avec le renforcement des mesures de sécurité dans les aéroports du monde où l'usage est d'enlever veste, chaussures et ceinture avant de passer au scanner. Malgré qu'il soit détenteur d'un passeport diplomatique et ses protestations, le ministre a dû se résoudre à se soumettre à la fouille d'usage. Il y a quelques jours, le ministre de l'Industrie et son collègue de l'Habitat Bouchouareb et Tebboune de retour de Chine, où ils ont accompagné une délégation du FCE, ont été soumis à la même épreuve.

En parallèle de la convocation du premier représentant de la France en Algérie pour explications, certaines informations rapportent que l'ambassadeur d'Algérie à Paris, Amar Bendjama, présentera officiellement aujourd'hui les protestations du gouvernement algérien. Les Algériens offusqués et excédés par la répétition de ce qu'ils qualifient de provocations, exigent la réciprocité du côté français puisqu'un ministre français qui débarque à Alger en mission officielle a droit à tous les honneurs. Même ceux en visite privée ont droit à un traitement privilégié. Au lieu d'attendre le droit de réciprocité des Français, mieux vaut leur rendre la pareille en soumettant les officiels français en visite de travail en Algérie à des fouilles au corps et au scannage de leurs bagages.

Ce n'est pas la première fois que le département des Affaires étrangères décide de convoquer un ambassadeur en poste à Alger puisqu'en août 2012, l'ambassadrice d'Allemagne avait été convoquée suite aux «mesures vexatoires prises à l'encontre de certains ressortissants algériens au niveau de l'aéroport de Frankfurt», avait alors annoncé le porte-parole du ministère. Trois mois plus tôt, le chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne en Algérie avait été convoqué par le ministère des Affaires étrangères et des explications lui ont été demandées suite aux informations faisant état de mauvais traitement infligé par les autorités de l'aéroport de Frankfurt à des ressortissants algériens. En mars 2014, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, avait été soumis à un contrôle policier lors d'un transit à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle. Suite aux réclamations marocaines, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a vite fait de présenter ses excuses à son homologue marocain. «Le ministre a immédiatement demandé aux service compétents du ministère de l'Intérieur et d'Aéroports de Paris que tout soit mis en œuvre pour faire respecter strictement dans les aéroports français les règles et usages diplomatiques s'appliquant aux ministres des Affaires étrangères comme aux chefs d'Etat et de gouvernement», avait indiqué le porte-parole du Quai d'Orsay.