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Oui pour le fond, non pour la forme

par Moncef Wafi

Après un silence énigmatique, Saadani est revenu à la une de l'actualité politique nationale en appelant les partis politiques, y compris de l'opposition, à former un front national pour soutenir le programme de Bouteflika. Si la réponse de l'opposition était prévisible, celle des petits partis gravitant autour du pouvoir n'ayant rien de surprenant, tout le monde attendait de voir comment Ouyahia allait réagir. On se rappelle qu'en juin dernier, et quelques jours après son retour aux affaires du RND, l'ancien chef du gouvernement proposait la création d'un pôle politique autour du président de la République. A travers cette proposition, Ouyahia n'inventait rien et se contentait de recycler cette vieille recette de soutien chère aux partis satellitaires. Le pôle du SG du RND, même s'il remettait en selle des sigles politiques sans aucune consistance que celle de soutenir le programme présidentiel, a été battu en brèche par les ambitions de leadership nourries par Saadani. Le patron du FLN avait exigé, pour l'adhésion de son parti à ce conglomérat partisan, qu'il en soit la locomotive. Il est allé jusqu'à proposer une autre enseigne que celle proposée par Ouyahia. Et cette enseigne, aujourd'hui, est ce fameux front proposé par Saadani. Pour ceux qui connaissent les ambitions de leadership de ce dernier, il ne pouvait être autrement. Pour Ouyahia, le parrain de l'initiative, la réponse à l'appel de Saadani ne pouvait pas être un non catégorique ni suspicieux, l'homme étant connu pour être un affidé d'El Mouradia. S'il affirme, dans le fond, que le RND va collaborer avec ceux qui partagent ses positions relatives au soutien de Bouteflika et à la défense des intérêts «supérieurs» du pays, il reste évasif sur la forme que prendra cette collaboration. Une organisation qui «mûrira avec le temps pour dégager une approche commune», estimera le RND, n'oubliant pas de rappeler que chaque parti avait fait une proposition allant dans ce sens, y compris le RND. Une pique en direction de Saadani qui avait refusé le pôle de Ouyahia. Ce non poli et diplomatique du SG du RND illustre bien les tiraillements entre différents acteurs de la politique algérienne. Alors qu'à la lumière des derniers événements survenus avec les mises à la retraite et autres arrestations ainsi que les dégâts collatéraux qu'ils ont engendrés, on pensait à juste titre à une cohésion en haut lieu mais cette discordance des voix entre les partis du pouvoir renseignent sur cette fragilité des équilibres qui risque à tout moment de rompre et précipiter le pays dans le gouffre.