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Le «énième»
choc pétrolier remet au goût du jour les multiples appels des industriels et
associations professionnelles pour les facilitations que l'Etat doit consentir
aux producteurs-exportateurs. La conjoncture actuelle est ainsi très favorable
à la relance des exportations hors hydrocarbures, a affirmé hier mardi à la
radio nationale Ali Bey Nasri, président de l'association nationale des exportateurs
algériens. La tenue ce mercredi de la réunion de la tripartite à Biskra, un
bassin agro-industriel par excellence, d'autant que la région exporte son
produit phare, la datte, est une occasion pour les pouvoirs publics
d'accompagner les professionnels dans leur quête de marchés extérieurs,
relèvent les milieux industriels. «Il faut qu'on arrive à produire une économie
productive libérée de l'empreinte des hydrocarbures», estime le représentant de
l'association nationale des exportateurs. Celui-ci précise en outre que «nous
avons un certain nombre de filières à promouvoir», ajoutant qu'il y a un début
de prise de conscience de cet impératif par certains ministères qui ont mis en
place «un début d'actions, qui demandent à être traduites sur le terrain». Ali
Bey Naseri revient en fait sur les assises nationales de 2007 qui avaient
identifié un certain nombre de filières à mettre en valeur pour améliorer le
niveau des exportations algériennes, dont des produits dérivés d'hydrocarbures
et les différents types de gaz, ainsi que les produits plastiques, qui peuvent
assurer jusqu'à un milliard de dollars de recettes d'exportations hors
hydrocarbures. Pour cela, «il faut produire en utilisant les avantages
comparatifs de l'Algérie», relève-t-il. «Aller vers l'exportation, c'est être
compétitif d'abord chez soi, et augmenter la valeur ajoutée dans son propre
pays», préconise M. Nasri pour qui «il faut dès lors aller vers une industrie à
haute performance. Il y a des filières comme les mines, la mécanique, la chimie
et pharmacie, l'agro-industrie à développer», explique-t-il. Pour lui, ce sont
des filières «à valoriser et il faut aller vite. Car on exporte moins de trois
milliards de dollars par an». Selon le président de l'association nationale des
exportateurs algériens, le problème de la faiblesse des exportations
algériennes «est la façon dont on construit la décision économique chez nous.
Comment elle est produite, on n'en sait rien». En fait, estime-t-il, «le
problème est une question d'application sur le terrain des décisions prises au
niveau du gouvernement. Lors de la dernière tripartite, on a pris 44 décisions
d'amélioration de l'économie nationale. Quel est le nombre de ces décisions à
avoir été appliqué?» s'interroge-t-il, avant de préconiser de «prendre des
décisions audacieuses». Et d'affirmer que « le mal est dans la bureaucratie, la
lenteur administrative». En outre, les exportateurs ont besoin d'être
«sécurisés dans les financements, et il faut externaliser les banques. Cela n'a
pas été réalisé», déplore-t-il. «Actuellement, le climat est favorable pour la
relance des exportations avec les facilités douanières et bancaires promises»,
relève-t-il par ailleurs, décrivant un changement «de mentalités et de
comportements», mais cela ne l'a pas empêché de ?'dénoncer'' «l'instabilité de
la décision économique». «Il faut (donc) améliorer la compétitivité du pays
pour aller à l'exportation, relever le niveau de la valeur ajoutée», alors que
le partenariat avec des PME étrangères peut être commercial ou technologique
car, selon lui, «nous n'avons pas besoin de partenariat, mais juste faire venir
la technologie. Il faut que le partenaire étranger ramène la technologie, pas
les actions». D'autre part, il a également fustigé l'accord d'association avec
l'UE, estimant sa révision urgente, car c'est «une menace directe contre
l'économie nationale».
«Quand on a signé l'accord, ils étaient (à l'UE) 25, maintenant ils seront plus de 27 avec l'entrée prochaine de nouveaux membres», relève-t-il avant de prévenir qu'en 2020, «la menace sera importante. Car on détourne la compétitivité des entreprises algériennes, donc il faut que les importations de matière première ne soient pas imposées». Pour le président de l'association nationale des exportateurs algériens, «il n'y a pas de compétitivité avec la meilleure économie du monde». «On doit donc faire de notre compétitivité notre credo, libérer les investissements, savoir quels sont les métiers pour améliorer nos exportations vers l'Europe, mettre à niveau le contrôle des changes, un fonds pour incidence de change pour les opérateurs», préconise-t-il. Depuis pratiquement le milieu des années 1990, l'économie algérienne n'a jamais pu exporter plus de 3 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures en dépit des politiques publiques mises en place. Le bilan 2014 est édifiant : un peu plus de 2 milliards de dollars, avec une place prépondérante pour les engrais, un produit dérivé des hydrocarbures. |
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