Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Benflis persiste et signe sur la vacance du pouvoir

par Kharroubi Habib

Procédant à l'installation hier du secrétariat national du parti des « Avant-gardes pour les libertés », dont il préside aux destinées, l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis est revenu sur les récents changements opérés à la tête de la hiérarchie militaire et sécuritaire pour estimer que les présenter comme cela a été fait par le pouvoir « comme s'inscrivant dans le cadre de réformes politiques plus vastes » participe d'une véritable entreprise de mystification tant chacun sait que l'obsession du régime en ces moments n'est pas dans le changement mais dans la survie et qu'il n'a pas l'esprit aux réformes mais à la préservation du statu quo.

Contrairement à Mouloud Hamrouche qui a qualifié ces changements de « normaux et bons », le président du parti des « Avant-gardes pour les libertés » y voit une opération menée dans le cadre « d'une épuration politique », ce qui selon lui n'est pas le signe d'un pouvoir sûr de lui-même, confiant en ses capacités et n'ayant rien à craindre quant à ses choix et décisions mais bel et bien d'un pouvoir saisi de panique qui se raidit et perd son sang-froid.

Mais tout comme Mouloud Hamrouche, Ali Benflis estime que le pays vit une crise de régime. Crise dont le point nodal est selon lui la vacance du pouvoir car « elle prive le pays du chef et du centre de décision unique dont il a besoin ». Toujours selon le président du parti des « Avant-gardes pour les libertés », cette vacance « met les institutions et l'administration publique en situation de quasi-cessation d'activité et crée un vide que des forces extraconstitutionnelles s'empressent de combler en s'emparant du même coup du centre de la décision national qu'elles s'emploient à mettre au service d'intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général et de l'intérêt national lui-même ».

Cette vacance du pouvoir qu'il considère comme constituer le point nodal de la crise du régime, Benflis met en garde contre ses effets sur le pays depuis qu'il est revenu sur la scène politique et c'est pour qu'il puisse en être fermée la parenthèse qu'il a inscrit dans ses revendications politiques la priorité d'une élection présidentielle anticipée dont l'organisation, le suivi et le contrôle seraient confiés à une commission électorale nationale indépendante du pouvoir et de l'administration. Revendication que Mouloud Hamrouche a estimée pour sa part indue car ne favorisant pas la voie à un consensus national sur « un projet porté par les élites, soutenu par les citoyens » et auquel tous les constituants sociaux y seront associés.

En tout cas, Ali Benflis n'en démord pas sur la question de la vacance du pouvoir qui est pour lui une urgence à régler. Il en priorise d'autant le règlement qu'il appréhende, a-t-il déclaré, que la crise du régime et la crise économique graves que vit le pays le destinent à aller au devant de « sérieuses » incertitudes sociales. Appréhension qu'il sait partagée par tout le corps social algérien, y compris au sein de soutiens du régime qui ont pris conscience que le bateau Algérie est sans commandant inspirant confiance par ses capacités à en tenir le gouvernail dans la tempête qui se prépare.