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La
semaine dernière, Ahmed Ouyahia est tombé à bras raccourcis sur l'opposition et
les propositions ayant émané d'elle visant soit à la mise en place d'une
transition démocratique, soit à la convocation d'élections anticipées tant
législatives que présidentielles. L'exercice n'étant pas nouveau chez lui, la
charge qu'il a menée contre cette opposition et ses revendications n'a surpris
que par le ton menaçant des propos auxquels elle a donné lieu. Un ton qui est
l'indice chez cet inamovible dignitaire du régime que lui et l'ensemble du
sérail du pouvoir sont déstabilisés par la pugnacité avec laquelle les
anti-Bouteflika et son clan mènent campagne contre eux et ont fait avancer
l'idée que pour sauver l'Algérie il y a nécessité primordiale d'un changement
de régime et de gouvernants.
Bien qu'il n'a jamais épargné les adversaires du système, Ouyahia a cependant rarement usé à leur encontre de la menace comme il s'est laissé aller la semaine dernière. D'ordinaire il se montrait ironique et persiflant à son égard en la présentant comme inconsistante et prônant de brumeuses et inaudibles propositions de solution politique ou économique. S'il a durci le ton à son égard c'est que certainement elle est parvenue à semer l'inquiétude parmi le milieu dont il est l'un des porte-parole et l'un des bretteurs exercés. Ouyahia est bien placé pour s'apercevoir que le travail de sape que l'opposition a entrepris contre le régime ébranle celui-ci et qu'en se prenant durement à elle, il aurait une chance de dissiper la plus que méfiance dont il est l'objet de la part du clan présidentiel et qui est demeurée tout aussi forte malgré son apparent retour en grâce qu'ont semblé traduire sa nomination de ministre d'Etat, directeur du cabinet présidentiel et sa récupération du poste de secrétaire général du RND. En parfait connaisseur des mœurs du sérail, Ahmed Ouyahia sait qu'il lui faut dissiper la méfiance qu'il inspire dans l'entourage présidentiel, seule façon de conjurer la menace de la disgrâce qui plane sournoisement sur sa tête. Et comme tous ceux du sérail qui ont été ou sont confrontés à pareille situation, il a opté pour donner des gages de sa fidélité et de son inconditionnelle allégeance qu'il sait avoir été en des moments sujettes à doute voire même n'étant plus de mise chez lui. Il ne s'est pas fait violence en s'attaquant à l'opposition mais en rajoutant une teinte de menace dans sa diatribe contre elle, il s'est donné la posture d'une sentinelle vigilante du régime prête à en découdre avec ses détracteurs sans s'embarrasser que leur opposition ne déborde pas du cadre légal. Une posture dont il espère qu'elle lui vaudra d'être à nouveau considéré comme un féal sans tache, rôle que lui dispute hargneusement et non sans habileté tactique Amar Saadani qu'il a manifestement cherché à contrer sur son initiative de création d'un front intérieur de soutien au président Bouteflika, et cela en lui enlevant toute probabilité de rencontrer un écho favorable au sein de cette opposition qu'il a clouée au pilori de l'indignité et de la trahison nationale lors de sa sortie médiatique en marge de l'ouverture de la conférence nationale de la jeunesse du RND qui s'est tenue la semaine dernière. |
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